Beatmaking : Le guide pour se lancer dans le beatmaking
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Beatmaking : Le guide pour se lancer dans le beatmaking
Le guide pour se lancer dans le beatmaking
Tout ce qu'il faut savoir pour se lancer dans la production musicale, avec les conseils de Kezah !
Ăcrit par Shkyd
Temps de lecture estimé : 13 minutesPublié le
Il n’y a Ă©videmment pas d’autre rĂšgle dans le beatmaking que de crĂ©er pour se faire plaisir. Et ce n’est sans doute pas Kezah qui nous contredira Ă ce sujet. Ă mĂȘme pas 25 ans, le beatmaker Kezah affiche Ă son actif de nombreuses rĂ©ussites dans des styles trĂšs diffĂ©rents. Du banger sombre pour SCH au single mĂ©lodique pour 13 Block, en passant par un tube de l’Ă©tĂ© avec Freddy Gladieux, il est Ă l’image du beatmaking moderne : sans limites et sans calculs.
Il est loin le temps oĂč il fallait composer sur des sĂ©quenceurs lourds Ă partir d’Ă©chantillons rĂ©cupĂ©rĂ©s dans de vieux bacs Ă vinyles. Aujourd’hui, quelques clics mĂšnent Ă tout, on se fait une culture au grĂ© des recommandations YouTube, on perfectionne sa technique avec des tutoriels, et en quelques semaines on peut dĂ©jĂ composer des beats trĂšs convaincants dans un nouveau style en vogue. InvitĂ© Ă lancer la sĂ©rie Red Bull Studios Challenge sur Red Binks, Kezah s’est illustrĂ© en proposant des beats grime, trap, boom-bap, reggeaton et g-funk aux rappeurs Dinos, Tsew the Kid, Hornet la Frappe, Caballero & Infinit.
S'il n’y a pas de rĂšgles prĂ©-Ă©tablies pour crĂ©er, certaines astuces mĂšnent plus rapidement aux singles d’or. Le beatmaker Ă succĂšs sait ainsi garder ses yeux grands ouverts : un oeil dans le rĂ©troviseur pour savoir sur quelles cordes nostalgiques jouer, un oeil sur le prĂ©sent pour ne pas ĂȘtre trop dĂ©connectĂ© de la mode, et un oeil dans le futur, qui innove et devine les tendances.
Hier cachĂ©s dans la pĂ©nombre des studios et relĂ©guĂ©s aux notes de bas de pages des livrets CD, ils sont de plus en plus nombreux aujourd'hui Ă se distinguer, et Ă casser l’image du beatmaker geek discret. ChaĂźne YouTube, crĂ©ation de drum kit, nombreux formats mĂ©diatiques : les beatmakers d’aujourd’hui sont bien plus que des musiciens douĂ©s avec leur ordinateur. Et certains d'entre eux parviennent de plus en plus Ă se faire un nom sans ĂȘtre forcĂ©ment associĂ© Ă un rappeur.
Alors, vous voulez vous lancer et vous vous demandez quel chemin emprunter ?
Voici 10 recommandations à suivre, dans ce guide du jeune beatmaker des années 2020.
1. Trouve ton logiciel
Trouver son logiciel, c’est le dĂ©but de la crĂ©ation. Comme un pilote de Formule 1, il faut trouver le vĂ©hicule dans lequel on est le plus Ă l’aise avant de se lancer dans les tours de piste. Et ils sont nombreux sur le marchĂ© : FL Studio, Logic Pro, Ableton, Cubase, Pro Tools… Chacun avec leurs spĂ©cificitĂ©s, leurs designs, et une histoire qui les distingue. Tous les programmes sont faits pour que n’importe quelle musique puisse y ĂȘtre crĂ©Ă©e. Certains trouveront que le systĂšme d’automation d’Ableton est plus prĂ©cis pour paramĂ©trer ses effets, que le piano roll de FL Studio permet de rĂ©aliser de meilleurs drums, ou que l’interface audio est la plus adaptĂ©e pour enregistrer des guitares sur Pro Tools. Si chaque programme a sa logique, ils peuvent parfois se complĂ©ter.
