On a classé les 370 films Netflix des meilleurs aux plus mauvais | Slate.fr
On a classé les 370 films Netflix des meilleurs aux plus mauvais
Voici listé chaque film Original Netflix à voir en France, par ordre de priorité selon notre seule subjectivité. L'occasion de découvrir quelques nouveautés ou de revisiter un catalogue déjà conséquent.
Cet article sera rĂ©guliĂšrement mis Ă jour au grĂ© du calendrier de diffusion de nouveaux films dits «Original Netflix».
à lire en parallÚle, ma longue analyse du cinéma selon Netflix, cliquez ici.
Depuis 2013, Netflix s'est sĂ©rieusement investi dans la production et distribution de contenus exclusifs. Si ses sĂ©ries sont largement commentĂ©es dans Ă peu prĂšs tous les mĂ©dias, les films, eux, restent Ă quelques exceptions prĂšs –parfois spectaculaires comme Okja, sĂ©lectionnĂ© Ă Cannes et mis en ligne sur la plateforme fin juin 2017, The Cloverfield Paradox, disponible seulement quelques heures aprĂšs la diffusion de sa premiĂšre bande-annonce lors du Super Bowl 2018 ou Roma, Lion d'or Ă Venise, meilleur film Ă©tranger, meilleur directeur de la photographie et meilleur rĂ©alisateur aux Oscars – confidentiels. MĂȘme si d'annĂ©e en annĂ©e, la visibilitĂ© des contenus progresse.
L'interface du géant de la SVOD aide peu. L'éditorial n'y a pas sa place, chaque titre étant traité à égalité avec les autres sans réelle hiérarchie sinon la mise en avant des derniÚres sorties et des tendances, sans oublier les suggestions de l'algorithme.
Il est donc essentiel que les mĂ©dias s'y plongent avec plus de curiositĂ© pour offrir de nouveaux regards sur une production plĂ©thorique. Voici un guide subjectif de toutes ces Ćuvres classĂ©es par ordre antĂ©chronologique de sortie au sein de chacune des cinq catĂ©gories.
Sommaire:
–Ă ne pas manquer (29 films)
–RecommandĂ© (93 films)
–Ăa se tente bien (139 films)
–Allez, soyons fous (79 films)
–Bon, si vous y tenez vraiment (30 films)
Ă NE PAS MANQUER (29 films)
Anima (Paul Thomas Anderson, 2019, 0h15)
Ce clip de luxe offre à Thom Yorke un merveilleux écrin construit autour de trois titres de son nouvel album solo. Fort d'un travail soigneusement chorégraphié mettant en scÚne le chanteur de Radiohead comme pris dans une drÎle de mécanique des corps à la fois inquiétante et burlesque, Paul Thomas Anderson saisit à la perfection ce mélange de ténébres contemporaines et de lumiÚre qui fait la force de l'univers de l'artiste britannique.
Rolling Thunder Revue (Martin Scorsese, 2019, 2h22)
Comment trouver une forme narrative pour encapsuler quelque chose du gĂ©nie de Bob Dylan ? Todd Haynes avait construit un biopic fragmentĂ© offrant le rĂŽle Ă plusieurs acteurs. Martin Scorsese mĂȘle images d'archives, interviews des vrais protagonistes de cette tournĂ©e historique des annĂ©es 1975-76 et personnages fictifs pour un documentaire poĂ©tique qui se joue des masques afin de mieux approcher la vĂ©ritĂ© d'un homme grimmĂ©. Outre les performances inspirĂ©es de Dylan et sa troupe de luxe (Patti Smith, Joan Baez, Roger McGuinn...), le film croque aussi un morceau d'AmĂ©rique.
Triple frontiĂšre (J.C. Chandor, 2019, 1h53)
J'aime quand un plan se dĂ©roule sans accroc, pourraient lancer les hĂ©ros de Triple frontiĂšre, sauf que malheureusement pour eux, ce n'est pas l'agence tous risques ici. Le cinĂ©aste J.C. Chandor livre un solide film d'action trĂšs premier degrĂ© autour d'une bande d'anciens militaires qui se fixent pour mission de cambrioler en pleine jungle sud-amĂ©ricaine le chef d'un dangereux cartel. D'Oscar Isaac Ă Charlie Hunnam en passant par Garret Hedlund et mĂȘme Ben Affleck le casting est impeccable et la mise en scĂšne soignĂ© pour un spectacle de bonne qualitĂ© qui dessine en filigrane le sort amer rĂ©servĂ© Ă ceux qui donnent leur vie pour leur pays.
High Flying Bird (Steven Soderbergh, 2019, 1h30)
Un film tournĂ© Ă l'iPhone et diffusĂ© uniquement sur Netflix… Steven Soderbergh se tourne rĂ©solument vers l'avenir. Sauf qu'ici, ces choix Ă©conomiques autant qu'esthĂ©tiques vont de pair avec le propos. Sous couvert de l'histoire d'un agent qui tente de mettre fin Ă un conflit social qui oppose les propriĂ©taires des Ă©quipes NBA au syndicat des joueurs, le cinĂ©aste ausculte certaines structures du capitalisme oĂč les intĂ©rĂȘts de ceux qui possĂšdent le pouvoir sont de plus en plus dĂ©connectĂ©s de ceux qui travaillent pour eux. Il nous parle de racisme, de disruption. Et in fine du pouvoir des artistes, dont le message et la passion sont plus forts que les entitĂ©s qui les financent.
Fyre, le meilleur festival qui n'a jamais eu lieu (Chris Smith, 2019, 1h37)
L'histoire de ce festival de musique pour influenceurs qui tourna au fiasco complet est tellement folle et symptomatique de quelque chose de notre époque que la raconter depuis l'intérieur ne pouvait donner qu'un film complÚtement fascinant. Mission réussie pour Chris Smith qui saisit à force de témoignages des membres de l'équipe puis des spectateurs médusés et floués quelque chose d'assez fort sur le déni des participants d'une aventure humaine qui va droit dans le mur.
Roma (Alfonso Cuaron, 2018, 2h15)
VoilĂ , si un film mĂ©riterait qu'on s'abonne Ă Netflix, ce serait celui-lĂ . Roma d'Alfonso Cuaron restera pour moi le sommet cinĂ©matographique de 2018. Et sans conteste le plus beau film distribuĂ© par la plateforme Ă ce jour. Au point d'avoir une vraie chance d'ĂȘtre nommĂ© Ă l'Oscar du meilleur film aprĂšs son Lion d'or Ă Venise. Cette chronique familiale, filmĂ©e dans un noir et blanc splendide, est inspirĂ©e par la propre adolescence du rĂ©alisateur dans le Mexique des annĂ©es 1970 mais centrĂ©e sur les femmes de sa vie : sa gouvernante et sa mĂšre. L'occasion pour Cuaron de filmer les peines et les petites joies de cette vie d'intĂ©rieur. Comme en marge de la grande histoire. Par petites touches et grandes scĂšnes imposantes, il dessine avec sensibilitĂ© les drames qui Ă©branlent peu Ă peu l'unitĂ© familiale et la rĂ©silience qui la maintient Ă flot. C'est beau, c'est fort, bouleversant Ă bien des Ă©gards et ça laissera certainement un tas de spectateurs un peu sur le cĂŽtĂ© de la route. Les autres se souviendront longtemps de ce voyage Ă la recherche du temps perdu.
La Ballade de Buster Scruggs (Joel et Ethan Coen, 2018, 2h13)
Annoncé au départ comme une mini-série, le nouveau projet des frÚres Coen se déploie finalement comme un film à sketches composé de six épisodes. Le temps pour les cinéastes de déployer toute la profondeur de leur écriture au service de bouts de fiction tantÎt trÚs dialogués, tantÎt plus taiseux. On trouve dans cette exploration de l'imaginaire du grand Ouest tout ce qu'on aime chez les frÚres Coen, ce mélange de poésie absurde, d'idiotie crasse, de violence sÚche, de verve comique et de tragédie existentielle. Le film s'ouvre d'ailleurs sur une défense contre l'accusation de misanthropie pour plaider la simple observation de la condition humaine avec toutes ses nuances. Rarement le projet cinématographique des cinéastes n'avait été aussi mis à nu.
De l'autre cÎté du vent (Orson Welles, 2018, 2h02)
C'est un des Ă©vĂ©nements cinĂ©philiques de cette annĂ©e 2018. La sortie sur Netflix de De l'autre cĂŽtĂ© du vent sur lequel Orson Welles travailla Ă partir de 1970 et qu'il laissa inachevĂ© Ă sa mort en 1985. Le film superpose deux niveaux de fiction. D'un cĂŽtĂ©, la fĂȘte du 70e anniversaire du cinĂ©aste Jake Hannaford (John Huston), traitĂ©e Ă la maniĂšre d'un documentaire. De l'autre, de longs extraits du dernier film de celui-ci, dans un style proche du modernisme d'Antonioni. MalgrĂ© une deuxiĂšme heure un peu moins enlevĂ©e, la mise en scĂšne stimulante de Welles ainsi que les jeux de miroirs tantĂŽt amusĂ©s tantĂŽt cruels entre les rĂ©cits et les diffĂ©rents personnages font de cette Ćuvre posthume un monument rĂ©jouissant reprĂ©sentatif de l'esprit d'expĂ©rimentation du cinĂ©ma amĂ©ricain du dĂ©but des annĂ©es 1970.
Private Life (Tamara Jenkins, 2018, 2h06)
Cette chronique douce amÚre d'un couple de quadragénaire new-yorkais ayant toutes les difficultés du monde à concevoir un enfant est une jolie réussite pour Netflix. De la mise en scÚne de Tamara Jenkins à l'interprétation de Paul Giamatti et Kathryn Hahn en passant par l'écriture des dialogues, tout respire ici la finesse et la sensibilité pour traiter d'un sujet difficile. L'empathie est forte pour un résultat des plus émouvants. Kayli Carter est parfaite dans le rÎle de la jeune niÚce pleine de créativité et de fantaisie qui vient apporter son aide au couple.
Aucun homme ni dieu (Jeremy Saulnier, 2018, 2h05)
Auteur de deux sĂ©ries B remarquĂ©es – Blue Ruin et Green Room –, Jeremy Saulnier arrive chez Netflix aurĂ©olĂ© d'une rĂ©putation flatteuse de jeune espoir du cinĂ©ma amĂ©ricain. Aucun homme ni dieu confirme d'ailleurs le fort potentiel du cinĂ©aste qui signe ici un film de chasse Ă l'homme aussi sec que le climat de l'Alaska lui servant de cadre. Tout en tension, le long mĂ©trage centrĂ© sur une histoire de meurtre et de loups sauvages s'appuie sur son dĂ©cor enneigĂ© et un scĂ©nario Ă trappes emprunt de mystĂšre pour tirer peu Ă peu sa mise en scĂšne vers une fascinante abstraction trouĂ©e de saisissants moments de violence.
Au pays des habitudes (Nicole Holofcener, 2018, 1h38)
Si l'Ćuvre de Nicole Holofcener bĂ©nĂ©ficie d'une vraie reconnaissance critique aux Ătats-Unis, elle n'est jusqu'ici jamais arrivĂ©e de ce cĂŽtĂ©-ci de l'Atlantique. Impair rĂ©parĂ© grĂące Ă Netflix et ce Au pays des habitudes, une comĂ©die un peu douce et trĂšs amĂšre sur l'histoire d'un jeune retraitĂ© qui a quittĂ© sa femme pour se trouver confrontĂ© Ă une forme de vide existentiel derriĂšre oĂč il n'est nul part Ă sa place. Les rapports intergĂ©nĂ©rationnels y sont touchants et tendres. Et Ben Mendelsohn est parfait pour incarner avec Ă©lĂ©gance ce malaise dĂ©sabusĂ©.
à tous les garçons que j'ai aimés (Susan Johnson, 2018, 1h39)
Vous avez rĂȘvĂ© d'une comĂ©die romantique qui traiterait sans une once d'ironie de la difficultĂ© d'assumer ses sentiments, de deuil, de la famille, de fantaisie avec un jeune cast attachant Ă souhait des premiers aux seconds rĂŽles ? Netflix l'a fait. Si la plateforme investit largement ce genre quelque peu dĂ©laissĂ© des salles, le film de Susan Johnson adaptĂ© d'un best-seller signĂ© Jenny Han est jusqu'ici le rĂ©sultat le plus probant, confirmant une certaine montĂ©e en gamme aprĂšs la hype des derniers mois entourant Petits coups montĂ©s et Alex Strangelove. Le duo formĂ© par Lana Condor et Noah Centineo est parfait, portant avec subtilitĂ© le trouble du jeu amoureux. MalgrĂ© quelques longueurs sur la fin, tout respire ici la sensibilitĂ© et la sincĂ©ritĂ©, Ă la maniĂšre qu'a le film d'assumer avec naturel sa part corĂ©enne sans jamais forcer le trait.
Us and Them (Rene Liu, 2018, 2h00)
Carton du box-office chinois de ce dĂ©but d'annĂ©e, ce premier film signĂ© de la comĂ©dienne et chanteuse taĂŻwanaise Rene Liu suit sur une dĂ©cennie deux personnages Lin Jianqing et Xiao-Xiao, dont les destins n'en finissent plus de se croiser notamment au Nouvel An quand ils quittent PĂ©kin pour regagner leur province d'origine. PortĂ©e par deux acteurs charismatiques, cette Ćuvre nous prĂ©sente un pays modernisĂ© oĂč l'individualisme et le matĂ©rialisme sont des acquis qui entravent chacun autant qu'ils ne les portent. C'est une des grandes forces de cette romance lorgnant doucement vers la critique sociale et le mĂ©lo, les personnages existent ici plus fort qu'un quelconque message que le film chercherait Ă assĂ©ner. Rene Liu les laisse tour Ă tour se perdre et se retrouver, mĂ»rir, Ă©voluer, tomber et se relever. Perdants magnifiques. La rĂ©alisatrice peut surtout compter sur la superbe photographie signĂ©e Mark Lee Ping-bing Ă qui l'on doit dĂ©jĂ celle d'In The Mood For Love de Wong Kar-Wai ou des films de Hou Hsiao-Hsien (Millennium Mambo, CafĂ© LumiĂšre, The Assassin…). Sa palette de couleurs jouant aussi bien sur les tons chaleureux que le noir et blanc de maniĂšre joliment justifiĂ© par l'histoire offre au film un magnifique Ă©crin qui donne toute sa force Ă ce rĂ©cit amoureux.
Rachel Dolezal, un portrait contrasté (Laura Brownson, 2018, 1h41)
C'est une de ces petites polĂ©miques qui font le sel de l'actualitĂ©. En 2015, l'activiste Rachel Dolezal, Ă la tĂȘte de de l’association nationale pour la promotion des gens de couleur Ă Spokane dans l’Ătat de Washington, se retrouvait au cĆur d'une controverse aprĂšs que ses parents ont dĂ©clarĂ© qu'elle Ă©tait une femme blanche se faisant passer pour noire. NĂ©e d'un pĂšre et d'une mĂšre blancs, la jeune femme s'identifie afro-amĂ©ricaine. Un positionnement qui lui a valu de violentes accusations d'appropriation culturelle et l'ont rĂ©duit au rĂŽle de paria. Rachel Dolezal, un portrait contrastĂ© de Laura Brownson nous plonge dans son intimitĂ©, lui donnant une chance de raconter son histoire, tout en donnant Ă entendre les arguments de ses opposants. Le tout donne lieu Ă un portrait Ă la fois touchant et nuancĂ© qui explore avec intelligence la question complexe de l'identitĂ© au croisement de l'invention de soi, de l'hĂ©ritage historique et du jeu social. Je est un autre?
