La Synchro, comment ça marche ?
La Synchro, comment ça marche ?
1 nouveau messageLa synchro (ou synchronisation), c’est le placement d’un contenu musical sur un contenu audiovisuel; ce contenu audiovisuel pouvant ĂȘtre une fiction, un film, une sĂ©rie tĂ©lĂ©, de la publicitĂ© (web ou tĂ©lĂ©) ou encore un documentaire.
En radio, c’est diffĂ©rent, on paie un “fee“ qui s’apparente Ă de la synchro (car on associe quand mĂȘme une marque Ă une musique) mais il n’y a pas d’image, bien entendu; par ailleurs, les musiques d’attentes tĂ©lĂ©phoniques ne sont pas gĂ©rĂ©es en direct par les producteurs mais par la SCPP et la SACEM.
Le cas type d’une synchronisation (placement de musique Ă l’image), c’est un annonceur, un client, une marque, une production de film ou de sĂ©rie, qui va entrer en contact avec l’auteur-compositeur et/ou l’Ă©diteur (toute la chaine de droits) pour utiliser sa musique sur une image; et pour cela, il va devoir payer, rĂ©munĂ©rer cette utilisation.
PrĂ©cision importante: en tant qu’auteur-compositeur et membre SACEM, vous avez signĂ© les statuts de la SACEM et l’avez donc mandatĂ©e pour collecter vos DRM et vos DEP; Ă partir de ce moment lĂ , vous en ĂȘtes dessaisis. C’est pour cela que, et c’est intĂ©ressant de le comprendre juridiquement, une radio qui passe un de vos titres, par exemple, n’est pas obligĂ©e de vous contacter pour vous demander le droit de passer ce titre, parce que vous avez donnĂ© ce droit Ă la SACEM, pour vous, d’autoriser, de façon “a priori” et gĂ©nĂ©rale, tous les diffuseurs Ă diffuser votre musique. C’est pour cela que l’on ne vous demandera jamais votre avis si quelqu’un fait un concert et joue l’une de vos oeuvres par exemple; sinon, il faut bien comprendre que ce serait une situation ingĂ©rable, c’est Ă cela que sert la collective.
En revanche, ce que vous n’avez pas cĂ©dĂ© Ă la SACEM, c’est le droit d’adaptation de vos oeuvres, c’est quelque chose que vous conservez, vous et votre Ă©diteur (Ă©galement membre SACEM); car comme vous, l’Ă©diteur a cĂ©dĂ© la collecte de ses DEP et DRM Ă la SACEM mais conserve ce droit d’adaptation audiovisuelle. La jurisprudence estime que la synchro, c’est une adaptation de l’oeuvre; autrement dit, on estime qu’associer une musique Ă un contenu publicitaire (ou un contenu audiovisuel quel qu’il soit), c’est une adaptation de votre oeuvre et c’est la raison pour laquelle la SACEM (tout particuliĂšrement, car dans certains pays ce n’est pas forcĂ©ment le cas) ne peut pas dealer pour vous une utilisation sur un film (ce qui est le cas au Canada par exemple, en option).
Et il est important de souligner que c’est aussi le mĂ©tier d’Ă©diteur que de nĂ©gocier les prix, lĂ oĂč, la gestion collective, avec un guichet unique, pourrait ne pas gĂ©rer les nĂ©gociations de façon avantageuse pour l’auteur-compositeur; c’est la raison pour laquelle, en matiĂšre de synchro, tout revient dans les mains des ayants-droits et on ne parle plus de SACEM parce que c’est de l’adaptation.
Par ailleurs, lorsque vous faites une synchronisation et que vous mettez une musique sur une image, vous utilisez simultanĂ©ment le droit master et le droit Ă©ditorial, les deux types de chaĂźnes (que nous avons vues prĂ©cĂ©demment) vont donc ĂȘtre rĂ©munĂ©rĂ©es. C’est pour cela que, en matiĂšre de synchro, on parle toujours de 2 fois xxx euros (toujours deux fois le mĂȘme montant).
Par exemple, pour une synchro dont le budget est de 10.000 euros, il va se diviser en 5000 euros pour la part master + 5000 euros pour la part publishing. Les 5000 euros de la part master vont ĂȘtre facturĂ©s et encaissĂ©s par le producteur qui va ensuite reverser une partie Ă son artiste (en vertu du contrat d’artiste signĂ© entre eux). Le “flat fee” de 5000 euros pour la part publishing va ĂȘtre encaissĂ© par l’Ă©diteur et reversĂ© Ă l’auteur-compositeur selon les termes du contrat d’Ă©dition signĂ© entre eux. Bien entendu, si la personne est Ă la fois l’artiste et l’auteur-compositeur, il va recevoir 2 fois une somme en application de deux contrats diffĂ©rents (contrat d’artiste et contrat d’Ă©dition). Et si la personne est aussi producteur, alors absolument tout revient Ă la mĂȘme personne.
Attention, notez bien que, Ă tout cela, s’ajoutent Ă©videmment les droits d’auteur gĂ©nĂ©rĂ©s par la diffusion et qui peuvent ĂȘtre importants si le plan mĂ©dia est trĂšs dĂ©veloppĂ©; malheureusement, ils peuvent aussi ĂȘtre proches de zĂ©ro (notamment pour les pubs sur le web). Autrement dit, en matiĂšre de publicitĂ© ou de film tĂ©lĂ©, vous allez donc devoir nĂ©gocier, dans un premier temps, un forfait pour le droit d’adaptation de synchro. Ensuite, dans un second temps, le film ou la publicitĂ© vont ĂȘtre diffusĂ©s en tĂ©lĂ© et il faut savoir que toutes les chaĂźnes tĂ©lĂ© (et radio) paient des forfaits annuels Ă la SACEM; ce sont des calculs assez complexes mais ce sont des montants trĂšs importants que la SACEM va ensuite subdiviser en fonction du nombre de passages, de cases horaires, etc. Si la campagne tĂ©lĂ© est multi diffusĂ©e (sur TF1, par exemple) cela va rentrer dans ces sommes globales de diffusion et peut reprĂ©senter un certain montant en droits d’auteur pour l’auteur-compositeur et/ou l’Ă©diteur.
Pour rĂ©sumer, en matiĂšre de synchro, Il y a donc deux rĂ©munĂ©rations: le “flat fee” (2 fois xxx euros) et ensuite les droits gĂ©nĂ©rĂ©s par les diffusions. Attention, on vend le droit d’adapter sa musique sur une image mais pas ses droits d’auteur (incessibles), la SACEM rĂ©colte donc ensuite pour la diffusion de votre musique en tĂ©lĂ©. En web, c’est quasiment nul pour le moment; quand vous faites une pub pour le web et que vous vendez vos droits d’adaptation, il y a bien de la diffusion et c’est, en apparence, le mĂȘme systĂšme que pour la tĂ©lĂ©. Sauf que, dans les faits, cela ne fonctionne pas trĂšs bien; les accords entre YouTube et la SACEM ne permettent, Ă l’heure actuelle, que de gĂ©nĂ©rer des centimes d’euros. Donc si on veut ĂȘtre rĂ©alistes, on estime que, aujourd’hui il n’y a pas vĂ©ritablement de droits de diffusion sur internet…
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