La plupart de ces programmes sont accessibles en démo, ce qui permet de tous les essayer avant de se projeter. Pour apprendre, si on n'a pas déjà un pote beatmaker pour nous coacher, des vidéos tutoriels sont réalisées par les professionnels qui vendent les logiciels, ainsi que par des utilisateurs généreux sur YouTube.
Pour devenir fort, il faudra s’entraĂźner et crĂ©er pendant de longues heures. Gare Ă bien choisir donc le programme sur lequel on va regarder les rectangles bouger. Au delĂ de la crĂ©ation, possĂ©der un logiciel est essentiel dans la chaine de fabrication d'un morceau professionnelle : le beatmaker doit ĂȘtre en capacitĂ© de « bouncer » ses pistes, c’est-Ă -dire les isoler en fichiers sĂ©parĂ©s qui peuvent ĂȘtre transmis Ă l’ingĂ©nieur du son chargĂ© de mixer le titre.
Le Pro Tip de Kezah
Pour trouver son logiciel, il faut tous les essayer. Mon premier, c’Ă©tait celui que Stromae montrait dans ses vidĂ©os de beatmaking, qui Ă©tait Reason Ă l’Ă©poque. Je l’avais essayĂ© en version dĂ©mo, et j’ai trĂšs vite lĂąchĂ© parce que je n’aimais pas du tout. AprĂšs, j’ai testĂ© Logic Pro X, mais je ne le trouvais pas assez puissant. Et aujourd’hui, je suis sur Ableton. J’ai jamais trop kiffĂ© l’interface de FL Studio. EsthĂ©tiquement, c’est important de bosser sur un logiciel qui te plait !Kezah
2. MaĂźtrise tes styles
Dans la production rap, la mode change tous les 6 mois. Les productions ambiance latino n’ont pas eu le temps de se reposer qu’il Ă©tait dĂ©jĂ temps de maĂźtriser celles de la UK Drill, et avant mĂȘme la fin de cette phrase, il est tout Ă fait possible qu’un tout nouveau genre se soit imposĂ©. Ătre un bon beatmaker, c’est ĂȘtre capable de bien sentir, en technique et en vision artistique, comment sonne l’actualitĂ©. Pour ce faire, il faut rester Ă l’Ă©coute, des goĂ»ts du public comme des goĂ»ts des artistes.
Les diffĂ©rentes spĂ©cificitĂ©s culturelles qui font l’identitĂ© de chaque genre permettent d’inlassablement s’amĂ©liorer. Les caisses claire reggeaton ne sont pas celles qui fonctionneront sur un instrumental trap, de mĂȘme qu’on ne risque pas de dĂ©sirer une ambiance rythmique de boom-bap new-yorkaise sur une mĂ©lodie minimaliste de shatta. Le diable est dans les dĂ©tails, et en Ă©tant sensible aux singularitĂ©s de chaque style, on augmente ses chances d’ĂȘtre entendu par les artistes avec lesquels on souhaite collaborer, et avec le public qu’on souhaite atteindre.
Le Pro Tip de Kezah
La musique ça avance, si tu restes en 2014, ça va pas le faire trĂšs longtemps. On a eu une vibe un peu Lex Luger hyper trap. Aujourd’hui, c’est la drill, et on en est qu’au dĂ©but. Il y a eu une pĂ©riode afro qui est en train de se calmer… Par curiositĂ©, et pour acquĂ©rir de la technique, c’est cool au moins d’essayer plein de trucs. Ăa te permet d’ĂȘtre bon, de choper des skills dans chaque style que tu peux ensuite rĂ©-utiliser dans le tien, pour dĂ©velopper ta propre touch.Kezah
3. Apprends Ă copier, apprends Ă innover
La copie et une part indĂ©niable du travail des artistes et on ne va pas vous ressortir cette citation attribuĂ©e Ă Picasso disant que les meilleurs artistes sont les meilleurs voleurs. Au dĂ©but de sa carriĂšre, Kanye West a obsessivement cherchĂ© Ă copier les batteries du « Xxxplosive » de Dr. Dre. C’est en cherchant Ă s’inspirer qu’on peut commencer Ă dĂ©velopper son propre style.