Psychokinesis (Yeon Sang-Ho, 2018, 1h41)
RĂ©alisateur du film de zombies Dernier Train pour Busan, remarquĂ© en sĂ©lection officielle Ă Cannes en 2016, Yeon Sang-Ho revient avec un film qui en est presque le contrepied. Ă la tonalitĂ© desespĂ©rĂ©e du prĂ©cĂ©dent opus qu'on se prenait comme un uppercut, le CorĂ©en a prĂ©fĂ©rĂ© cette fois une lĂ©gĂšretĂ© plus amusĂ©e. Avec Psychokinesis, il mĂȘle les codes de la comĂ©die, du film de super-hĂ©ros, de la fable politique et du mĂ©lo familial dans un rĂ©cit foutraque, portĂ© par une mise en scĂšne trĂšs maĂźtrisĂ©e, autour de l'histoire d'un pĂšre qui se dĂ©couvre le pouvoir de dĂ©placer Ă distance les objets au moment oĂč sa fille est menacĂ©e d'expulsion par un gang musclĂ©. Divertissement ludique de qualitĂ©, le long mĂ©trage se permet mĂȘme le luxe d'ĂȘtre touchant.
Annihilation (Alex Garland, 2018, 1h55)
En raflant les droits internationaux de cette production Paramount, Netflix ajoute lĂ la premiĂšre piĂšce maĂźtresse de son catalogue 2018. Film aussi Ăąpre dans sa narration qu'hypnotique visuellement, Annihilation a le potentiel de captiver un large public tout en gĂ©nĂ©rant de la conversation, sans rien renier de son ambition. Ce nouveau long mĂ©trage signĂ© Alex Garland suit l'Ă©quipĂ©e de cinq femmes scientifiques dans une zone secrĂšte oĂč se multiplient des phĂ©nomĂšnes mystĂ©rieux. On y retrouve notamment Natalie Portman dans une nouvelle performance envoĂ»tante un an aprĂšs Jackie. Comme Mother!, autre production Paramount, Annihilation tire sa force dans sa capacitĂ© Ă gĂ©nĂ©rer de nombreuses mĂ©taphores narratives dans lesquelles chacun peut venir y projeter ses angoisses, son humanitĂ© tout en maintenant une proposition visuelle audacieuse. Mais lĂ oĂč le film d'Aronofsky croulait sur une surenchĂšre de bruit et de fureur, Alex Garland a choisi une Ă©pure bienvenue qui sied parfaitement Ă l'inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© de l'ensemble. De bout en bout, Annihilation fait preuve d'une admirable maĂźtrise qu'on aurait tort de bouder.
Forgotten (Hang Jun-Jang, 2018, 1h48)
Netflix a achetĂ© les droits Ă l'international de ce thriller corĂ©en Ă la seule lecture du scĂ©nario. On les comprend tant cette histoire d'un homme qui enquĂȘte sur ce qui est arrivĂ© Ă son frĂšre disparu dix-neuf jours pour revenir sans aucun souvenir de cet intermĂšde impressionne par ce qu'elle recĂšle de tensions et dans sa deuxiĂšme heure de twists Ă rĂ©pĂ©tition. Mais Forgotten n'aurait pas Ă©tĂ© aussi brillant sans la mise en scĂšne au cordeau de Hang Jun-Jang trĂšs douĂ© pour tirer le meilleur de ses dĂ©cors et de ses interprĂštes. Si l'ensemble n'a pas le souffle ou le folie d'un Memories of Murder, ce thriller quasi depalmesque nous accroche Ă notre siĂšge jusqu'au bout. Pour l'heure, de loin l'acquisition asiatique la plus convaincante du catalogue films Original.
Jim et Andy (Chris Smith, 2017, 1h33)
PlongĂ©e fascinante dans les coulisses du tournage du biopic de Milos Forman Man on The Moon autour de la vie du comique Andy Kaufman, Jim et Andy, le documentaire de Chris Smith raconte bien plus que ça. Il rend compte bien sĂ»r de la fusion de l'acteur Jim Carrey avec son personnage et ses avatars sur mais aussi en dehors du plateau dans une performance totalement folle et incontrĂŽlable, riche en scĂšnes savoureuses. C'est la partie mĂ©ta du film, le geste rejoignant ici jusqu'au vertige celui de son modĂšle. Il interroge aussi le parcours du comĂ©dien canadien qui a explosĂ© au box-office en 1994 avec trois rĂŽles qui lui ont permis d'injecter un peu de folie et de dĂ©bordement dans un genre souvent trĂšs rĂ©glĂ©. Jim et Andy offre alors une rĂ©flexion sur le pouvoir anarchique du rire, pointant en filigrane tout ce que le masque permet de libĂ©rer chez ceux qui le regardent et l'accompagnent dans une catharsis libĂ©ratrice. Enfin, le documentaire porte le rĂ©cit d'une quĂȘte spirituelle vers le dĂ©passement et l'effacement de soi pour dĂ©passer les limites contraignantes de l'ego pris au piĂšge des mirages de la sociĂ©tĂ© du spectacle. Si Jim et Andy est si bouleversant, c'est qu'il enregistre le chemin parcouru. DĂ©barrassĂ© de ses masques, Jim Carrey se remĂ©more ce chaos, heureux. Il a dĂ©finitivement traversĂ© le miroir.
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The Meyerowitz Stories (new and selected) (Noah Baumbach, 2017, 1h52)
Bien loin de la polĂ©mique sur l'opportunitĂ© de sa sĂ©lection en compĂ©tition Ă Cannes, on peut aujourd'hui apprĂ©cier les nombreux mĂ©rites du nouveau film de Noah Baumbach (Les Berkman se sĂ©parent, Frances Ha) qui ont su sĂ©duire Thierry FrĂ©maux et ses Ă©quipes. Ă commencer par un cast parfait que ce soit Dustin Hoffman en patriarche sculpteur Ă la santĂ© dĂ©clinante mais Ă l'ego certain ou bien Ben Stiller et Adam Sandler, qui incarnent ici ses fils, demi-frĂšres aux caractĂšres et Ă la fortune totalement opposĂ©s. On retrouve Ă©galement ce qui fait le charme si singulier du cinĂ©aste new-yorkais, ce mĂ©lange d'empathie totale pour ses personnages et en mĂȘme temps une dĂ©termination presque cruelle Ă ne pas les mĂ©nager, soulignant au fil d'une intrigue construite en longs chapitres ces petits travers qui les rendent si humains. Comme chez Woody Allen, nous rĂ©alisons alors que nous sommes systĂ©matiquement plus petits que l'image que nous avons de nous. Il est grand temps de nous regarder dans le miroir, et d'en rire plutĂŽt qu'en pleurer.
Jessie (Mike Flanagan, 2017, 1h43)
TrĂšs bonne surprise que cette adaptation de Stephen King par Mike Flanagan, dont c'est dĂ©jĂ le deuxiĂšme Original Netflix. Sur une trame en apparence minimaliste –une femme (grande performance de Carla Gugino) est menottĂ©e Ă un lit quand son mari est subitement victime d'une crise cardiaque–, le film tient parfaitement la route entre exploration psychologique et suspense horrifique. Aux effets faciles, Flanagan prĂ©fĂšre la plongĂ©e dans la psychĂ©e sombre du couple, abordant de maniĂšre frontale la violence faite aux femmes. L'uppercut ne frappe pas toujours oĂč on croit.
Okja (Bong Joon-Ho, 2017, 1h58)
Netflix tient certainement sa premiĂšre Ćuvre majeure avec Okja, sĂ©lectionnĂ© Ă raison en compĂ©tition lors du dernier Festival de Cannes. Le CorĂ©en Bong Joon-Ho y dĂ©ploie avec agilitĂ© son imaginaire naviguant entre la fĂ©Ă©rie enfantine d'un Miyazaki, la farce grotesque et une critique sans fard du capitalisme. Un mĂ©lange des genres dĂ©tonant portĂ© par un drĂŽle de cochon, qui ajoute une touche de poĂ©sie bienvenue Ă un univers dĂ©cidĂ©ment noir mais porteur d'espoir. Comme c'est Ă©crit sur les affiches, du grand cinĂ©ma.
War Machine (David MichĂŽd, 2017, 2h02)
Quelques mois aprĂšs la sortie en salle du trĂšs rĂ©ussi Un jour dans la vie de Billy Lynn signĂ© Ang Lee, War Machine de l'Australien David MichĂŽd confirme que les rĂ©cits les plus passionnants touchant Ă la guerre ont dĂ©sormais quittĂ© les zones de combat. C'est dans sa premiĂšre heure –relatant la prĂ©paration de la mission de ce gĂ©nĂ©ral inspirĂ© par l'histoire vraie de Stanley McChrystal en Afghanistan– que le film est le plus original, drĂŽle et pertinent. Un regard acĂ©rĂ© sur la guerre moderne, portĂ© par un Brad Pitt enjouĂ©, qui malheureusement perd ensuite de son mordant.
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Get Me Roger Stone (Dylan Bank & Daniel DiMauro, 2017, 1h41)
Si Donald Trump est aujourd'hui prĂ©sident des Ătats-Unis, c'est grĂące Ă lui. Du moins, Roger Stone est prĂȘt Ă tout pour vous le faire croire. Ce documentaire passionnant sur un des plus influents hommes de l'ombre du parti rĂ©publicain n'a rien Ă envier Ă House of Cards. De mensonges en coup bas, on revit plus de quarante ans de coulisses de la politique amĂ©ricaine du Watergate, oĂč il Ă©tait l'un des plus jeunes mis en cause, Ă la victoire de George W. Bush, qui ne lui est pas non plus tout Ă fait Ă©trangĂšre. Le diable probablement.
Casting JonBenet (Kitty Green, 2017, 1h20)
Si peu de films Netflix brillent par l'originalité de leur forme, Casting JonBenet est l'exception qui confirme la rÚgle. PlutÎt que de mettre en scÚne directement ce faits divers impliquant une jeune fille de 6 ans découverte morte dans la cave de la maison de ses parents à Boulder (Colorado), quelques heures aprÚs qu'ils ont signalé sa disparition, Kitty Green filme son casting des personnages principaux de l'affaire. Les acteurs auditionnent certaines scÚnes clés, donnant au passage leur interprétation divergente de ce qui a bien pu se passer, chacun prenant fait et cause pour celui qu'il est sensé incarner. Une brillante mise à distance critique de la réalité pour une affaire toujours irrésolue à ce jour.
I Don't Feel at Home in This World Anymore (Macon Blair, 2017, 1h36)
Grand prix du jury au dernier Festival du film de Sundance, le premier long mĂ©trage du scĂ©nariste Macon Blair impressionne par sa narration jusqu'au-boutiste. Ce Big Lebowski chez les white trash mais revisitĂ© sur un ton rĂ©solument dark et pince-sans-rire offre une perspective Ă la fois drĂŽle et Ă©tonnante sur les mĂ©faits de la connerie humaine. Un joli coup pour Netflix servi par une distribution impeccable, Melanie Lynskey en tĂȘte.
Au fin fond de la fournaise (Werner Herzog, 2016, 1h47)
Rien ne ressemble moins à un film Netflix qu'un film de Werner Herzog. C'est sans doute pourquoi ce documentaire sur les volcans à toute sa place sur la plateforme. Le cinéaste allemand y prend pour prétexte l'accompagnement du vulcanologue britannique Clive Oppenheimer au plus prÚs des entrailles de la Terre pour questionner notre rapport à la vie, à la mort ainsi qu'à nos origines. Peu de cinéastes parviennent comme lui à capter l'essence d'un mystÚre.
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Le 13e (Ava DuVernay, 2016, 1h40)
Le documentaire d'Ava DuVernay (Selma) est un modĂšle d'intelligence et de sensibilitĂ©. Le 13e –rĂ©fĂ©rence au 13e amendement qui a aboli l'esclavage en 1865 tout en incluant, on le sait moins, une clause restrictive pour les criminels– dĂ©crypte avec brio les diverses mesures qui, au fil du temps, ont fait des Afro-AmĂ©ricains des citoyens de seconde zone, privĂ©s pour beaucoup de leurs droits Ă©lĂ©mentaires, simples pions de la machine capitaliste. Ă force d'analyses et de tĂ©moignages, le film dessine les contours d'une tragĂ©die dont les mĂ©canismes sont malheureusement trop peu exposĂ©s.
Tallulah (Sian Heder, 2016, 1h51)
Premier long mĂ©trage d'une scĂ©nariste d'Orange is the New Black, Tallulah se dĂ©marque lĂ©gĂšrement des convenances du film indĂ© amĂ©ricain en prenant rĂ©solument le parti des femmes. Cette histoire d'une jeune un peu paumĂ©e qui kidnappe un bĂ©bĂ© dĂ©laissĂ© aprĂšs s'ĂȘtre fait larguer –brillamment interprĂ©tĂ©e par Ellen Page et Alison Janney– est le prĂ©texte Ă trois beaux portraits de personnage blessĂ©s en butte avec une sociĂ©tĂ© patriarcale.
Team Foxcatcher (John Greenhalgh, 2016, 1h31)
S'il n'est pas tout Ă fait Ă la hauteur du puissant film de Bennett Miller avec Steve Carell, Mark Ruffalo et Channing Tatutm sur la mĂȘme affaire, ce documentaire assez classique sur la forme passionne par la folie grandissante de son personnage –le milliardaire excentrique John Du Pont–, pris dans une spirale paranoĂŻaque qui finit dans la violence. Un rĂ©cit maĂźtrisĂ© aux vrais airs de tragĂ©die.
RECOMMANDĂS (93 films)
The Black Godfather (Reginald Hudlin, 2019, 1h58)
Ce documentaire passionnant dresse le portrait d'une figure amĂ©ricaine mĂ©connue mais oh combien influente : Clarence Avant. NĂ©gociateur hors pair, gĂ©nĂ©reux mentor, conseiller de l'ombre… Cet Afro-amĂ©ricain aujourd'hui ĂągĂ© de 88 ans a durablement marquĂ© le milieu des affaires et de la politique, ce qui lui vaut d'ĂȘtre louĂ© par plusieurs gĂ©nĂ©rations de rappeurs ou par Barack Obama, qui le consulta notamment avant de lancer sa campagne prĂ©sidentielle.
I am Mother (Grant Sputore, 2019, 1h53)
Retour réussi pour Hilary Swank dans ce petit film de science-fiction malin et bien ficelé. La comédienne y joue une femme aguerrie confrontée à un robot mÚre en charge de la préservation de ce qui reste de l'espÚce humaine. Pour le bien de qui ?
Svaha : the sixth finger (Jang Jae-hyeon, 2019, 2h02)
Avec cette histoire de bĂȘte fantastique et de secte occulte, Svaha : the sixth finger aurait pu ĂȘtre une Ă©niĂšme sĂ©rie B grossiĂšre. Le film du CorĂ©en Jang Jae-hyeon tient plutĂŽt bien son atmosphĂšre mystĂ©rieuse distillant ses effets au compte-gouttes Ă la maniĂšre d'un thriller inspirĂ©.
Booksmart (Olivia Wilde, 2019, 1h45)
Tout juste diplÎmées du lycée, Amy et Molly se décident enfin à remiser leur sérieux habituel le temps d'une soirée comme pour rattraper le temps perdu. Belle réussite que cette premiÚre réalisation enlevée d'Olivia Wilde qui signe ici une teen comédie drÎle et rafraßchissante sur le lacher prise et la difficulté de se sortir des images qui nous enferment. Le tout porté par deux actrices à l'alchimie revigorante : Kaitlyn Dever et Beanie Feldstein.
Mourir au nom de la vérité (Hernån Zin, 2019, 1h27)
Si le syndrome de stress post-traumatique chez les soldats de retour du front est largement documenté, celui qui frappe de nombreux journalistes qui couvrent la guerre fait l'objet d'une moindre attention. Ce documentaire touchant donne la parole à plusieurs reporters espagnols qui évoquent avec humilité les effets qu'ont eu leur métier sur leur vie personnelle et leur travail sur le terrain, en Irak notamment, parfois au risque de leur vie.
