Fabriquer un instrument virtuel : un guide pour l'échantillonnage
Fabrication d'un instrument virtuel : un guide pour l'échantillonnage
Les compositeurs de musique de films et de jeux vidéo d'aujourd'hui ont accès à des milliers d' instruments virtuels provenant de centaines d'éditeurs différents. L'offre est énorme et convient à la plupart des styles musicaux. Cependant, ce n'est pas si grand comparé à l'infinie variété d'instruments de musique acoustiques qui existent dans le monde. C'est pourquoi j'ai souvent dû fabriquer mes propres instruments virtuels pour reproduire le son d'instruments anciens, rares ou uniques.
Dans cet article, je vais détailler une méthode pour échantillonner un instrument de musique acoustique. Gardez à l'esprit que selon l'instrument et la qualité que vous souhaitez, l'échantillonnage nécessite un temps énorme. C'est pourquoi vous devriez commencer avec un instrument simple comme une percussion (évitez l'orgue d'église pour votre premier essai !)
Étape 1 : Définir l'enregistrement
Avant toute chose, il est important de définir vos objectifs : Quel instrument allez-vous sampler ? Pour quelle utilisation ? Dans quel espace acoustique ? Combien de temps ai-je pour enregistrer ? Dois-je faire appel à un musicien ?
Combien d'échantillons ?
Pour plus de réalisme, vous devez enregistrer la même note avec plusieurs niveaux de vélocité. Sur un piano par exemple, le timbre d'une note change en fonction de la vitesse à laquelle vous appuyez sur une touche. Deux notes jouées doucement ou fort ont des timbres et des harmoniques très différents.
Les instruments virtuels Pristine ont plusieurs niveaux de vélocité par note et parfois plusieurs sons différents joués séquentiellement ou aléatoirement pour la même vélocité. Ce processus, appelé round robin, ajoute beaucoup de réalisme. Il évite l'effet « mitrailleuse » lorsqu'un son est répété plusieurs fois à l'identique.
Pour obtenir le nombre total d'échantillons à enregistrer, vous pouvez utiliser la formule : nombre de notes × nombre de couches de vélocité × nombre de round robins. Plus vous enregistrez d'échantillons, meilleur sera le résultat, mais plus le travail d'enregistrement, de nettoyage et de programmation prendra du temps. Vous devez donc trouver un compromis en fonction du temps dont vous disposez et du résultat que vous visez. Pour commencer, je recommande environ 5 niveaux de vélocité et deux couches de round robin.
Pour cet article, je prendrai l'exemple d'un componium que j'ai samplé récemment. Cet instrument est une sorte de boîte à musique qui utilise une bande perforée au lieu d'un rouleau. Il peut donc jouer autant de chansons que vous le souhaitez. C'est un instrument à vibration libre (dont le son n'est pas maintenu) et il possède 30 notes différentes.
L'intérêt de sampler cet instrument est de s'affranchir de la préparation très longue et fastidieuse des rouleaux à musique, qui comprend l'impression et le perçage sur des feuilles de carton.
Sur cet instrument, chaque note a son propre caractère sonore et ses imperfections. Certaines notes résonnent plus que d'autres, l'accordage n'est pas parfait, etc. J'ai choisi de garder pour enregistrer chaque note trois fois, d'avoir trois couches de round robin. Par contre, les sons de cet instrument sont déclenchés mécaniquement, toujours avec la même force. Il n'est donc pas nécessaire d'enregistrer plusieurs couches de vélocité, ce qui réduit considérablement la quantité de travail. J'ai un total de 30 × 3 soit 90 notes à enregistrer.
Étape 2 : Enregistrement des échantillons
Avant toute chose, je recommande d'établir une check-list pour prévenir d'éventuels oublis. Il vous suffit de vérifier chaque bonne prise après l'avoir enregistrée. Voici un exemple avec 6 couches de vélocité, de pianissimo à fortissimo et deux couches de round robin.
Choix du micro
Vous pouvez utiliser plusieurs microphones pour avoir des possibilités de mixage à l'intérieur de l'instrument virtuel final. Avec les fichiers stéréo, vous pouvez soit faire une prise de son stéréo AB ou XY, utiliser un micro proche et un autre distant, ou encore utiliser un micro acoustique et un micro de contact.
Pour mon componium, j'ai choisi cette dernière option, j'ai décidé de l'enregistrer en mono avec un micro Brauner et d'ajouter un micro de contact pour obtenir plus de basses et de médiums. Cela donne plus de « chaleur » au son légèrement métallique de la boîte à musique. Dans l'instrument virtuel final, je pourrai régler librement les deux microphones pour ajuster le son. Je peux aussi spatialiser les notes pour recréer un effet stéréo.