Dans le courant des annĂ©es 2010 s’est popularisĂ© un pan trĂšs important de la production mondiale : la commercialisation des type beats. Les rappeurs recherchant souvent un morceau « Ă la façon de », les beatmakers se sont adaptĂ©s en proposant des productions imitant le style dĂ©sirĂ© pouvant ĂȘtre louĂ©es ou achetĂ©es partout dans le monde. C’est en Ă©tant capable de jouer les accords que tout le monde souhaite avec les rythmes que tout le monde connait qu’on apprend le mieux Ă adapter son offre Ă la demande. Si la copie est plus aisĂ©e, il faut mettre l'expĂ©rience technique qu'elle procure Ă profit de son propre style pour se distinguer. Les meilleurs beatmakers sont ceux qui donnent le rythme et lancent leurs propres tendances sonores.
Le Pro Tip de Kezah
Tu peux prendre des libertĂ©s, mais pour placer une instru auprĂšs d'un artiste, tu dois quand mĂȘme coller Ă une certaine tendance actuelle. Il y a beaucoup de diffĂ©rences entre un mec qui veut placer par email et des mecs qui vont placer en studio. Par email, si ça se trouve, l’artiste il Ă©coute ta prod pendant qu’il fait autre chose. Il sera moins dans la vibe que s’il Ă©tait en studio et que vous Ă©tiez en train de tripper Ă deux sur une instru un peu chelou. Il faut pas perdre de vue les notions d’offre et de demande.Kezah
4. Trouve tes collaborateurs
Il peut ĂȘtre tentant de flatter son Ă©go en Ă©tant le seul crĂ©ateur derriĂšre une oeuvre. Mais en rĂ©alitĂ©, on peut sortir grandi d’avoir travaillĂ© avec des collaborateurs. Les listes de crĂ©dits des compositions de la dĂ©cennie qui vient de passer n’ont cessĂ© de s’allonger. Parce que les compositeurs ont compris qu’ils pouvaient aller plus vite en multipliant leurs forces. L’un peut proposer les drums, l’autre ajoutera des mĂ©lodies, et un dernier viendra mener le track au bout en rĂ©alisant des arrangements. Avoir la gourmandise d’ĂȘtre seul compositeur d’un track est un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre.
Au cours d’une Masterclass rĂ©alisĂ©e en 2019, le compositeur Le Motif rĂ©sumait cet Ă©tat d’esprit qu’il a contribuĂ© Ă populariser avec son collectif Le Sommet Ă l'aide d'une mĂ©taphore inspirĂ©e : « 100% d’un raisin, c’est toujours moins que 10% d’une pastĂšque ». L’union fait la force, et collaborer permet de multiplier les opportunitĂ©s de placer et de rester crĂ©atif. Il y a quelques annĂ©es, les forums pouvaient servir de point de connexion, aujourd’hui, c’est plutĂŽt sur Discord qu’on se retrouve pour partager ses loops, tips et qu’on co-crĂ©e. Les beatmakers peuvent ainsi moins dĂ©pendre d’un Ă©ventuel besoin d’ĂȘtre associĂ© en binĂŽme avec un rappeur. Ăa peut toujours ĂȘtre une force (on pense Ă©videmment Ă Vald & Seezy, Josman & Eazy Dew ou SCH & Katrina Squad), mais mĂȘme Michael Jackson n’a pas rĂ©alisĂ© tous ses albums avec Quincy Jones !