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AprĂšs Maria (Nadia Hallgren, 2019, 0h37)
Ce moyen mĂ©trage documentaire suit le quotidien d'une famille de Porto Rico relogĂ©e temporairement dans un hĂŽtel aux Ătats-Unis aprĂšs le passage de l'ouragan Maria en 2017. Alors que l'intĂ©gration se fait difficilement, l'aide du gouvernement arrive Ă son terme. Racisme, indiffĂ©rence... une autre facette de l'envers du rĂȘve amĂ©ricain.
Remastered : The Lion's Share (Sam Cullman, 2019, 1h24)
Ce long volet de la sĂ©rie documentaire Remastered se penche sur l'histoire mĂ©connue de la chanson Le Lion est mort ce soir. ComposĂ©e Ă l'origine par l'artiste sud-africain Solomon Linda sous le titre de Mbube, elle ne connut le succĂšs que plus tard dans sa rĂ©adaptation amĂ©ricaine. Le film suit l'enquĂȘte d'un journaliste sud-africain qui se bat pour que l'hĂ©ritage artistique et financier de l'interprĂšte original soit enfin reconnu.
Jo-Pil Ho - souffle de rage (Lee Jeong-beom, 2019, 2h07)
Dans la lignée du récent El Reino (sans la mise en scÚne et la bande-son survitaminées), l'histoire d'un flic ripoux pris peu à peu dans un engrenage de révélations qui le menace, pointant vers un systÚme de corruption bien plus large. Un polar coréen noir porté par un anti-héros délicieusement ambivalent.
Cap sur le CongrĂšs (Rachel Lears, 2019, 1h27)
Ce documentaire politique s'intĂ©resse aux primaires dĂ©mocrates qui ont prĂ©cĂ©dĂ© les Ă©lections lĂ©gislatives de 2018. Rachel Lears suit quatre jeunes candidates dĂ©butantes promues par une plateforme progressiste pour aller concurrencer des Ă©lus dĂ©jĂ installĂ©s. Parmi elles, la New-Yorkaise Alexandria Ocasio-Cortez dont le charisme emporte tout le film avec lui tellement la jeune femme crĂšve l'Ă©cran. Au point de relĂ©guer ces petites camarades Ă une portion rĂ©duite du documentaire. C'est Ă la fois la bĂ©nĂ©diction et la limite d'un film qui grĂące Ă sa formidable Ă©gĂ©rie parvient tout de mĂȘme Ă redonner foi dans le politique. La tache n'Ă©tait pas aisĂ©e.
Le Professeur de musique (Sarthak Dasgupta, 2019, 1h41)
Bonne surprise que cette comédie romantique indienne sur un professeur de musique qui se remémore son histoire avec une jeune et talentueuse élÚve devenue depuis une star. Son retour pour un concert en ville réveille chez lui des souvenirs tendres et douloureux. Outre le charme du couple de comédien, l'ensemble est manié avec beaucoup de sensibilité.
Un homme chanceux (Bille August, 2019, 2h42)
Le cinĂ©aste danois, double Palme d'or Ă Cannes pour Pelle le conquĂ©rant et Les Meilleures intentions, signe ici une grande fresque historique particuliĂšrement soignĂ©e sur un ingĂ©nieur plein de ressources fils d'un modeste pasteur qui tente de s'intĂ©grer au cĆur de la bourgeoisie de Copenhague. Un destin complexe riche en amour et en turpitudes Ă la hauteur d'une vie.
Homecoming (Beyoncé, 2019, 2h17)
Cette captation de la performance de Beyoncé à Coachella en 2018, entrecoupée d'extraits des préparatifs du concert et de réflexions plus personnelles de la chanteuse sur sa vie, son rapport à son corps ou à l'histoire afro-américaine donne un bon aperçu de la force politique du projet de la star. Sans rien renier de son goût du grand spectacle. Un regard affûté sur le passé, un pied résolument dans le futur.
The Perfect Date (Chris Nelson, 2019, 1h30)
Révélation d'à tous les garçons que j'ai aimés, Noah Centineo poursuit son histoire d'amour avec Netflix avec cette nouvelle comédie romantique, la troisiÚme à son CV. The Perfect Date est un véhicule parfaitement adapté à son charme du super boyfriend next door. L'acteur y joue un étudiant qui pour payer ses études propose ses services d'escort personnalisé pour dates. Son duo de charme avec la pétillante Laura Marano suffit à rendre cet ensemble globalement plutÎt attendu agréable.
Unicorn Store (Brie Larson, 2019, 1h31)
La premiÚre réalisation de l'actrice Brie Larson a tout de la friandise légÚrement acidulée. Unicorn Store s'attache ainsi à un personnage fantasque d'une artiste qui alors qu'elle débute un banal job de bureau s'évade d'un quotidien morose en imaginant qu'elle sera bientÎt l'heureuse propriétaire d'une licorne. Encore doit-elle remplir les conditions adéquates. Un premier essai attachant malgré ses maladresses qui recÚle une morale touchante sur le devenir adulte.
Remastered : The Miami Showband Massacre (Stuart Sender, 2019, 1h10)
Ce nouveau volet de la sĂ©rie documentaire Remastered ouvre une page douloureuse de l'histoire irlandaise. Le film de Stuart Sender fait le rĂ©cit tragique du Miami Showband, groupe star du tournant des annĂ©es 1970, meurtri par l'assassinat de plusieurs de ses membres Ă un contrĂŽle routier en juillet 1975. Les autoritĂ©s britanniques ont-elles couvert les responsables loyalistes de l'attaque ? Un des musiciens survivant mĂšne l'enquĂȘte.
The Highwaymen (John Lee Hancock, 2019, 2h)
Sur le papier, drÎle de projet que ce Highwaymen qui reprend l'histoire de la cavale de Bonnie & Clyde pour la traiter du point de vue des policiers qui traquent le couple. Au final, le film de John Lee Hancock présente toutefois un classicisme de bon aloi plutÎt cohérent avec son attachement à l'ordre. Le tout servi par les performances convaincantes du duo Kevin Costner/Woody Harrelson.
Antoine Griezmann : champion du monde (Alex Dell et Damien Piscarel, 2019, 1h)
S'il n'Ă©vite pas l'hagiographie et reste au final assez lisse dans tous les propos tenus donnant Ă voir peu de scĂšnes inĂ©dites vraiment fortes, ce portrait du footballeur français a le double mĂ©rite de remettre ses performances dans le contexte d'un parcours atypique et de toucher Ă ce qui le rend finalement si attachant : Griezmann a Ă la fois la joie et l'humilitĂ© de celui qui a su rĂ©aliser envers et contre tout son rĂȘve d'enfant.
Ton Fils (Miguel Ăngel Vivas, 2019, 1h43)
La vie d'un chirurgien bascule le jour oĂč son fils est sauvagement agressĂ© Ă la sortie d'une boĂźte de nuit. Sa quĂȘte de justice et de vĂ©ritĂ© le plonge peu Ă peu dans des abĂźmes de noirceur insoupçonnĂ©s. Ce drame espagnol bien ficelĂ© bĂ©nĂ©ficie d'une belle photographie pour toutes les scĂšnes de nuit et de la performance trĂšs juste de l'acteur JosĂ© Coronado en pĂšre gagnĂ© par ses dĂ©mons.
Isn't it romantic (Todd Strauss-Schulson, 2019, 1h28)
La vie, ce n'est pas comme dans les comĂ©dies romantiques. Natalie (Rebel Wilson) se l'est entendue rĂ©pĂ©ter depuis toute petite. Pourtant, aprĂšs un choc Ă la tĂȘte, sa vie prend des airs de romances Ă l'eau de rose hollywoodienne. Cette douce satire des codes des comĂ©dies romantiques est tout autant une dĂ©claration d'amour au genre, cherchant Ă lui apporter une touche bienvenue de modernitĂ©.
The Drug King (Woo Min-ho, 2019, 2h19)
Servi par une mise en scÚne élégante et une narration qui fait la part belle au visuel, The Drug King retrace l'histoire somme toute classique d'un petit dealer qui aprÚs une premiÚre déconvenue décide de voir les choses en grand et de prendre en main le trafic de drogue entre Busan et le Japon dans la Corée des années 1970. Le film se démarque toutefois de ses homologues américains par une ùpreté et un sens du grotesque réjouissant. Song Kang-ho, acteur vu chez Park Chan-Wook et Bong Joon-Ho, livre là une nouvelle performance de choix.
At Eternity's Gate (Julian Schnabel, 2019, 1h50)
Difficile d'approcher la figure de Vincent Van Gogh aprĂšs Vincente Minnelli et surtout Maurice Pialat, qui signait lĂ un de ses plus beaux chefs-d'Ćuvres, mais Julian Schnabel s'en tire avec mieux que les honneurs. Si At Eternity's Gate n'est pas exempt de maladresses ne serait-ce que dans son Ă©trange gestion des langues mĂȘlant anglais et français au grĂ© des scĂšnes ou dans ses Ă©changes un brin artificiel avec Paul Gauguin, le film, servi par un casting trois Ă©toiles autour de Willem Defoe Ă nouveau impeccable, dĂ©veloppe une imagerie poĂ©tique en mouvement qui donne Ă voir presque de l'intĂ©rieur le travail et les visions du peintre.
Ruptures et compagnie (Madeleine Sami et Jackie van Beek, 2019, 1h22)
RĂ©alisatrices, scĂ©naristes, actrices… Madeleine Sami et Jackie van Beek insufflent une belle Ă©nergie et une bonne dose d'originalitĂ© Ă cette comĂ©die nĂ©o-zĂ©landaise qui marche sur les plates-bandes de L'ArnacĆur avec une esthĂ©tique un peu plus queer et un ton plus grinçant. Soit l'histoire de deux trĂšs bonnes amies, Ă©ternelles cĂ©libataires, Ă la tĂȘte d'une start-up qui aide Ă dĂ©faire les couples qui battent de l'aile. Une affaire sĂšme peu Ă peu le doute sur le bienfondĂ© de leur activitĂ© et leur choix de vie.
Remastered : the two killings of Sam Cooke (Kelly Duane, 2019, 1h14)
Ce nouveau volet de la série documentaire Remastered s'intéresse davantage à la carriÚre et à la légende du chanteur soul engagé qu'aux circonstances de sa mort. L'occasion de se replonger dans sa musique et de retracer un destin baigné dans la lumiÚre avant de se laisser peu à peu gagner par l'ombre jusqu'à une fin tragique.
Velvet Buzzsaw (Dan Gilroy, 2019, 1h50)
Croisement fĂ©cond entre une satire du monde de l'art contemporain et le film d'horreur façon Destination finale, Velvet Buzzsaw dĂ©livre une imagerie Ă la fois froide, grinçante et inquiĂ©tante au service d'un humour pince sans rire. Jake Gyllenhaal est une nouvelle fois parfait en critique d'art obnubilĂ© par l'Ćuvre posthume d'un artiste inconnu aux mystĂ©rieux pouvoirs. Dommage que trĂšs vite, le film de Dan Gilroy peine Ă dĂ©ranger davantage sa narration trĂšs programmatique, balançant sans cesse entre premier et deuxiĂšme degrĂ© sans clairement choisir son camp.
Animas (José F. Ortuño et Laura Alvea, 2019, 1h27)
Une adolescente mal dans sa peau commence Ă avoir d'inquiĂ©tantes visions au moment oĂč son meilleur ami, de plus en plus taciturne, semble s'Ă©loigner d'elle aprĂšs s'ĂȘtre mis en couple. En plus d'un script malin assumant et digĂ©rant parfaitement ses rĂ©fĂ©rences, ce film fantastique espagnol impose une atmosphĂšre vĂ©nĂ©neuse au service d'un univers mental singulier. Une vraie curiositĂ©.
Remastered : Massacre at the stadium (Bent-Jorgen Perlmut, 2019, 1h04)
IntĂ©ressant documentaire que ce quatriĂšme volet de la sĂ©rie Remastered consacrĂ© Ă Victor Jara. Ce Bob Dylan chilien qui accompagna la montĂ©e au pouvoir de Salvador Allende fut une des victimes du coup d'Ătat de Pinochet en 1973. Son assassinat est restĂ© lettre morte pendant des annĂ©es. Puis Ă la fin de la dictature, la parole se libĂ©ra. L'enquĂȘte reprit. Bent-Jorgen Perlmut s'intĂ©resse Ă la vibrante carriĂšre de ce chanteur engagĂ© et au difficile travail de mĂ©moire que connaĂźt le Chili depuis une vingtaine d'annĂ©es.
Juste pour rire (Greg Pritikin, 2019, 1h38)
Belle surprise que cette comĂ©die sur un agent Ă la retraite qui, envoyĂ© dans une rĂ©sidence pour personnes ĂągĂ©es, retrouve un humoriste qu'il avait lancĂ© des annĂ©es auparavant. Celui-ci avait dĂ©cider d'arrĂȘter subitement sa carriĂšre pour fonder une famille alors qu'il se trouvait Ă la porte du succĂšs. Les deux comparses dĂ©cident alors de se lancer dans une derniĂšre tournĂ©e. Chevy Chase et Richard Dreyfuss forment un duo particuliĂšrement drĂŽle et touchant dans ce road trip empreint d'une jolie mĂ©lancolie. En bonus : la prĂ©sence Ă l'Ă©cran d'Andie MacDowell, c'est toujours ça de pris.
Puis respirer normalement (Ăsold UggadĂłttir, 2019, 1h42)
Un an aprÚs avoir reçu un prix de la mise en scÚne au festival de Sundance, cette comédie dramatique islandaise ouvre le bal des films Original pour 2019. On y suit une mÚre de famille qui connaßt d'importantes difficultés financiÚres. Pour tenter de s'en sortir, elle débute une formation au métier d'officier de patrouille frontaliÚre et se trouve confrontée à une migrante, dont elle a débusqué le faux passeport. D'une juste sobriété, Puis respirer normalement donne à voir la rencontre de deux femmes abßmées par la vie qui tentent de ne pas finir étouffées. La dignité de celles qui, aux abois, parviennent à préserver quelque chose de leur humanité.
Bird Box (Susanne Bier, 2018, 2h04)
Bird Box, le blockbuster de cette fin d'annĂ©e 2018 de Netflix, laissera sans doute sur leur faim ceux qui cherchent un met complet parfaitement tenu de l'entrĂ©e au dessert. Mais reconnaissons qu'il y a plein de choses Ă picorer dans cet Ă©trange thriller qui tire un peu vers le film auterisant sans assumer le geste jusqu'au bout Ă la maniĂšre d'un Annihilation. La mise en place de cet univers apocalyptique gagnĂ© par une force mystĂ©rieuse qui pousse les gens au suicide est impressionnante. Le huis clos qui s'en suit est beaucoup plus convenu mais fourmille de petites idĂ©es, scĂšnes, images qui maintiennent tout du long l'intĂ©rĂȘt. MĂšre contrariĂ©e, amour interracial avec une femme presque deux fois plus ĂągĂ©e que son partenaire, visions poĂ©tiques tels ses oiseaux qui previennent les humains du danger… Susanne Bier dĂ©fie les reprĂ©sentations comme en contrebande, aidĂ©e d'une Sandra Bullock toujours impeccable et d'un casting de seconds rĂŽles malins Ă commencer par Trevante Rhodes rĂ©vĂ©lĂ© par Moonlight. Dommage que pour avancer le film ne soit pas parvenu Ă se dĂ©faire complĂštement de quelques grosses ficelles.
Mowgli : la légende de la jungle (Andy Serkis, 2018, 1h44)
Cette nouvelle adaptation en motion capture du livre de Rudyard Kipling se positionne sur un créneau plus adulte. Avec brio. Les personnages sont parfaitement campés avec ce qu'il faut d'étrangeté et de sauvagerie par un casting quatre étoiles (Cate Blanchett, Christian Bale, Benedict Cumberbatch...). On regrettera simplement que le scénario ne creuse pas davantage les problématiques posés par une intrigue qui semble par moments aller un peu vite.