Ensuite, j'ai installé mes micros comme pour une prise de son instrumentale classique. Je ne rentrerai pas dans les détails de la prise de son car il existe de nombreux articles et livres sur le sujet. Cependant, il faut noter que la qualité de l'enregistrement est extrêmement importante , plus que pour une prise de son musicale « standard ». Les échantillons doivent avoir le meilleur rapport signal/bruit. En effet lorsque plusieurs notes sont jouées simultanément dans le sampler, plusieurs samples se déclenchent, et leur bruit de fond s'ajoute. C'est très perceptible dans les longs sustains, comme c'est le cas ici.
J'utilise un enregistreur multipiste portable (Sound Devices) et je travaille en studio sans aucun autre appareil allumé. Je me débarrasse ainsi de tous les sons indésirables, comme les ventilateurs d'ordinateur, la ventilation, les transformateurs, etc. enregistrement.
Ensuite, j'enregistre chaque échantillon selon la liste. Il est important d'écouter le sustain de chaque note. En général, j'enregistre une prise supplémentaire pour chaque niveau de vélocité, par sécurité.
L'enregistrement d'échantillons est la phase la plus importante , car elle détermine le son de l'instrument virtuel. Le maître mot de cette étape est la patience. L'enregistrement peut être long, alors n'hésitez pas à faire des pauses !
Étape 3 : Édition
Une fois l'enregistrement terminé, vous devez couper, nettoyer et renommer chaque échantillon sonore.
Pour l'édition d'échantillons, j'utilise la station audio numérique Protools, mais vous pouvez utiliser n'importe quel DAW que vous voulez : Cubase, Live, Logic Pro, etc.
Le parage et les coupes des échantillons doivent être précis. Attention à ne pas laisser de silence au début du sample, car cela induirait une latence dans l'instrument virtuel final. Vous devez également faire attention à faire disparaître les échantillons afin de ne pas entendre de clics ou de discontinuité dans le bruit de fond.
Nommez ensuite chaque échantillon avec le nom de la note. Il sera reconnu automatiquement dans certains échantillonneurs. Le nom de la note doit être celui de la notation américaine : C, D, E, F, G, A, B suivi éventuellement d'un #. L'échantillonneur EXS24 de Logic ne reconnaît pas la dénomination b (pour flat). Préférez donc A# à Bb. Ajoutez le nombre correspondant à l'octave, par exemple C#4.
Une fois mes échantillons coupés et nommés, je les nettoie avec Izotope RX. Avec ce logiciel, vous pouvez réduire le bruit de fond et supprimer manuellement les interférences.
Étape 4 : Programmation
Cette étape est probablement la plus excitante car l'instrument virtuel prend vie.
Importez tous les sons dans un échantillonneur comme Kontakt ou Logic EXS24. Il existe plusieurs façons d'importer des sons. L'EXS24 détecte la hauteur en fonction du nom de la note. Vérifiez ensuite, à l'aide d'un clavier midi, que la note jouée correspond à la note entendue.
Attribuez ensuite à chaque note une plage de vélocité. Il existe 128 niveaux de vélocité en MIDI, de 0 à 127. 0 est la vélocité la plus basse (la touche est pressée très lentement) et 127 est la plus haute (la touche est pressée avec force). Si vous avez 6 niveaux de vélocité, vous devez diviser les niveaux de 0 à 127. Par exemple :
- 0 à 19 : pp
– 20 à 39 : p
– 40 à 59 : mp
- 60 à 79 : mf
– 80 à 99 : f
- 100 à 127 : ff
Ensuite, vous devez affecter chaque échantillon à un groupe correspondant à sa couche round robin. Cette étape est un peu longue à franchir, alors voici un guide vidéo :
Étape 5 : Réglage fin
Lorsque tous les sons sont programmés, vous pouvez commencer à tester l'instrument et effectuer quelques réglages tels que le volume et l'accordage des échantillons. Cela homogénéise le son global de l'instrument. Utilisez votre oreille, un peu comme un accordeur de piano. Voici quelques paramètres à vérifier :
– L'absence de trous (pas d'échantillon pour une note ou une plage de vélocité donnée).
– L'absence de redondances (plusieurs samples qui se déclenchent à l'appui d'une seule touche).
– La bonne répartition des couches de vitesse.
– L'homogénéité du volume sonore entre les différentes notes (pas de notes trop fortes ou trop faibles à vélocité égale). Par là, on peut jouer une séquence chromatique car ce paramètre est difficilement vérifiable avec un clavier. Veillez à respecter le son de l'instrument d'origine.
– L'accordage.
– La séquence de couches round robin.
– L'enveloppe sonore et le bouclage pour les échantillons non percussifs.
Enfin, voici une petite improvisation avec l'instrument virtuel final :
Pour toute question ou si vous avez besoin de moi pour échantillonner un instrument particulier, vous pouvez me contacter sur la page contact .
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