Le Pro Tip de Kezah
T’apprends beaucoup des autres en collaborant. Pour se dĂ©velopper en technique c’est cool, et c’est intĂ©ressant pour placer. Par exemple, sur le projet d’Isha, j’ai fait un track, “Coco”, avec Sam Tiba. Sam est arrivĂ© avec les mĂ©lodies, j’ai fait drums et structures. La prod dormait sur l’ordi, et Sam l’a envoyĂ©e Ă Isha. VoilĂ , ça me fait un placement, alors que j’ai “rien fait”. Ton collaborateur aura toujours des contacts que tu n’as pas. Il permet d’ajouter une branche Ă ton arbre. Tu plantes une graine avec ta musique, et au fur et Ă mesure de ta carriĂšre certaines poussent, certaines tombent.Kezah
5. Crées tes loops
Atomiser, c’est diviser un corps en particules trĂšs fines. Et produire en 2020, c’est atomiser. Un beat, peut ĂȘtre divisĂ© en loops mĂ©lodiques ou rythmiques qui peuvent ĂȘtre utilisĂ©es par d’autres beatmakers, en Ă©tant par exemple vendues sur Beatstars. Le syndrome de la page blanche n’existe plus dans ce mĂ©tier : tout un tas de loops sont accessibles pour dĂ©clencher le processus crĂ©atif. Et c’est prĂ©cisĂ©ment en ce sens que certains sites favorisent le partage d’Ă©lĂ©ments Ă rĂ©-utiliser, comme Splice ou Looperman. C’est en allant piocher dans des banques de sons de guitare que la boucle qui sert de base au morceau « Au DD » de PNL a Ă©tĂ© trouvĂ©e.
Les samples des bacs Ă disques d’hier sont les pĂ©pites Ă trouver dans des packs crĂ©Ă©s par des compositeurs modernes du monde entier. Ainsi, une seule production peut avoir des dizaines de vie. Elle peut bien entendu servir de place instrumentale pour un rappeur. Mais elle peut aussi exister en instrumentale seule, synchronisĂ©e sur une publicitĂ© ou un film. En format rĂ©duit, elle peut devenir les 10 secondes nĂ©cessaires pour habiller le gĂ©nĂ©rique d’une Ă©mission. En pistes sĂ©parĂ©es, les batteries ou les mĂ©lodies peuvent exister Ă part dans un kit qui sera rĂ©utilisĂ© par un autre beatmaker. Les solutions Ă la crise Ă©cologique sont dans cette nouvelle approche du beatmaking : tout se recycle.
Le Pro Tip de Kezah
Les prods peuvent avoir plusieurs vies. Celles que j’ai faites pour l’habillage de la sĂ©rie de vidĂ©os Red Bull Studios Challenge sur Red Binks sont maintenant rĂ©-utilisĂ©es pour d’autres Ă©pisodes que les miens. L'instru de « Petit coeur » de 13 Block m’avait Ă©tĂ© demandĂ©e par OKLM pour habiller un reportage Ă We Love Green. Les instrus vivent plus longtemps et sous diffĂ©rentes formes que les morceaux.Kezah
6. SĂ©lectionne les meilleurs plug-ins
C’est bien beau de parler de collaboration et de styles de musique, mais Ă partir de quoi on le crĂ©e, notre son ? Pour crĂ©er de la musique sur son ordinateur, on peut se servir de sources sonores audio, comme un enregistrement de guitare ou de piano. On peut aussi surtout se servir d’instruments virtuels, de VST, et de plug-ins, pour crĂ©er et traiter le son. De nombreuses compagnies se spĂ©cialisent dans la rĂ©alisation d’outils Ă rĂ©-utiliser dans ses propres crĂ©ations. Un beatmaker a besoin d’une variĂ©tĂ© de sons pour se rendre efficace ou pour se distinguer.
Kit de drums, Ă©mulations de synthĂ©s analogiques, VST Ă©lectroniques, gĂ©nĂ©rateurs de glitch… C’est armĂ© des meilleurs sons qu’on peut crĂ©er les meilleurs beats. De nombreuses chaĂźnes de tutoriels ainsi que des sites spĂ©cialisĂ©s aident Ă tenir au courant des derniĂšres sorties et des spĂ©cificitĂ©s. C’est en voyant quelqu’un expliquer qu’il a mis tel effet sur son master qu’on commence Ă connaĂźtre des marques, suivre ce qu’elles produisent, pour ensuite soi-mĂȘme investir pour rendre son son meilleur.