Tiempo Compartido (Sebastian Hofmann, 2018, 1h36)
Un couple avec un enfant se retrouve Ă devoir partager son appartement avec une autre famille dans un grand resort tenu par un Ă©trange conglomĂ©rat. ParanoĂŻa, coups bas… DerriĂšre une façade bienveillante, la cohabitation s'avĂšre des plus difficiles. Un drame prenant sur l'enfer de l'autre sous des dehors joliment grinçants et absurdes.
Cam (Daniel Goldhaber, 2018, 1h34)
Ce thriller malin tient parfaitement son intrigue de bout en bout autour d'une camgirl qui se fait piquer son compte par un mystérieux double. Fable futuriste rappelant l'univers dystopique de la série Black Mirror, cette production Blumhouse interroge au passage notre rapport à l'exhibitionnisme en ligne et le brouillage des frontiÚres entre le réel et le virtuel. Un film efficace.
Outlaw King - Le roi hors la loi (David Mackenzie, 2018, 2h01)
En traitant d'un Ă©pisode de la vie de Robert Ier d'Ăcosse, le cinĂ©aste David Mackenzie (Comancheria) semble venir marcher sur les pas d'un Game of Thrones : intrigue de cour – notre hĂ©ros est contraint de se soumettre Ă la couronne d'Angleterre avant de devenir hors-la-loi –, longues marches Ă travers des paysages sublimes, violentes scĂšnes de combat… L'ensemble est sĂ©duisant et diablement mis en scĂšne. On regrettera simplement que les scĂšnes d'action aussi rĂ©ussies soient-elles prennent peu Ă peu le pas sur le reste des enjeux dramatiques.
Ils m'aimeront quand je serai mort (Morgan Neville, 2018, 1h38)
Accompagnant la sortie sur Netflix du dernier film d'Orson Welles, De l'autre cÎté du vent, ce documentaire signé Morgan Neville en raconte la genÚse complexe qui le laissa inachevé à la mort du cinéaste en 1985. Récit touchant des quinze derniÚres années de la vie du réalisateur, qui dédia une grande partie de son énergie à l'aboutissement de ce projet, Ils m'aimeront quand je serai mort offre au passage quelques intéressantes clés de lecture autour du thÚme de la trahison ou du rapport de Welles à la sensualité.
Remastered : Nixon & The Man in Black (Sara Dosa & Barbara Kopple, 2018, 0h58)
Ce deuxiĂšme volet de la sĂ©rie documentaire Remastered revient sur le concert donnĂ© par Johnny Cash Ă la Maison-Blanche Ă l'invitation de Richard Nixon en 1970. Et interroge comment un des chanteurs les plus engagĂ©s socialement se retrouve-t-il aux cĂŽtĂ©s d'un chef de l'Ătat conservateur qui en appelait dans ses discours Ă la majoritĂ© silencieuse. De l'instrumentalisation par Nixon de la musique country aux enfances contrariĂ©es qui liaient les deux hommes en passant par l'Ă©pineuse question de la guerre du Vietnam, le film Ă©voque toute la complexitĂ© d'une page brouillĂ©e de l'histoire amĂ©ricaine et d'une figure essentielle de la musique du XXe siĂšcle.
Shirkers (Sandi Tan, 2018, 1h37)
Ce documentaire de la rĂ©alisatrice singapourienne Sandi Tan raconte un Ă©pisode douloureux de sa jeune carriĂšre, plus de quinze annĂ©es plus tĂŽt. Alors adolescente, elle Ă©crit le scĂ©nario du film Shirkers, le tout premier road movie indĂ©pendant tournĂ© dans cette petite rĂ©publique. AidĂ©e de sa meilleure amie et de son mentor amĂ©ricain, Georges Cardona, qui joue le rĂ©alisateur pour les circonstances, elle vit enfin son rĂȘve de cinĂ©ma. Au prix de toutes ses Ă©conomies. Mais une fois le tournage fini, Cardona lui rĂ©vĂšle qu'un souci de pellicule entache toutes les bobines. Le dĂ©but d'un long mystĂšre qui mettra des annĂ©es Ă ĂȘtre rĂ©solu. ParticuliĂšrement touchant, ce documentaire fascine par la personnalitĂ© trouble de sa figure centrale et ce qu'il ressucite d'un puissant dĂ©sir de cinĂ©ma et d'un passĂ© aujourd'hui englouti.
Been So Long (Tinge Krishnan, 2018, 1h40)
Il vient de sortir de prison. Elle est jeune mĂšre cĂ©libataire. Leurs chemins n'auraient pas dĂ» se croiser mais voilĂ qu'ils se retrouvent un soir dans le mĂȘme bar Ă Camden. Le dĂ©but d'un attachement rendu compliquĂ© par le poids du passĂ© de chacun. Cette comĂ©die musicale britannique chantĂ©e non dansĂ©e, au cast attachant, bĂ©nĂ©ficie d'une bande son rĂ©ussie mĂȘlant ballades amoureuses et excursions soul ou hip-hop. Son souci sincĂšre des personnages lui permet mĂȘme d'Ă©chapper Ă certains archĂ©types du genre.
The Night Comes for us (Timo Tjahjanto, 2018, 2h)
Ce film d'action indonésien suit l'histoire d'un tueur d'élite qui, un jour, renonce à servir la bande de gangsters qui l'employait. Menacé de mort, il peut compter sur l'aide inattendue d'une jeune femme qu'il a épargné sur une plage quelques années plus tÎt. Cette suite de scÚnes musclées menées tambour battant avec une esthétique léchée se regarde avec un plaisir assez jubilatoire pour peu qu'on soit sensible aux genres et aux héroïnes badass. Une bonne surprise.
Le Bon ApĂŽtre (Gareth Evans, 2018, 2h10)
De tous les rĂ©cents films de sĂ©rie B mis en ligne par Netflix, c'est sans doute le plus convaincant. En soignant Ă la fois ses personnages et sa trame de thriller avant de dĂ©brider son imagination sanglante, Gareth Evans livre un long mĂ©trage parfaitement haletant autour d'un homme qui s'infiltre au cĆur d'une mystĂ©rieuse secte pour rĂ©cupĂ©rer sa sĆur qui a Ă©tĂ© kidnappĂ©e. L'imagerie horrifique, soutenue par un casting solide (Dan Stevens, Michael Sheen), est suffisamment Ă©trange pour fasciner.
Un 22 Juillet (Paul Greengrass, 2018, 2h25)
AprĂšs Bloody Sunday sur la rĂ©pression sanglante d'une manifestation Ă Derry en Irlande du nord et Vol 93 autour des Ă©vĂ©nements du 11 septembre 2001, le cinĂ©aste Paul Greengrass s'intĂ©resse ici Ă une troisiĂšme tragĂ©die moderne : les attentats d'Oslo et d'UtĂžya qui en 2011 ont fait 77 morts. Le film reconstitue le drame dans une premiĂšre partie oĂč le rĂ©alisateur fait Ă nouveau preuve d'une sĂ©cheresse exemplaire. Puis le propos s'Ă©tiole un petit peu en suivant en parallĂšle la prĂ©paration de la dĂ©fense d'Anders Behring Breivik, dont les avocats souhaitent dans un premier qu'il plaide Ă la folie avant que lui-mĂȘme ne dĂ©cide d'assumer la charge politique de ses actes, et la lente convalescence d'une des victimes touchĂ©e Ă la tĂȘte, traumatisĂ©e. Un 22 juillet n'en reste pas moins un film fort sur le dĂ©fi posĂ© par ces Ă©ruptions sanglantes de haine sur nos dĂ©mocraties comme dans nos vies intimes.
Quincy (Rashida Jones et Alan Hicks, 2018, 2h04)
Ce touchant documentaire corĂ©alisĂ© par une des filles du cĂ©lĂšbre compositeur et producteur s'attache Ă retracer son parcours exceptionnel. NĂ© dans une famille populaire d'une mĂšre atteint de troubles mentaux, Quincy Jones trouve vite le salut dans la musique pour laquelle il montre de vraies prĂ©dispositions. Compositeur novateur mĂȘlant des influences jazz et pop, il ouvrira de nombreuses portes aux musiciens afro-amĂ©ricains jusqu'Ă produire les albums solo qui feront de Michael Jackson la plus grande star de la fin des annĂ©es 1980. Riche de nombreuses archives et anecdotes personnelles, le film peine par moments Ă trouver la distance juste qui l'Ă©loignerait totalement de l'hagiographie.
Une femme de tĂȘte (Haifaa Al Mansour, 2018, 1h38)
Quelques semaines aprĂšs I Feel Pretty, Une femme de tĂȘte vient enfoncer le clou de la comĂ©die au message « body positive ». Soit ici l'histoire de Violet, une publicitaire dont la vie en apparence parfaite vacille le jour oĂč son petit ami lui offre un chien Ă son anniversaire lĂ oĂč elle s'attendait Ă une demande en mariage. De fil en aiguille, c'est toute son existence qui se retrouve remise en cause, symbolisĂ©e par de multiples changements de coiffure qui chapitrent le film. Si certains dĂ©veloppements sont attendus, le ton est enlevĂ©, l'interprĂ©tation de Sanaa Lathan touchante et le propos incitant les femmes Ă dĂ©laisser le culte de la perfection pour mieux s'accepter soi-mĂȘme toujours d'actualitĂ©.
Roe v Wade : la véritable histoire de l'avortement (Ricki Stern et Anne Sundberg, 2018, 1h39)
Le titre français est trompeur. Pour comprendre le vĂ©ritable enjeu de ce documentaire, mieux vaut donc se rĂ©fĂ©rer au titre original : Reversing Roe. Il ne s'agit pas de refaire l'histoire de cet arrĂȘt historique de la Cour suprĂȘme qui lĂ©galisa l'avortement, mais au contraire de mettre en lumiĂšre la vaste opĂ©ration de la droite conservatrice amĂ©ricaine pour parvenir Ă renverser la dĂ©cision et en attendant Ă fragiliser toutes les possibilitĂ©s offertes aux femmes d'avoir le choix. Ainsi, dans de plus en plus d'Ătats Ă majoritĂ© rĂ©publicaine, il n'y a plus qu'un seul Ă©tablissement qui pratique l'avortement. Et le point de bascule Ă la Cour suprĂȘme n'est plus loin. Roe v Wade est porteur d'une incitation Ă se mobiliser pour dĂ©fendre un acquis bien fragile.
Sur ma peau (Alessio Cremonini, 2018, 1h40)
Inspiré d'un faits divers, ce long métrage italien tient tout entier sur un coup de force scénaristique. Incarcéré en prison pour une affaire de stupéfiants, le personnage principal est ensuite baladé de commissariats en hopitaux en tribunaux le corps de plus en plus malmené sans que l'on ne voie jamais l'origine des coups. Une dénonciation puissante du silence de plomb qui pÚse sur les violences policiÚres et carcérales.
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Les Lois de la thermodynamique (Mateo Gil, 2018, 1h40)
On est trÚs trÚs loin de l'intelligence et la grùce du Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais bien sûr, mais Les Lois de la thermodynamique joue avec un amusement certain de la confrontation d'observations scientifiques et de nos comportements amoureux. ManiÚre pour le cinéaste espagnol Mateo Gil de décaler un peu les codes de la comédie romantique sans jamais s'en détourner tout à fait.
Big Fish & Begonia (Xuan Liang, 2018, 1h45)
Riche d'un imaginaire foisonnant qui n'est pas sans rappeler l'univers Ghibli (mais sans la magie d'un Miyazaki), Big Fish & Begonia s'attache aux mĂ©saventures d'un ĂȘtre cĂ©leste sauvĂ© par un humain qui tĂąche ensuite de lui rendre la pareille. Visuellement trĂšs rĂ©ussi, le film pĂšche par une caractĂ©risation un peu limitĂ©e pour finalement toucher grĂące Ă la complexitĂ© des liens qui unissent les diffĂ©rents personnages pris dans une quĂȘte spirituelle presque mĂ©lancolique.
Flavors of Youth (Jiaoshou, Haoling Li et Yoshitaka Takeuchi, 2018, 1h14)
Cette suite de trois courts/moyens mĂ©trage d'animations, produite par le studio Ă qui l'on doit Your Name, a en sa faveur que chacun des films est meilleur que celui qui prĂ©cĂšde. Cette gradation nous emmĂšne donc des souvenirs que fait remonter un plat de nouilles Ă la dĂ©licatesse d'un amour adolescent en passant par les tourments d'une mannequin vieillissante. Des histoires chinoises empreintes d'une forte nostalgie pour la jeunesse qui visent d'abord Ă reconnecter nos personnages au prĂ©sent et aux ĂȘtres aimĂ©s qui les entourent. Un message universel.
Tel pĂšre (Lauren Miller Rogen, 2018, 1h43)
Il y a des partitions rebattues qu'on a dĂ» plaisir Ă rĂ©entendre. Cette comĂ©die signĂ©e Lauren Miller Roger dĂ©roule un air bien connu, soit les retrouvailles de Rachel, executive woman rivĂ©e Ă son Ă©cran, et de son pĂšre qui l'avait abandonnĂ©e vingt-six ans plus tĂŽt. De passage Ă New York, celui-ci assiste incognito au mariage de sa fille et la voit se faire planter Ă l'autel par son fiancĂ©. Une nuit d'ivresse plus tard, les voilĂ tous les deux partis en croisiĂšre pour ce qui aurait dĂ» ĂȘtre un voyage de lune de miel. De ce pitch, on imagine sans difficultĂ© la suite bien sĂ»r, mais le tout est Ă©crit et filmĂ© avec suffisamment de tendresse pour rendre nos deux personnages non seulement attachants mais aussi Ă©mouvants. Le rĂ©sultat surtout d'un casting de choix tant Kristen Bell (The Good Place) et Kelsey Grammer (Boss) tiennent parfaitement leur rĂŽle.
Les Blessures de la médecine (Kirby Dick et Amy Ziering, 2018, 1h40)
Ce documentaire à charge livre un constat trÚs inquiétant sur les instances de la régulation de la médecine américaine. Kirby Dick et Amy Ziering se sont penchés sur le secteur trÚs lucratif des nouvelles technologies médicales (machines, matériaux, procédures...). Et si l'on a tendance à associer avancées techniques et progrÚs, le domaine de la santé exige quelques précautions qui ne sont pas respectées. Les exemples sont nombreux, fournis, avec des conséquences désastreuses pour des milliers de personnes, des femmes bien souvent, dont on ignore ou minimise la souffrance. Dans une des scÚnes les plus fortes du film, les membres de la commission d'approbation de mise en vente d'une procédure qui se révÚlera potentiellement néfaste s'interrogent sur ce qu'il se passerait si, dix années aprÚs leur autorisation, on venait leur dire qu'il y avait de graves effets secondaires. Puis ils se mettent à rire.
I Feel Pretty (Abby Kohn et Marc Silverstein, 2018, 1h50)
Parfait vĂ©hicule pour la comĂ©dienne Amy Schumer, I Feel Pretty dresse le portrait d'une jeune femme mal dans sa peau qui, Ă la suite d'un choc Ă la tĂȘte, s'imagine devenue mince et belle. Sa vie prend alors un tour inattendu. AidĂ©e de seconds rĂŽles savoureux, cette comĂ©die vaut surtout pour la force de son message dĂ©livrĂ© ici avec beaucoup de sensibilitĂ© et d'intelligence Ă dĂ©faut de dĂ©clencher les rires Ă rĂ©pĂ©tition.
Zoe (Drake Doremus, 2018, 1h44)
Les humains seront-ils amenĂ©s Ă vivre un jour des histoires d'amour avec des machines ? Avec son nouveau film Zoe – distribuĂ© par Amazon Prime aux Ătats-Unis, mais Netflix en France —, Drake Doremus adresse cette Ă©pineuse question Ă travers l'attachement naissant qui unit l'inventeur Cole (Ewan McGregor) Ă son premier prototype d'ĂȘtre synthĂ©tique Ă©voluĂ©, Zoe (Lea Seydoux). Mais l'amour peut-il rĂ©ellement surmonter une telle diffĂ©rence ? Ce drame intimiste portĂ© par une performance trĂšs convaincante de la comĂ©dienne française est l'occasion d'interroger en creux ce manque, cette incomplĂ©tude qui caractĂ©risent notre humanitĂ©. Et dont pourrait bien s'affubler Ă l'avenir aussi les intelligences artificielles.
Calibre (Matt Palmer, 2018, 1h41)
Un futur pĂšre de famille et son meilleur ami partent un week-end faire la fĂȘte et chasser dans un coin paumĂ© des Highlands en Ăcosse. Mais pour eux, rien ne se passera comme prĂ©vu. Sur cette trame minimaliste, Matt Palmer construit un rĂ©cit sobre et prenant par sa charge tragique mettant en scĂšne la tension grandissante entre citadins aisĂ©s et habitants revanchards d'une petite communautĂ© reculĂ©e. Un premier film, difficile par endroits, mais prometteur.
La Part obscure (Anthony Byrne, 2018, 1h40)
Une Ă©lĂ©gance toute britannique. Ce thriller signĂ© Anthony Byrne, un rĂ©alisateur nĂ© en Irlande qui a fait essentiellement ses armes Ă la tĂ©lĂ© (on lui doit cette annĂ©e cinq Ă©pisodes de la saison 5 de Peaky Blinders), a tout du travail soignĂ© depuis l'Ă©criture jusqu'Ă la mise en scĂšne en passant par le jeu des acteurs, Natalie Dormer en tĂȘte. La comĂ©dienne aperçue dans Game of Thrones incarne ici une pianiste aveugle qui entend sa voisine du dessus se dĂ©fenestrer Ă la suite d'une dispute. Quelques instants plus tĂŽt, la victime lui avait confiĂ© une mystĂ©rieuse clĂ© USB qui pourrait la mettre en danger. Des rebondissements travaillĂ©s et un fond historique impliquant une page sombre de l'histoire europĂ©enne achĂšvent de faire de cette Part obscure un divertissement parfaitement recommandable.
Petits coups montés (Claire Scanlon, 2018, 1h45)
Cette nouvelle comĂ©die romantique Netflix est un Ă©loge de l'alchimie. Ce petit quelque chose qui sans qu'on sache bien pourquoi efface les petits dĂ©fauts comme par magie. Non seulement la thĂ©matique est au cĆur de cette histoire de deux assistants dĂ©bordĂ©s qui dĂ©cident de caser leurs patrons pour avoir un peu la paix, elle insuffle aussi le charme nĂ©o-classique de ce film signĂ© Claire Scanlon pour lequel le constat s'impose : ça fonctionne. Rythme, punchline, musique, interprĂ©tation (Zoey Deutch est rayonnante)… Tout concorde ici avec une lĂ©gĂšretĂ© bienvenue vers une relecture Ă peine modernisĂ©e (patronat plus inclusif, fraĂźcheur des dialogues…) des canons du genre jusqu'Ă inclure certains poncifs (le meilleur ami gay). Mais s'il y a quelque chose qu'il faut pardonner en amour, ce sont bien les petits dĂ©fauts.
Alex Strangelove (Craig Johnson, 2018, 1h40)
L'engagement de Netflix sur les problĂ©matiques LGBT n'est aujourd'hui plus Ă dĂ©montrer. Il est mĂȘme Ă©tonnant que la plateforme ait Ă©tĂ© devancĂ©e en la matiĂšre sur le terrain de la comĂ©die romantique par Love, Simon, attendu ici dans les salles le 27 juin prochain. Dans Alex Strangelove, il est donc question de dĂ©sir, de sexualitĂ©, mais aussi d'orientation, le personnage principal, Alex Truelove (Daniel Doheny), se trouvant attirĂ© par Elliott (superbe Antonio Marziale) au moment mĂȘme oĂč il doit passer Ă l'acte avec sa petite amie Claire (Madeline Weinstein, sans rapport avec Harvey). Dans la lignĂ©e des teen comĂ©dies Apatow, les personnages sont regardĂ©s avec une juste distance, l'humour se veut gras sans trop faire tache et la thĂ©matique traitĂ©e avec beaucoup de fraĂźcheur et de sensibilitĂ©. Bref, tout ceci se regarde avec beaucoup de sympathie.
Anon (Andrew Niccol, 2018, 1h40)
Il y a vingt ans, Andrew Niccol mettait en scÚne Bienvenue à Gattaca, une dystopie glaçante illustrant le rÎle disrupteur que pourrait tenir à l'avenir la génétique pour l'humanité. Anon en est une forme de déclinaison moderne sur un autre grand sujet d'inquiétude contemporain : l'archivage et l'utilisation des data. Dans ce nouvel univers, chaque information nous concernant, chaque instant est enregistré et stocké en format écrit ou vidéo sur un serveur accessible partout. Mais voilà qu'une hackeuse (Amanda Seyfried) parvient à pénétrer le systÚme et altérer des données de certains clients, parfois en temps réel moyennant finance. Un policier (Clive Owen) est alors chargé de l'approcher. Si le film n'a pas la finesse d'écriture de son illustre prédécesseur, il se démarque par un univers visuel captivant autour de la réalité augmenté et un discours appuyé de défense du droit à la vie privée sans conditions qu'il est sans doute urgent de rappeler.
Mercury 13 (David Sington et Heather Walsh, 2018, 1h19)
«Il faudrait envoyer dans l'espace les personnes les plus qualifiĂ©es.» Au dĂ©but de la conquĂȘte spatiale, ce vĆu pieux fit long feu. Si un programme de test ouvert Ă treize femmes a bien existĂ© au tournant des annĂ©es 1960, celui-ci fut trĂšs vite fermĂ© par la Nasa malgrĂ© des premiers rĂ©sultats de tests d'aptitudes plus concluants que chez les hommes. Riche de nombreux tĂ©moignages, le documentaire Mercury 13 raconte le long combat de ces passionnĂ©es de vol en butte au patriarcat pour obtenir le droit de rejoindre elles aussi les Ă©toiles. Le film s'attarde notamment sur la personnalitĂ© complexe de Jackie Cochran, influente pionniĂšre parmi les pionniĂšres qui finit par prendre le parti des hommes, par calcul personnel et sans doute une pointe de jalousie, ne faisant pas partie des filles sĂ©lectionnĂ©es. Si les SoviĂ©tiques ont envoyĂ© une femme dans l'espace dĂšs 1963. CĂŽtĂ© amĂ©ricain, il faudra attendre 1983.
Come Sunday (Joshua Marston, 2018, 1h45)
Au casting, Danny Glover, Martin Sheen, Jason Segel et Chiwetel Ejiofor. Ce dernier surtout, dans le rÎle principal, offre une performance remarquable dans ce film inspiré de l'histoire vraie du prédicateur Carlton Pearson. Pasteur influent et respecté de sa communauté, celui-ci eut de maniÚre soudaine une révélation qui vint bousculer les dogmes traditionnels de l'église. Sa vision était-elle sincÚre? Ou une maniÚre inconsciente de se décharger d'un poids devenu trop lourd à porter? Le film plonge de maniÚre douloureuse et austÚre dans les mystÚres de la foi, la part de doute qu'elle comporte, prÎnant une tolérance accrue envers ceux qui souffrent d'une lecture rigide des textes.
6 Balloons (Marja-Lewis Ryan, 2018, 1h15)
Abbi Jacobson, rĂ©vĂ©lĂ©e par la sĂ©rie Broad City, et Dave Franco portent joliment ce film modeste qui s'attaque Ă un grave sujet d'actualitĂ©: la crise des opioĂŻdes qui fait des milliers de victimes chaque annĂ©e aux Ătats-Unis. Sauf que plutĂŽt que d'en faire un traitement social classique, Marja-Lewis Ryan dĂ©cale lĂ©gĂšrement le regard recentrant son long mĂ©trage sur une journĂ©e et faisant de la sĆur d'un addict son hĂ©roĂŻne. Fort d'une atmosphĂšre tendre et un peu rĂȘveuse sans rien cacher du drame familial qui se noue autour d'une petite fille, le film donne Ă voir ses doutes, son impuissance, son amour envers son frĂšre. L'onde d'un choc dont l'Ă©picentre Ă©chappe sans cesse.
Une femme d'abord (Uraaz Bahl, 2018, 0h39)
Ce documentaire indien mis en ligne à l'occasion de la journée internationale des droits de la femme s'intéresse au destin exceptionnel de Deepika Kumari. Née dans un village trÚs pauvre, elle s'est découvert enfant un don pour le tir à l'arc. Qui la conduira à devenir à 17 ans vice-championne du monde de la discipline. Seulement voilà , elle ne confirmera par la suite pas tout à fait ses promesses échouant notamment par deux fois à briller à des Jeux olympiques qui lui semblaient promis. Une femme d'abord, c'est l'histoire de ce douloureux échec et de la misogynie encore inhérente au monde sportif. De la schizophrénie de ces championnes dont on attend les plus grandes choses sans jamais cesser de les renvoyer à leur infériorité. Aussi touchant qu'éclairant.
Les Affamés (Robin Aubert, 2018, 1h43)
Les AffamĂ©s de Robin Aubert parvient Ă se jouer avec intelligence des codes du film de zombie. En les affublant d'une allure rĂ©aliste lo-fi, en ouvrant la fuite de ses personnages aux grands espaces et en maniant avec habiletĂ© ses ruptures de ton plongeant peu Ă peu le spectateur dans une ambiance de plus en plus sombre. Le rĂ©alisateur quĂ©becquois prend le temps de poser ses personnages au dĂ©triment de l'action. Un choix payant dans la deuxiĂšme heure oĂč, par petites touches, il dessine une atmosphĂšre singuliĂšre entre dĂ©sespoir et rĂ©silience, portĂ©e par quelques rĂŽles de femmes marquants autour de la performance impeccable de Marc-AndrĂ© Grondin.
Gloria Allred : l'avocate des femmes (Roberta Grossman et Sophie Sartain, 2018, 1h35)
Le documentaire qui tombe Ă pic. Le mouvement #metoo encore brĂ»lant, Netflix propose ce passionnant portrait de l'avocate qui incarne le mieux aux Ătats-Unis le combat contre les violences faites aux femmes. Gloria Allred a notamment jouĂ© un rĂŽle de premier plan dans la mĂ©diatisation des nombreuses victimes du comĂ©dien Bill Cosby, bien avant l'affaire Weinstein. Si sa pugnacitĂ© est depuis longtemps caricaturĂ©e des Simpsons Ă South Park en passant par le «Saturday Night Live», ce documentaire permet de remettre ses sorties les plus mĂ©diatiques en perspective avec un engagement de plus de cinquante ans en faveur de toutes les minoritĂ©s opprimĂ©es. On y mesure le courage et la dĂ©termination d'une fĂ©ministe qui a su utiliser avec intelligence tous les moyens Ă sa disposition afin de permettre au combat pour l'Ă©galitĂ© d'avancer. L'Ćuvre si prĂ©cieuse d'une vie entiĂšrement dĂ©diĂ©e Ă faire Ă©voluer les mentalitĂ©s.
Le Rituel (David Bruckner, 2018, 1h34)
Bonne surprise que ce film d'horreur britannique autour d'une escapade en forĂȘt qui tourne mal. La forte sĂ©quence d'ouverture happe le spectateur et permet de donner du relief Ă la fois aux personnages et Ă la violence qui va suivre, Ă la maniĂšre d'un long cauchemar empreint d'un trauma psychologique. Si le cast (feat. Rob James Collier alias Thomas Barrow dans Downtown Abbey) est solide, notamment Rafe Spall, le film se dĂ©marque surtout par son atmosphĂšre inquiĂ©tante qui, plutĂŽt que de cĂ©der aux jumpscares faciles, prend le temps de creuser avec intelligence son univers, en en dĂ©voilant peu Ă peu les contours et les vĂ©ritables enjeux. Ainsi David Bruckner finit par imposer une imagerie complexe qui ne sombre jamais dans le ridicule ou la facilitĂ©. Une descente aux enfers parfaitement maĂźtrisĂ©e.
Une drĂŽle de fin (David Wain, 2018, 1h41)
Mi-comĂ©die mi-biopic, cet Original signĂ© David Wain s'attaque Ă un monument de la culture amĂ©ricaine largement mĂ©connu de ce cĂŽtĂ©-ci de l'Atlantique: National Lampoon. Soit un magazine humoristique mĂȘlant textes, bandes dessinĂ©es et illustrations, qui connaĂźtra un important succĂšs dans les annĂ©es 1970 au point de se voir dĂ©cliner en livres et en Ă©mission de radio. Et de devenir la principale inspiration du show tĂ©lĂ©visĂ© « Saturday Night Live », qui viendra piller ses talents. Le film s'attache en particulier Ă un de ses fondateurs, Douglas Kennedy, qui sert ici de fil conducteur, de la naissance du magazine Ă Harvard au tournage de Caddyshack, comĂ©die culte avec Bill Murray, dont il cosigna le scĂ©nario. Si Une drĂŽle de fin (A Futile and Stupid Gesture en VO) paraĂźt ne faire qu'effleurer la charge politique et l'importance du mouvement crĂ©Ă© par la publication, que ce soit dans son retentissement ou l'importance des talents rĂ©vĂ©lĂ©s, il donne Ă voir avec une petite once d'irrĂ©verence la dynamique collective Ă l'Ćuvre avec ses forces et ses limites. Le film dessine Ă©galement avec un charme doux-amer le portrait d'une gĂ©nĂ©ration qui a su rĂ©pondre avec un humour ravageur au vide consumĂ©riste et idĂ©ologique qui gagnait alors l'AmĂ©rique.
Voyeur (Myles Kane et Josh Koury, 2017, 1h35)
Au dĂ©part, un article Ă sensation du journaliste Gay Talese pour le New Yorker dans lequel il dĂ©taille l'histoire d'un propriĂ©taire de motel qui espionnait ses clients en cachette par un ingĂ©nieux systĂšme d'aĂ©ration dans le plafond. Voyeur, le documentaire de Myles Kane et Josh Koury, en est Ă la fois le rĂ©sume et le making of. Le journaliste remonte Ă l'origine de son histoire et en prĂ©sente les dĂ©tails les plus croustillants aidĂ© de son personnage. Puis trĂšs vite, le rĂ©cit bifurque pour interroger les motivations du journaliste et de sa source dans une drĂŽle de lutte de pouvoir oĂč chacun essaie de garder le contrĂŽle sur son histoire. Plus globalement, le film au charme troublant questionne notre rapport Ă la vĂ©ritĂ© et Ă son exhibition. Sommes nous prĂȘt Ă rĂ©vĂ©ler tous nos secrets?
Mudbound (Dee Rees, 2017, 2h14)
Ce drame historique suivant le destin de deux familles –une blanche, une noire– installĂ©es dans les annĂ©es 1940 dans le fin fond du Mississippi bĂ©nĂ©ficie de nombreux atouts, Ă commencer par un casting de premier ordre dans lequel on retrouve Garrett Hedlund, Carey Mulligan, Jason Mitchell ou encore la chanteuse Mary J. Blige. Pour son troisiĂšme film, Dee Rees fait preuve d'une belle maĂźtrise de la composition. Ce paysage boueux dans lequel tous s'enfoncent petit Ă petit dans une sorte de douleur sourde est clairement un des personnages centraux au point de donner Ă Mudbound, cette identitĂ© particuliĂšre. TraversĂ© par la Seconde Guerre mondiale, hantĂ© par la question du racisme, le film se veut l'Ă©cho Ă la fois des grandes tragĂ©dies qui secouent l'AmĂ©rique que de drames plus intimes. C'est dans sa narration morcelĂ©e, juxtaposant six voix off comme autant de point de vue, que Mudbound arrive Ă rendre avec plus de force cette logique d'enfermement qui gagne les corps comme les esprits.