Le Pro Tip de Kezah
Pour moi, le game changer ça a Ă©tĂ© les plug-ins. Au dĂ©but, tu commences avec les sons de base, et un jour tu dĂ©couvres une vidĂ©o YouTube qui parle d’OmnisphĂšre et tu sais pas ce que c’est, tu le vois appuyer sur une touche et tu te dis “ah ok!”. AprĂšs tu fais ta premiĂšre prod avec un VST et tu comprends la diffĂ©rence.Kezah
7. Pense Ă la place de l’interprĂšte
Il y a deux types de compositions. Celles qui sont purement instrumentales, et qui trouvent leur public, par exemple sur les compilations de lo-fi qui permettent d’entendre exclusivement des morceaux sans voix. Ces compositions peuvent ĂȘtre assez riches, remplies de variations dans leurs structures. Il y a aussi celles qui sont pensĂ©es pour qu’un interprĂšte viennent les habiter. Et si l'on veut que quelqu’un vienne poser sur sa prod, il y a certains codes Ă respecter.
Un rappeur peut aller jusqu'Ă Ă©couter des centaines de prods. Pour rĂ©ussir Ă l’atteindre, il faut penser aux types de mĂ©lodies qui ont l’habitude de lui plaire, aux types de rythmes sur lesquels il est le plus Ă l’aise, Ă la vitesse du tempo ou Ă la tonalitĂ© sur laquelle il peut ĂȘtre le plus percutant. Produire, c’est parfois rĂ©duire. La musique est un jeu de questions et de rĂ©ponses, de bruits et de silences, il faut songer Ă laisser de la place Ă l’artiste pour qu’il puisse s’amuser et remplir les vides qui auront Ă©tĂ© laissĂ©s sur la prod. Pour placer une de ses prods, il faut laisser au rappeur la chance de trouver sa place.
Le Pro Tip de Kezah
Si tu veux que quelqu’un pose sur ta prod, t’as quand mĂȘme des codes Ă respecter. Que ce soit en structure, surtout, pour que ce ne soit pas trop bizarre : couplet de 2 mesures, prĂ©-refrain de 8, refrain de 3… ça n’aurait aucun sens. Tu dois te limiter dans les structures, pas trop charger l'instru : tu peux toujours rajouter tes arrangements plus tard, une fois que la voix est posĂ©e.Kezah
8. DĂ©veloppe ton image
Nombreux sont les moyens de rendre son profil identifiable et attirant. Des tags en dĂ©but de production, des drum kits personnalisĂ©s, des podcasts, des interview, des formats de dĂ©cryptage, des challenge, des tutoriels… La musique n’est pas la seule des voix des compositeurs qui dĂ©sirent se faire entendre. Pour dĂ©velopper son image, il faut insister sur sa particularitĂ© et sa valeur ajoutĂ©e. On peut faire dans la pĂ©dagogie et expliquer son processus aux autres comme le fait Ysos, ou se crĂ©er un personnage Ă part entiĂšre comme celui de Vladimir Cauchemar.
Les rĂ©seaux sociaux offrent de nombreuses opportunitĂ©s pour communiquer et se distinguer, Instagram comme YouTube sont des terrains idĂ©aux pour mettre en avant son univers, et partager un peu plus que simplement des fichiers .mp3. De lĂ Ă se lancer dans l’aventure d’un projet entier, il n’y a qu’un pas. DJ Weedim, Twinsmatic ou Myth Syzer : ils ont Ă©tĂ© nombreux Ă dĂ©cider de ne pas avoir Ă attendre la sortie d’un album d’un rappeur pour faire vivre leurs productions, en misant sur directement sur leur nom pour attiser la curiositĂ© des auditeurs.