Joan Didion, le centre ne tiendra pas (Griffin Dunne, 2017, 1h38)
Avertissement, les fins connaisseurs de la vie et de l'Ćuvre de Joan Didion risquent de ne pas apprendre grand chose de ce documentaire rĂ©alisĂ© par son neveu, l'acteur Griffin Dunne. Ils auront tout de mĂȘme le plaisir de se plonger dans les nombreuses images d'archives retraçant la vie de l'Ă©crivaine amĂ©ricaine et surtout d'entendre sa voix Ă©voquer les mĂ©andres d'une existence dĂ©diĂ©e Ă ses proches et Ă la littĂ©rature. Les autres regretteront Ă coup sĂ»r de ne pas s'ĂȘtre plongĂ©s plus tĂŽt dans une Ćuvre qui Ă©pouse les soubresauts de l'AmĂ©rique des annĂ©es 1960 Ă nos jours, mais aussi de maniĂšre profonde et intime tous ces moments qui font le sel d'une vie. Le centre ne tiendra pas Ă©voque autant ce moment de bascule oĂč le dĂ©sordre gagne la pays au tournant des annĂ©es 1970 que cette folie qui ne cesse de mĂ©nacer nos existences au fil des Ă©preuves conduisant peu Ă peu vers une mort certaine.
Wheelman (Jeremy Rush, 2017, 1h22)
C'est une des belles surprises de cet automne 2017. Cette sĂ©rie B sans prĂ©tention dĂ©marquage de Drive et autre Baby Driver est d'une redoutable efficacitĂ©. Le scĂ©nario est pourtant minimaliste –aprĂšs un braquage ratĂ©, un conducteur en fuite reçoit par tĂ©lĂ©phone de drĂŽles d'ordre menaçants pendant qu'il tente de dĂ©mĂȘler ce qui s'est passĂ©–, mais la mise en scĂšne restreinte autour de la voiture, la montĂ©e en tension et une superbe performance signĂ©e Frank Grillo suffisent Ă nous tenir en haleine du dĂ©but Ă la fin. On en attendait pas tant.
L'un des nĂŽtres (Heidi Ewing et Rachel Grady, 2017, 1h35)
Plongée sans fard dans la communauté juive hassidique de New York, le documentaire L'un des nÎtres en dessine la face sombre à travers le portrait de trois de ses membres qui ont décidé un jour de dire stop et ont été confrontés ensuite aux pires difficultés. Abus en tous genres, mariages forcés, menaces verbales et physiques, séparation forcée des enfants... le film montre de maniÚre brutale à quel point le repli sur soi de ces hommes de foi pour se protéger de la modernité s'accompagne d'un lot de souffrances tues dont il est urgent de briser le silence.
Marsha P. Johnson: histoire d'une légende (David France, 2017, 1h45)
Ce nouveau documentaire Netflix cumule plusieurs films en un, tous passionnants et parfaitement imbriquĂ©s. Il y a la fois du suspense avec la reprise d'une enquĂȘte sur la mort de Marsha P. Johnson, transsexuelle retrouvĂ©e mystĂ©rieusement noyĂ©e un jour de 1992; de l'Ă©motion avec le portrait de cette figure gĂ©nĂ©reuse rayonnante du Greenwich Village tragiquement disparue; de l'histoire avec tout un pan racontĂ© de la lutte LGBT depuis les annĂ©es 1960; et un message politique avec la dĂ©nonciation de la violence dont sont encore victimes les transsexuels aujourd'hui. Un film aussi engagĂ© que touchant sur un sujet auquel Netflix a su donner depuis quelques annĂ©es un large Ă©cho.
Nos Ăąmes la nuit (Ritesh Batra, 2017, 1h47)
Robert Redford, Jane Fonda. C'est un vrai plaisir que de retrouver ce couple de cinéma-là dans Nos ùmes la nuit. PlutÎt que de jouer les codes classiques de la comédie romantique et ses mutltiples obstacles souvent artificiels qui viennent bousculer l'amour de nos deux héros, Ritesh Batra prend le temps de donner une véritable épaisseur à ses personnages qui redécouvrent peu le plaisir de partager sa vie à deux. Un film touchant qui déborde de tendresse sur la vieillesse et la solitude. De Iain Armitage (aperçu dans Big Little Lies) à Matthias Schoenaerts en passant par Judy Greer, les seconds rÎles sont aussi trÚs réussis.
Strong Island (Yance Ford, 2017, 1h47)
En 1992, l'acquittement de quatre policiers impliquĂ©s dans l'affaire Rodney King dĂ©clenche des Ă©meutes sans prĂ©cĂ©dent Ă Los Angeles, mettant en lumiĂšre les tensions raciales qui agitent toujours l'AmĂ©rique. Cette mĂȘme annĂ©e, Ă quelques milliers de kilomĂštres de lĂ , un jeune homme noir meurt tuĂ© d'un tir de carabine dans l'indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale sur l'Ăźle de Long Island au large de Manhattan. Son meurtrier, connu des services de police, ne sera pas poursuivi sur dĂ©cision d'un grand jury composĂ© de… Blancs. DerriĂšre ce faits divers d'une triste banalitĂ©, le rĂ©alisateur Yance Ford donne Ă voir le silence, la colĂšre rentrĂ©e d'une famille endeuillĂ©e, la victime Ă©tant son frĂšre aĂźnĂ© Ă qui le film rend hommage. On mesure peu Ă peu l'onde de choc de l'injustice qui dĂ©truit de l'intĂ©rieur chacun des survivants, confrontĂ© Ă sa propre culpabilitĂ©. Un cri sourd par endroits bouleversant.
Heroin(e) (Elaine McMillion Sheldon, 2017, 39 minutes)
«La capitale de l'overdose en AmĂ©rique». VoilĂ le triste surnom dont est affublĂ©e la ville d'Huntington en Virginie-occidentale. C'est lĂ qu'Elaine McMillion Sheldon a posĂ© sa camĂ©ra pour rendre compte de la catastrophe humanitaire en cours emportant prĂšs d'une personne par semaine. Souvent des jeunes marginalisĂ©s. Si cette plongĂ©e dans l'envers du rĂȘve amĂ©ricain dresse un tableau noir du pouvoir de l'hĂ©roĂŻne, le film donne aussi Ă voir l'inlassable combat de trois femmes pour ramener de nombreuses personnes flirtant dangereusement avec la mort vers la vie. Car fermer les yeux, c'est seulement les condamner en plus.
Icare (Bryan Fogel, 2017, 2h01)
C'est l'histoire d'un tournage complĂštement fou. Un cycliste amĂ©ricain amateur dĂ©terminĂ© Ă rĂ©aliser un documentaire sur le dopage –il s'astreint lui-mĂȘme Ă un rĂšgime proche de celui de Lance Armstrong avec l'objectif de duper tous les contrĂŽles– se trouve soudain Ă collaborer avec Grigory Rodchenkov, le patron de l'agence antidopage russe. Mais voilĂ que quelques mois plus tard, une enquĂȘte de la chaĂźne allemande ARD accuse la Russie d'un systĂšme de dopage contrĂŽlĂ© par l’Ătat. Le film Ă la premiĂšre personne bascule alors vers le thriller et la rĂ©vĂ©lation douloureuse d'un scandale remontant jusqu'au sommet de l'exĂ©cutif russe. Rodchenkov s'en sortira-t-il? Jusqu'oĂč la Russie a-t-elle dupĂ© les autoritĂ©s sportives? Ă dĂ©fier les dieux, on prend toujours le risque de se brĂ»ler les aĂźles.
Counterpunch (Jay Bulger, 2017, 1h31)
La boxe, c'Ă©tait mieux avant? C'est en tout cas le constat amer que fait ce trĂšs beau documentaire consacrĂ© Ă l'Ă©tat de la discipline aujourd'hui aux Ătats-Unis. Jay Bulger pointe avec force la lente disparition d'un esprit olympique, social et solidaire au profit d'un appĂąt du gain qui met en faillite tout logique sportive. Les vrais champions de l'AmĂ©rique dĂ©sormais sont ceux qui perdent avec dignitĂ©.
Shimmer Lake (Oren Uziel, 2017, 1h23)
Ce pur film de scénariste autour d'une histoire de braquage qui finit par mal tourner exploite avec intelligence sa narration qui remonte le temps pour mieux nous en délivrer le mystÚre. Les acteurs et la mise en scÚne sont au diapason d'un premier essai convaincant.
Rodney King (Spike Lee, 2017, 52 minutes)
Spike Lee filme ici le long monologue de l'acteur Roger Guenver Smith (Do The Right Thing, Summer of Sam, American Gangster...) autour de la vie de cet Afro-Américain à l'origine des émeutes de Los Angeles en 1992 aprÚs l'acquittement des policiers qui l'avaient battu aux yeux du monde. Un texte puissant sur un destin accidenté porté par une performance habitée.
Ne t'endors pas (Mike Flanagan, 2017, 1h37)
L'histoire d'un couple qui, quelques annĂ©es aprĂšs avoir perdu son enfant, en adopte un autre aux Ă©tranges pouvoirs. Une approche poĂ©tique et profondĂ©ment humaine du film fantastique servie par une esthĂ©tique soignĂ©e, entre rĂȘve et cauchemar.
Small Crimes (E. L. Katz, 2017, 1h35)
Coscénarisé par Macon Blair, le réalisateur de I Don't Feel At Home In This World Anymore, ce thriller porté par Nikolaj Coster-Waldau (Game of Thrones) emporte l'adhésion par le masochisme avec lequel il traite son personnage tentant de se réinsérer à sa sortie de prison.
Win It All (Joe Swanberg, 2017, 1h26)
Figure centrale du mouvement Mumblecore, Joe Swamberg reste fidĂšle ici Ă son approche lo-fi et impressionniste selon laquelle le personnage transcende le rĂ©cit. Jake Johnson (New Girl), Ă©galement coscĂ©nariste, est attachant en loser accro au jeu en quĂȘte de rĂ©habilitation.
The Discovery (Charlie McDowell, 2017, 1h26)
Robert Redford, Jason Segel, Rooney Mara… Pour son deuxiĂšme film, Charlie McDowell (The One I Love) a vu grand cĂŽtĂ© casting pour cette dystopie oĂč la Terre connaĂźt une folle inflation du nombre de suicides depuis qu'un scientifique a dĂ©clarĂ© avoir des preuves de la vie aprĂšs la mort. Son approche de la science-fiction, ancrĂ©e sur le drame humain, n'en garde pas moins une certaine modestie. Rooney Mara est parfaite, as usual.
Imperial Dreams (Malik Vitthal, 2017, 1h27)
Présenté quelques années plus tÎt à Sundance, ce drame intimiste sur un jeune pÚre afro-américain qui tente de retrouver une vie normale aprÚs sa sortie de prison a fini par traverser l'Atlantique. L'occasion d'admirer la performance poignante de John Boyega.
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I Am the Pretty Thing That Lives in the House (Osgood Perkins, 2016, 1h29)
Sur une plateforme oĂč priment les effets de scĂ©nario, cette histoire de fantĂŽme signĂ©e du fils d'Anthony Perkins tranche par la puissance de son esthĂ©tique qui vire presque Ă l'abstraction (et au vide). Une vraie curiositĂ©.
Jadotville (Richie Smyth, 2016, 1h48)
Jadotville nous replonge avec une belle maĂźtrise dans une page injustement oubliĂ©e de l'histoire, soit l'envoi dans le cadre d'une opĂ©ration des Nations unies de soldats irlandais dans l'Ătat sĂ©cessionniste du Katanga en Afrique, peu aprĂšs l'assassinat de Patrice Lumumba. Sur place, rien ne se passera comme prĂ©vu, au grand dam de ces gardiens de la paix bien Ă©loignĂ©e de leur patrie. Guillaume Canet, en chef des mercenaires, et Emmanuelle Seigner, en descendante de colons, complĂštent l'affiche.
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Barry (Vikram Gandhi, 2016, 1h44)
En s'attachant aux années Columbia du jeune Barack Obama, Vikram Gandhi livre un film touchant sur la difficulté de s'intégrer quand on est le fruit du mélange de deux cultures. Un biopic fin et sensible.
Les Casques blancs (Orlando Von Einsiedel, 2016, 40 min)
Oscar du meilleur court mĂ©trage documentaire, le film d'Orlando Von Einsiedel ouvre une fenĂȘtre sur le quotidien de ces secouristes bĂ©nĂ©voles des zones rebelles en Syrie. Le portrait poignant d'un pays rĂ©silient malgrĂ© la tragĂ©die de la guerre.
Audrie & Daisy (Bonni Cohen & Jon Shenk, 2016, 1h38)
Avant le succÚs de la série 13 Reasons Why, ce documentaire s'intéressait au problÚme douloureux du harcÚlement en ligne en donnant la parole aux victimes et à leurs proches. Un récit particuliÚrement touchant sur l'effet dévastateur d'agressions sexuelles filmées à l'insu de jeunes femmes qui ne finissent plus d'en payer le prix.
Tony Robbins: I Am Not Your Guru (Joe Berlinger, 2016, 1h56)
Ce documentaire signĂ© Joe Berlinger, Ă qui l'on devait dĂ©jĂ un film jubilatoire sur la thĂ©rapie des membres du groupe Metallica, nous plonge au cĆur d'un sĂ©minaire de six jours d'une des stars du dĂ©veloppement personnel aux Ătats-Unis. Le rĂ©sultat, sans aucun jugement, est fascinant, notamment par les tĂ©moignages intenses que Tony Robbins arrive Ă faire accoucher chez ceux qui sont venus l'Ă©couter.
Beasts Of No Nation (Cary Joji Fukunaga, 2015, 2h17)
Pour son tout premier film de fiction labellisĂ© «Original», Netflix n'Ă©tait pas allĂ© Ă la facilitĂ© avec cette histoire Ă la fois touchante et dure d'enfants soldats embrigadĂ©s auprĂšs d'un rebelle charismatique interprĂ©tĂ© par Idris Elba. Toujours juste, le film de Cary Joji Fukunaga, Ă peine sorti de True Detective, portait la promesse d'un cinĂ©ma Ă visĂ©e internationale ambitieux. Joli dĂ©part.
Tig (Kristina Goolsby & Ashley York, 2015, 1h31)
Ce documentaire modeste touche une corde sensible en suivant la comédienne Tig Notaro dans la préparation de son nouveau spectacle. En 2012, tout juste diagnostiquée d'un cancer, elle écrit un one-woman-show sur sa maladie. La bande audio connaßt un important succÚs viral. Des mois plus tard, une fois le traitement terminé, comment faire rire à nouveau quand le corps et l'esprit se remettent à peine? Quelle juste distance trouver avec sa maladie? Quel sens donner à sa vie? Autant de questions joliment effleurées.
Hot Girls Wanted (Jill Bauer & Ronna Gradus, 2015, 1h22)
Sur un sujet choc –les jeunes femmes se lançant dans le porno amateur–, Jill Bauer et Ronna Gradus signent un documentaire Ă la fois alarmant sur l'aviditĂ© d'un systĂšme en constante recherche de chair fraĂźche, et humain par la place laissĂ©e Ă ses actrices en herbe d'exprimer Ă la fois leurs espoirs et leurs dĂ©sillusions. Le film a par la suite Ă©tĂ© dĂ©clinĂ© en sĂ©rie.
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Mitt (Greg Whiteley, 2015, 1h33)
En France, on a eu le film de Yann L'HĂ©noret Les Coulisses d'une victoire sur la campagne Macron vĂ©cue de l'intĂ©rieur. Aux Ătats-Unis, il existe un Ă©quivalent avec Mitt, pour un rĂ©sultat tout diffĂ©rent. Le rĂ©alisateur Greg Whiteley a suivi la famille Romney le temps des deux campagnes perdues de 2008 et 2012. DevancĂ© par McCain pour l'investiture rĂ©publicaine, le candidat est ensuite choisi pour dĂ©fier le prĂ©sident sortant quatre ans plus tard. Une vision de ce qu'est une campagne politique approchĂ©e par la face intime, avec quelques scĂšnes trĂšs fortes, comme ce presque soulagement de ses proches au moment de l'annonce de sa dĂ©faite.
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The Battered Basterds of Baseball (Chapman & Maclain Way, 2014, 1h20)
Autant ce documentaire n'a strictement aucun intĂ©rĂȘt formel, alternant images d'archives et interviews posĂ©es, autant l'histoire qu'il raconte est particuliĂšrement jouissive. Soit, dans les annĂ©es 1970 Ă Portland, le lancement d'une franchise de baseball totalement indĂ©pendante par le passionnĂ© papa de Kurt Russell, avec une armĂ©e de marginaux et autres rejetĂ©s du monde professionnel prĂȘts Ă montrer ce qu'ils valent vraiment. Bien sĂ»r, la sauce prendra comme par magie avant que les tenants de l'ordre viennent siffler la fin de la partie. Passionnant.
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ĂA SE TENTE BIEN (139 films)
Elisa et Marcela (Isabel Coixet, 2019, 1h53)
La rĂ©alisatrice Isabel Coixet raconte ici dans un beau noir et blanc l'histoire, au tournant du XXe siĂšcle, du premier mariage entre personne du mĂȘme sexe en Espagne. Une fresque sensible sur une passion amoureuse contrariĂ©e par l'homophobie.
Des vies en suspens (John Haptas et Kristine Samuelson, 2019, 0h40)
Ce moyen métrage documentaire trÚs classique dans sa forme met en lumiÚre un drÎle de phénomÚne. En SuÚde, de nombreux enfants réfugiés traumatisés par ce qu'ils ont vécu et inquiets pour leur avenir sont gagnés par l'apathie et tombent dans une forme de coma de résignation face à la vie.
Always be my maybe (Nahnatchka Khan, 2019, 1h42)
Cette nouvelle comédie romantique netflixienne met en scÚne deux amis d'enfance qui se retrouvent quinze ans aprÚs. Elle est devenue chef en vue, en couple avec un homme fuyant, lui est un musicien resté prÚs de son pÚre, dont la carriÚre n'a jamais décollé. L'alchimie entre Ali Wong et Randall Park, également co-scénaristes, fonctionne à plein malgré un scénario qui use aussi de certaines facilités.
The Perfection (Richard Shepard, 2019, 1h30)
Lointain cousin du Sex crimes de John McNaughton post Metoo et post Get Out, The Perfection se dĂ©lecte de son scĂ©nario retors autour de l'attraction/rĂ©pulsion de deux prodiges de la musique classique. Allison Williams et Logan Browning tiennent le film, dont on se demande bien oĂč il nous mĂšne, sur leurs Ă©paules jusqu'Ă un final grand-guignolesque qui entĂ©rine le mauvais goĂ»t de ce plaisir coupable.
Joy (Sudabeh Mortezai, 2019, 1h39)
NĂ©e en Allemagne, la rĂ©alisatrice Sudabeh Mortezai a grandi entre l'Iran et l'Autriche. Avec Joy, elle s'intĂ©resse Ă un petit groupe de femmes nigĂ©rianes qui vit de la prostitution en Autriche justement pour tenter de racheter leur libertĂ©. Quitte parfois Ă se faire complice de ce mĂȘme trafic. Une chronique naturaliste qui cherche Ă approcher une rĂ©alitĂ© nuancĂ©e au risque par moments d'une certaine aprĂȘtĂ© du rĂ©cit.
See You Yesterday (Stefon Bristol, 2019, 1h20)
Deux jeunes apprentis scientifiques, C.J. et Sebastian, inventent une machine à remonter le temps. Ils s'en servent pour tenter de déjouer la mort un peu plus tÎt, sous les coups de feu de la police, du grand frÚre de C.J. Au risque de distordre la réalité. Une nouvelle boucle temporelle netflixienne au service d'une teen comédie fraßche et engagée avec légÚreté.
Chroniques de deux restaurants (Trisha Ziff, 2019, 0h29)
Ce documentaire culinaire se veut avant tout porteur d'un message politique de circonstance. Gabriela CĂĄmara, chef rĂ©putĂ© de Mexico, ouvre une nouvelle adresse Ă San Francisco fidĂšle Ă la mĂȘme carte. ManiĂšre de dresser des ponts culturels entre le Mexique etr les Ătats-Unis Ă l'heure oĂč Trump menace cette bonne entente avec son projet de mur. Une aventure humaine autant que gastronomique.
Un week-end Ă Napa (Amy Poehler, 2019, 1h35)
Amy Poehler livre ici son équivalent américain des Petits mouchoirs avec cette histoire de week-end entre copines quinquagénaires ou approchant dans la vallée de Napa, en Californie. Si les personnages sont globalement attachants, ils tirent un peu trop sur la corde du stéréotype le temps d'une suite de séquences d'inégale qualité mettant en avant leur complicité émoussée et leurs petites névroses.
Dry Martina (Che Sandoval, 2019, 1h35)
AprĂšs une torride histoire d'amour de deux ans, Martina a perdu toute libido. Une rencontre va amener cette chanteuse pop argentine Ă se rendre au Chili en quĂȘte de nouveaux dĂ©sirs. Mais sur place tout ne se passe pas comme prĂ©vu. Une comĂ©die dramatique douce amĂšre entre dĂ©pression latente et fantaisie enjouĂ©e.
Une catastrophe n'arrive jamais seule (Patricia Font, 2019, 1h37)
TrompĂ©e publiquement par son mari, virĂ©e de son emploi, une architecte tente de reprendre le contrĂŽle de sa vie en retournant habiter quelque temps chez ses parents. Une quĂȘte de soi qui la poussera Ă rĂ©interroger son passĂ© autant que tenter d'y voir plus clair dans son avenir. Une comĂ©die espagnole gentiment excentrique adaptĂ©e d'un best-seller de Laura Norton.
The Last Summer (William Bindley, 2019, 1h49)
Ce film choral suit les atermoiements de plusieurs jeunes diplÎmés du lycée le temps de l'été précédent leur entrée à l'université. Structuré en bonne partie autour de rencontres amoureuses, il livre une suite de récits d'apprentissage tendrement sensibles qui rappelle un peu les premiers films de Richard Linklater en un brin plus convenus.
C'est ma famille (Hao Wu, 2019, 0h40)
ĂmigrĂ© aux Ătats-Unis, Hao Wu dĂ©cide d'avoir deux enfants de mĂšres porteuses avec son compagnon. Se pose alors la question de savoir comment annoncer la nouvelle (ou pas) Ă sa famille en Chine, dont certains ignorent encore son homosexualitĂ©. Un documentaire intime et touchant sur la difficultĂ© d'ĂȘtre complĂštement soi face au poids des traditions.
Extremely Wicked, shockingly evil and vile (Joe Berlinger, 2019, 1h48)
Ce nouveau film s'attachant à la figure de Ted Bundy partait d'une idée intéressante : se concentrer sur la relation entretenue entre le tueur en série et sa compagne Liz, mÚre célibataire qui refusa pendant longtemps de croire en la réalité de ses crimes. Sauf que comme hypnotisé par la fascination exercée par son objet, le film ne tient pas son sujet retombant trÚs vite dans une reconstitution historique de ses évasions puis de son procÚs en Floride, de maniÚre trÚs fidÚle à en juger aux images d'archives du générique. Reste de solides performances d'un trÚs beau casting : Zac Efron, Lily Collins, John Malkovich, Jim Parsons...
The Wandering Earth (Frant Gwo, 2019, 2h05)
La Terre se rapproche dangereusement de Jupiter promise à une destruction prochaine. Un petit groupe d'astronautes va alors tout faire pour tenter de sauver la planÚte de ce sort fatal, la transformant en véritable engin spatial. SuccÚs phénomÚnal au box-office chinois, ce blockbuster se tient visuellement, offrant au passage quelques belles scÚnes accrocheuses. Dommage que sur la longueur le scénario et la caractérisation des personnages ne soit pas tout à fait à la hauteur de ce divertissement grand spectacle.
Remastered : Devil at the crossroads (Brian Oakes, 2019, 48 minutes)
Ce nouveau volet de la série Remastered s'attache à la figure emblématique du bluesman Robert Johnson, dont la légende dit qu'il doit son talent à un pacte passé avec le diable. Le documentaire didactique aux illustrations soignées s'attache autant à sa vie parsemée de tragédies dans l'Amérique des années 1930 qu'à l'influence déterminante que sa musique a eu sur le blues et le rockn'n'roll bien des décennies aprÚs.
Grass is greener (Fab 5 Freddy, 2019, 1h37)
Ce documentaire ouvertement militant retrace les liens qui ont uni depuis des dĂ©cennies la consommation de cannabis et la musique noire amĂ©ricaine, jazz et rap en tĂȘte. Fab 5 Freddy souligne au passage que derriĂšre la guerre contre cette drogue douce menĂ©e par les autoritĂ©s se cache une attaque frontale contre les Afro-AmĂ©ricains et les Hispaniques qui ont eu plus Ă souffrir des effets de la rĂ©pression que de ceux de l'opiacĂ©s.
Quelqu'un de bien (Jennifer Kaytin Robinson, 2019, 1h32)
Jenny se voit proposer le job de ses rĂȘves Ă San Francisco. Une mutation qui met un terme Ă sa relation longue de neuf ans avec Nate. Peu aprĂšs la rupture, elle se remĂ©more leur histoire passĂ©e et tente de se consoler avec l'aide de ses deux meilleures amies. Une comĂ©die sympathique portĂ©e par un casting plein de charmes (Gina Rodriguez et LaKeith Stanfield en tĂȘte). Dommage qu'Ă de nombreuses reprises le scĂ©nario se complaise dans quelques facilitĂ©s.
Tu emmenerais qui sur une ßle déserte ? (Jota Linares, 2019, 1h33)
Quatre amis qui partagent un appartement depuis des annĂ©es s'apprĂȘtent Ă prendre des chemins sĂ©parĂ©s. Pour leur derniĂšre soirĂ©e, ils font le bilan de leur histoire jusqu'Ă ce que ne commencent Ă sortir les non-dits accumulĂ©s pendant des annĂ©es. Ce drame espagnol mĂ©nage plutĂŽt bien la montĂ©e dramatique qui accompagne la soudaine libĂ©ration de la parole, alcool aidant.
La légende de cocaïne island (Theo Love, 2019, 1h27)
Pendant des annĂ©es, un AmĂ©ricain raconte Ă ses amis une anecdote rocambolesque impliquant un tas de cocaĂŻne cachĂ© sur l'Ăźle de Culebra dans les CaraĂŻbes. AprĂšs la crise financiĂšre de 2008, un des fidĂšles auditeurs se dĂ©cide Ă lancer une opĂ©ration pour tenter de rĂ©cupĂ©rer ce trĂ©sor cachĂ©. Si l'histoire de Rodney Hyden a tous les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires pour livrer un rĂ©cit dĂ©licieusement dĂ©jantĂ©, les partis pris tape Ă l'Ćil de Theo Love alourdissent malheureusement la trame de ce documentaire faussement provocateur mais nĂ©anmoins captivant.
Mirage (Oriol Paulo, 2019, 2h08)
Un soir d'orage, un vieux téléviseur crée une connexion mystérieuse entre un enfant et une jeune femme vivant à des années d'écart. Ce lien inédit défiant l'espace-temps va entraßner une suite de réactions en chaßne qui vont profondément bouleverser leur vie. Sur cette trame fantastique, Oriol Paulo signe un drame existentiel espagnol prenant qui soigne ses rebondissements.
The Dirt (Jeff Tremaine, 2019, 1h48)
The Dirt offre une relecture presque potache (et sans doute bien en-deça de la rĂ©alitĂ©), des frasques du groupe Mötley CrĂŒe. Au programme : sexe, drogue et rock'n'roll donc mais aussi quelques moments qui offrent une vision plus dramatique de cette vie d'excĂšs. Une tentative d'apporter un peu de gravitĂ© qui peine Ă toucher.
Paskal (Adrian Teh, 2019, 1h55)
Ce long métrage d'Adrian Teh à la gloire d'une unité d'élite de la marine malaisienne reprend avec une certaine efficacité les codes du film d'action contemporain sous couvert d'une intrigue de trahison interne inspirée de faits réels.
Bayoneta (Kyzza Terrazas, 2019, 1h41)
Une ancienne gloire de la boxe mexicaine mÚne une vie paisible en Finlande. Une rencontre amoureuse et des soucis financiers le poussent à reprendre le chemin des rings, l'occasion pour lui d'expier un douloureux et mystérieux passé. Ce drame autour d'un homme qui se débat avec sa conscience a le mérite d'une certaine sobriété.
River's edge (Isao Yukisada, 2019, 1h58)
ScĂšnes de sexe explicites, comportements dĂ©viants, zone grise… Ce drame japonais sur un groupe d'adolescents guidĂ© par ses seuls instincts parfois les plus basiques dĂ©tonne dans l'univers Netflix par son Ă©trangetĂ©. AdaptĂ© d'un manga, isao Yukisada y livre une chronique bien noire d'un quatuor de personnages en quĂȘte d'un peu de lumiĂšre au milieu de la noirceur et d'un lent dĂ©litement.
Juanita (Clark Johnson, 2019, 1h30)
Une mĂšre cĂ©libataire prise en tenaille entre un boulot d'infirmiĂšre usant et les soucis que lui causent ses grands enfants n'est pas loin de sombrer dans la folie. Elle dĂ©cide alors sur un coup de tĂȘte de s'octroyer une pause et monte dans un bus pour le Montana. Une sĂ©rie de rencontres lui permet alors d'envisager sa vie sous un nouveau jour. PortĂ© par une belle performance de l'actrice Afre Woodard, Juanita met en lumiĂšre un personnage que l'on voit peu au cinĂ©ma. Dommage que l'ensemble se laisse aller Ă quelques facilitĂ©s.
Le garçon qui dompta le vent (Chiwetel Ejiofor, 2019, 1h53)
Pour son premier long métrage comme réalisateur, l'acteur britannique et nigérian Chiwetel Ejiofor (12 Years a Slave...) s'est intéressé à l'histoire vraie de William Kamkwamba, un jeune garçon originaire du Malawi qui, privé d'école à cause du manque de moyens de ses parents, a tenté de trouver dans les livres un moyen d'aider son village en pleine crise politique et alimentaire. Une chronique familiale sensible autour d'un récit quelque peu édifiant.
Le Photographe de Mauthausen (Mar Tagarona, 2019, 1h50)
Déjà adaptée en BD, l'histoire vraie du photographe de Mauthausen raconte l'obsession d'un prisonnier espagnol du camp de concentration, Francisco Boix, employé au service identification, pour immortaliser par l'image tout ce qui s'y déroulait. Il cacha par tous les moyens des négatifs qui permirent aprÚs la Libération de témoigner de l'horreur. TrÚs classique dans sa forme, le film de Mar Tagarona a le mérite de mettre en lumiÚre ce destin singulier et la cruauté ordinaire de la vie du camp.
Firebrand (Aruna Raje, 2019, 1h56)
Dédié aux victimes de violence sexuelle, Firebrand s'attache à un personnage d'avocate qui défend avec brio le droit des femmes en cas de séparation, mais se retrouve rattrapée dans sa vie personnelle par le traumatisme d'un viol. Au point que son couple se retrouve un jour menacé. Un touchant film indien qui malgré quelques longueurs traite avec sensibilité d'un sujet difficile.
Paris est Ă nous (Elisabeth Vogler, 2019, 1h24)
C'est l'histoire d'un couple et d'une Ă©poque en crise. D'un moment de flottement, de doute, oĂč tous les repĂšres vacillent. TournĂ© dans le Paris de l'aprĂšs 13-Novembre, le film d'Elisabeth Vogler saisit quelque chose de cet Ă©tat de stupeur et d'abattement qui a accompagnĂ© ces annĂ©es-lĂ . Jusqu'Ă la rĂ©pression policiĂšre qui s'abat sur les manifestants. Les interrogations existentielles de notre hĂ©roĂŻne sont racontĂ©es en voix off sur une succession d'images Ă la qualitĂ© presque par moments plus documentaire que purement esthĂ©tique. Ce qui donne Ă la fois une fraĂźcheur au film, que renforce le charme de NoĂ©mie Schmidt, mais aussi une certaine pesanteur. Paris est Ă nous se dĂ©lite doucement dans sa deuxiĂšme partie dans un labyrinthe ouvertement lynchien entre rĂȘve et rĂ©alitĂ©, vie et mort, pour in fine redĂ©fendre quelque chose de la croyance. MalgrĂ© ses fragilitĂ©s, c'est ce qui fait encore la valeur de ce cinĂ©ma-lĂ .