Le Pro Tip de Kezah
DĂ©velopper son image, aujourd’hui, c’est obligĂ©. Tout dĂ©pend de jusqu’oĂč tu veux aller. Si tu veux prendre une place prĂ©pondĂ©rante, t’es obligĂ© d’avoir un nom. Junior A La Prod, c’est un bon exemple, avec son tag qui lui a permis d’ĂȘtre beaucoup identifiĂ©. Si tu veux pas faire connaĂźtre ta tĂȘte, t’es au moins obligĂ© de faire connaĂźtre ton nom. C’est ce qui va te rapporter du travail, en rĂ©alitĂ©.Kezah
9. Sois plus qu’un simple beatmaker
Le travail du beatmaker ne s’arrĂȘte pas nĂ©cessairement une fois que la production est terminĂ©e et envoyĂ©e par email. C’est tentant de pouvoir donner son avis sur la direction artistique ou la structure d’un morceau. Si le travail en studio est parfois devenu plus rare puisque les bedroom producers ont pu profiter d’un accĂšs de plus en plus facile et de moins en moins couteux du matĂ©riel de production musicale, la crĂ©ation Ă plusieurs reste un moyen unique de faire naĂźtre de belles oeuvres. Et aussi, de dĂ©passer ses fonctions de compositeur. Devenir topliner en proposant des idĂ©es de mĂ©lodies vocales pour faciliter le travail de l’artiste, proposer d’ajouter un prĂ©-refrain… En studio, les artistes peuvent avoir tendance Ă ĂȘtre plus ouverts aux propositions, et plus susceptibles de se dire « pourquoi pas ? ». Sortir de sa fonction de compositeur, c’est aussi rendre son profil encore plus indispensable. Bien communiquer, savoir se vendre, envoyer son travail aux bonnes personnes : c’est en rencontrant des gens qu’on noue de nouveaux contacts et qu'on multiplie les opportunitĂ©s.
Le Pro Tip de Kezah
Quand tu es en studio avec l’artiste, tu dĂ©passes ta fonction de beatmaker, parce que forcĂ©ment Ă un moment tu vas dire « ce passage lĂ je le verrai plus de le prĂ©-refrain, parce que »... C’est un mĂ©tier ça, ça s'appelle la rĂ©alisation. Comme les topliners, qui trouvent des mĂ©lodies vocales. Je pense que c’est bien d’avoir plusieurs casquettes.Kezah
10. Soigne ton entourage
Il y a Ă©normĂ©ment de tutoriels pour apprendre Ă ĂȘtre un beatmaker, au sens artistique et technique du terme. Par contre, trĂšs peu sur le pendant administratif et organisationnel. Le mĂ©tier de musicien n’est pas toujours trĂšs clair. Traditionnellement, le partage des droits d’auteurs sur un titre s’effectue entre le compositeur (qui a composĂ© la musique), l’auteur (qui a Ă©crit les paroles), l'interprĂšte (qui chante ou rappe sur le morceau) et l’Ă©diteur (qui est en charge de la publication et de la promotion du titre). Plusieurs personnes peuvent donc ĂȘtre crĂ©ditĂ©s sur un mĂȘme morceau et les pourcentages attribuĂ©s Ă chacun varient en fonction des usages et des nĂ©gociations. Streaming, ventes d’albums, concerts… Une seule chanson peut vivre de nombreuses vies. Cela implique de nombreuses notions juridiques complexes et parfois difficiles Ă digĂ©rer.
Il existe de nombreux organismes et groupements en France comme la SACEM qui rĂ©colte et distribue les droits d’auteurs pour ses adhĂ©rents (l’inscription coĂ»te 154 euros) ou l’ADAMI qui rĂ©colte et distribue les droits des interprĂštes adhĂ©rents (l’inscription coĂ»te 15 euros)… La liste de ces diffĂ©rentes entitĂ©s et leurs spĂ©cificitĂ©s peut s'avĂ©rer longue et fastidieuse. On peut s’entourer de nombreux profils pour faire face aux questions que cette industrie pose (avocats, apporteurs d’affaires, gestionnaires administratifs, managers)… Il n’existe pas vraiment de syndicat des beatmakers (pour le moment). Mais la GAM, groupement d’artistes menĂ© par Suzanne Combo, Issam Krimi et Antoine GuĂ©na, veille Ă la dĂ©fense des droits des artistes. Il ne faut pas hĂ©siter Ă poser des questions, se faire conseiller, et toujours faire relire ses contrats par personnes avec des compĂ©tences juridiques.
Le Pro Tip de Kezah
Malheureusement, c’est en se faisant avoir qu’on apprend. C’est important d’y penser dĂšs le dĂ©but, mais ça reste un apprentissage. Et le meilleur apprentissage, ça va ĂȘtre le terrain. Aujourd’hui, je n’ai ni manager, ni Ă©diteur. En tant que compositeur, il faut bien lire entre les lignes, et faire attention. La meilleure solution est d’aller se pencher sur ces sujets soi-mĂȘme.Kezah
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