Paddleton (Alexandre Lehmann, 2019, 1h29)
Trois ans aprĂšs le superbe Blue Jay, le rĂ©alisateur Alexandre Lehmann et l'acteur et scĂ©nariste Mark Duplass collaborent de nouveau. On retrouve dans ce nouveau face Ă face entre deux personnages les mĂȘmes qualitĂ©s d'Ă©criture autour d'une note sensible qui touche Ă nos fĂȘlures, Ă quelque chose de la vie qui passe et nous laisse doucement sur le cĂŽtĂ©, mais la gravitĂ© du sujet (un homme atteint d'un cancer incurable se prĂ©pare Ă se donner la mort, aidĂ© de son voisin et meilleur ami) alourdit le propos, rendant l'ensemble un brin terne.
Les RÚgles de notre liberté (Rayka Zehtabchi, 2019, 0h25)
NommĂ© Ă l'Oscar du court documentaire, Les RĂšgles de notre libertĂ© nous emmĂšne dans un village reculĂ© en Inde oĂč des femmes fabriquent des serviettes hygiĂ©niques malgrĂ© la stigmatisation qui touche Ă tout ce qui Ă voir avec la menstruation. Un message d'espoir engagĂ© qui documente une libĂ©ration de la parole et une volontĂ© de se rĂ©approprier son propre corps malgrĂ© la persistance d'une forte culture patriarcale.
L'Arbre de sang (Julio Medem, 2019, 2h10)
Le réalisateur de Lucia et le sexe signe ici un drame proche de l'univers des derniers Almodovar autour d'un couple qui se rend quelques jours dans une maison pour écrire à quatre mains leur histoire familiale. Mensonges et secrets remontant à l'enfance sont mis sur la table, menaçant peu à peu l'édifice conjugal. Un film prenant qui pÚche par endroits par maladresse aussi bien dans le jeu, l'écriture ou la mise en scÚne.
Dear ex (Mag Hsu et Hsu Chih-yen, 2019, 1h40)
à la mort de son pÚre, un jeune homme se rapproche de l'amant de celui-ci, principal bénéficiaire de l'assurance-vie du défunt. Ce, malgré les récriminations de sa mÚre, qui vit cette nouvelle amitié comme une trahison. Cette chronique familiale sensible en provenance de Taïwan ne manque pas de fraßcheur dans le jeu, l'écriture ou dans la mise en scÚne mais se perd un peu dans l'agencement entre les flashbacks et sa narration au présent.
Soni (Ivan Ayr, 2019, 1h37)
Harcelée une nuit dans la rue, une policiÚre fait usage de la force pour se défendre. S'en suivent une série de sanctions qui posent un cas de conscience à sa supérieure hiérarchique chargée de lutter contre les crimes dont sont victimes les femmes. Ce sobre drame indien pose avec acuité un regard critique sur les discriminations dont souffrent de nombreuses femmes dans le pays.
High Society (Byeon Hyeok, 2019, 2h17)
Un jeune couple glamour et ambitieux se lance dans une Ăąpre course vers le pouvoir. Lui est un universitaire qui candidate pour un poste Ă l'assemblĂ©e nationale. Elle travaille comme conservatrice adjointe dans une galerie et aimerait prendre du galon. Mais la route est sinueuse et complexe pour intĂ©grer une caste des puissants qui ne voit pas forcĂ©ment d'un bon Ćil leur ascension. Tous les coups sont permis dans cet intĂ©ressant drame corĂ©en qui a tout de mĂȘme le dĂ©faut de traĂźner en longueur.
Close (Vicky Jewson, 2019, 1h34)
Sam Carlson, une garde du corps spĂ©cialisĂ©e dans les missions Ă haut risque se retrouve chargĂ©e d'accompagner au Maroc Zoe, une riche hĂ©ritiĂšre en conflit avec sa belle-mĂšre, peu aprĂšs la mort de son pĂšre. Sur place, la jeune femme est victime d'une tentative de kidnapping forçant Sam Ă prendre la situation en main. InspirĂ© en partie de la vie d'une vraie garde du corps, Jacquie Davis, Close se pose comme un honnĂȘte thriller rĂ©aliste (et parfois un peu trop attendu) portĂ© par la performance de Noomi Rapace.
Destination IO (Jonathan Helpert, 2019, 1h36)
Un cataclysme climatique a ravagé la Terre et la quasi totalité de la population a fui vers Io, un des satellites de Jupiter. Les animaux ont disparu de la surface de la planÚte, l'air est devenu quasi irrespirable. A l'approche du tout dernier départ, Sam tente de vérifier si la vie n'est définitivement plus viable sur Terre ou s'il reste un dernier espoir quand apparaßt Micah, un des tous derniers humains restants, candidat au départ. PlutÎt qu'une approche spectaculaire, Jonathan Helpert donne à voir et entendre la mélancolie d'un monde sur le point de disparaßtre, emportant avec lui des siÚcles de culture vers l'oubli.
Godzilla : le dévoreur de planÚte (Hiroyuki Seshita et Kobun Shizuno, 2019, 1h30)
Ce troisiĂšme et dernier volet conclut de maniĂšre solide cette adaptation anime de Godzilla. AprĂšs l'Ă©chec pour renverser la bĂȘte destructrice, lors du prĂ©cĂ©dent chapitre, les humains sont tentĂ©s de faire appel Ă un autre monstre qu'ils contrĂŽleraient pour gagner la partie. Une mĂ©ditation sur l'Ă©tat de notre civilisation et les sacrifices nĂ©cessaires ou non Ă faire pour maintenir Ă flot notre humanitĂ©.
Cuando los angeles duermen (Gonzalo Bendala, 2018, 1h31)
Nuit de cauchemar pour un agent d'assurance qui aprÚs avoir manqué l'anniversaire de sa fille commence à s'endormir au volant de sa voiture qui le ramÚne chez lui. Un accident le pousse peu à peu dans un engrenage qui met à l'épreuve son humanité. S'il ne déborde pas d'originalité, ce thriller espagnol tient plutÎt bien sa trame de bout en bout.
Struggle : La Vie et l’art perdu de Szukalski (Ireneusz Dobrowolski, 2018, 1h44)
Ce documentaire revient sur la vie et l'Ćuvre de StanisĆaw Szukalski, un sculpteur polonais Ă©migrĂ© aux Ătats-Unis au dĂ©but des annĂ©es 1940 Ă la personnalitĂ© profondĂ©ment loufoque. Nationaliste sans patrie, thĂ©oricien d'une Ă©trange histoire de l'humanitĂ© – le zermatisme – remontant Ă l'Ăźle de PĂąques et au DĂ©luge, il fascina Ă compter des annĂ©es 1970 une petite frange de l'underground californien qui aida Ă la reconnaissance de son travail artistique et de sa pensĂ©e. Portrait bienveillant, Struggle raconte aussi en filigrane l'histoire d'un homme qui s'est peu Ă peu rĂ©conciliĂ© avec la vie.
Dumplin' (Anne Fletcher, 2018, 1h50)
Cette comédie américaine sur une adolescente un peu ronde qui s'inscrit à un concours de miss pour défier les diktats de la société et sa mÚre (Jennifer Aniston), organisatrice en chef et éternelle reine de beauté, doit beaucoup au charme de Danielle MacDonald dans le rÎle principal. Et à sa passion pour Dolly Parton. L'ensemble est touchant mais semble vite regagné par un certain clacissisme qui affadit légÚrement le propos.
Remastered : who killed Jam Master Jay ? (Brian Oakes, 2018, 0h58)
Le troisiĂšme volet de la sĂ©rie documentaire Remastered se penche sur l'assassinat le 30 octobre 2002 du DJ du groupe Run-D.M.C. S'il rappelle bien entendu le rĂŽle clĂ© qu'a jouĂ© le New-yorkais dans le mouvement de popularisation du hip-hop, le film s'attarde surtout les mystĂ©rieuses circonstances de sa mort – Jam Master Jay fut tuĂ© par balle dans un studio d'enregistrement – et tente de dĂ©construire les diffĂ©rentes pistes criminelles envisagĂ©es.
Rajma Chawal (Leena Yadav, 2018, 1h58)
Pour reprendre langue avec son fils, un pĂšre usurpe sur Facebook l'identitĂ© d'une jolie jeune femme et entame un dialogue virtuel avec lui. Mais un jour l'aspirant chanteur croise dans la rue sa fameuse «correspondante». Cette comĂ©die romantique indienne basĂ©e sur une suite de quiproquos plus ou moins attendus se joue avec amusement du choc des gĂ©nĂ©rations et bĂ©nĂ©ficie d'une bande-son rĂ©ussie qui apporte ici un petit plus de vitalitĂ©.
Crossroads : One Two Jaga (Namron, 2018, 1h21)
Film choral, Crossroads : One Two Jaga suit une galerie de personnages (policiers, immigrĂ©s, entrepreneurs…) liĂ©s par une mĂȘme histoire Ă Kuala Lumpur, la capitale de la Malaisie. Le tout sur fond d'exploitation Ă©conomique et de corruption. Une vision tendue et dĂ©sabusĂ©e aux airs de tragĂ©die du quotidien qui rappelle un peu le cinĂ©ma du Philippin Brillante Mendoza.
Battle (Katarina Launing, 2018, 1h38)
Cette comĂ©die dramatique qui nous vient de NorvĂšge met en scĂšne Amalie, une jeune danseuse classique des quartiers huppĂ©s dont la vie bascule le jour oĂč son pĂšre est rattrapĂ© par d'importants soucis financiers. Elle fait alors la rencontre d'Aksei, un danseur hip-hop qui lui ouvre les portes d'un nouveau monde. Si le film n'est pas exempt de clichĂ©s, il donne corps avec vigueur au conflit de son hĂ©roĂŻne tiraillĂ© entre le confort de son milieu et une soudaine soif de libertĂ©.
Ma Vie aprĂšs toi (Joanna Lombardi et Bruno Ascenzo, 2018, 1h44)
Si vous avez aimĂ© la premiĂšre saison de Plan CĆur, la sĂ©rie française de Netflix, ce Ma vie aprĂšs toi est sans doute fait pour vous. Ce film pĂ©ruvien joue de la mĂȘme maniĂšre des insignes de la modernitĂ© pour tenter de twister un peu les codes de la comĂ©die romantique. Soit l'histoire d'une jeune femme qui se trouve une nouvelle colocataire et se lance dans l'Ă©criture d'un blog sur le cĂ©libat pour tenter de conjurer une douloureuse rupture sentimentale. Jusqu'Ă rencontrer un succĂšs inattendu.
Les Chroniques de Noël (Clay Kaytis, 2018, 1h44)
Le charisme de Kurt Russell en PÚre Noël rock'n'roll qui voit sa livraison annuelle perturbée par deux enfants fait beaucoup pour Ces Chroniques de Noël. L'acteur fétiche de John Carpenter a la juste distance pour donner un peu de mordant amusé à une histoire qu'on aurait autrement bien volontiers réservé à un public plus jeune.
La Tribu (Fernando Colomo, 2018, 1h30)
Cette comĂ©die espagnole sympathique se penche sur les mĂ©saventures d'un DRH peu scrupuleux qui tente de mettre fin Ă ses jours aprĂšs ĂȘtre devenu la risĂ©e de tout le pays Ă la suite d'une malencontreuse vidĂ©o postĂ©e sur YouTube. AmnĂ©sique, il retrouve sa mĂšre biologique qui l'avait abandonnĂ©. Celle-ci fait partie avec d'autres mĂ©nagĂšres de son Ăąge d'un club de danse dans lequel il trouve peu Ă peu sa place. Le cast attachant porte un gĂ©nĂ©reux discours social porteur de valeurs de solidaritĂ© et de dignitĂ©.
The Holiday Calendar (Bradley Walsh (II), 2018, 1h35)
Avec The Holiday Calendar, la saison netflixienne des films de NoĂ«l 2018 est lancĂ©e. Non sans un certain charme par la grĂące d'un calendrier de l'Avent qui chaque jour envoie un signe du destin Ă Abby, une jeune femme cĂ©libataire coincĂ©e dans un emploi de photographe de studio qui ne lui plaĂźt guĂšre. Les indices la mĂšnent Ă rencontrer un jeune docteur au moment oĂč son ami d'enfance est de retour en ville aprĂšs des mois de voyage. Une version inclusive et gentiment premier degrĂ© d'un genre pour le reste rĂ©glĂ© comme du papier Ă musique.
A.X.L. (Oliver Daly, 2018, 1h38)
Ătrange film que cet A.X.L. comme au croisement de deux univers. D'un cĂŽtĂ©, le monde de jeunes bikers marquĂ© par la rivalitĂ© entre un fils Ă papa et l'autodidacte Miles. De l'autre, une histoire de chien drone bĂąti Ă des fins militaires lĂąchĂ© en pleine nature pour apprendre. Ă dĂ©faut de fonctionner Ă plein, cet hybride de film de science-fiction et de teen movie se suit avec curiositĂ©.
Jefe (Sergio BarrejĂłn, 2018, 1h29)
ComĂ©die de la crise Ă©conomique, ce Jefe espagnol met en scĂšne un personnage antipathique de patron imbus de lui-mĂȘme et de son pouvoir qu'une sĂ©rie d'Ă©preuves et la rencontre avec la touchante employĂ©e au mĂ©nage vont peu Ă peu faire vaciller. Une satire pas toujours fine de la corruption des Ăąmes et de l'aveuglement des puissants.
Illang : la brigade des loups (Kim Jee-woon, 2018, 2h20)
DĂ©ception que cet Illang dont on pouvait espĂ©rer beaucoup mieux. D'une part parce que Kim Jee-Woon avait su marquer les esprits avec Le Bon, la Brute et le CinglĂ© ou J'ai rencontrĂ© le Diable. D'autre part, parce que le un scĂ©nario beaucoup trop long qui noie progressivement l'intĂ©rĂȘt qu'on avait pour les personnages et les problĂ©matiques posĂ©es relatives Ă l'autoritĂ© et ses abus. Reste malgrĂ© tout une mise en scĂšne, elle, plutĂŽt inspirĂ©e. Dommage.
Errementari : le forgeron et le diable (Paul Urkijo, 2018, 1h39)
Ce film basque prend les formes d'un conte qui met en scÚne une jeune orphmatériau est inspiré ici de Jin-Roh, un film d'animation réussi sorti en 1999. Sauf que l'adaptation live déplacée en Corée de cette histoire d'une unité spéciale de la police créée pour contrer un groupe rebelle qui sÚme la terreur afin de s'opposer à la réunification en cours du Nord et du Sud prend l'eau de toutes parts. La faute à eline, un forgeron et un envoyé du diable dans un contexte comme moyenùgeux. Un traitement trÚs premier degré donne un certain charme et de la personnalite à ce film macabre dont l'imagerie dépasse par moments les frontiÚres du kitsch entre ridicule et étrange fascination.
Les féministes, à quoi pensaient-elles ? (Johanna Demetrakas, 2018, 1h26)
DerriÚre ce titre un tantinet étrange se cache un documentaire qui s'intéresse à quelques grandes figures féministes américaines des années 1970. Johanna Demetrakas est repartie d'un livre de photos de 1977 de Cynthia McAdams qui célébrait ces personnalités marquantes pour les interroger sur leur enfance, ce qui motivait leur combat ou la perception qu'elles en ont aujourd'hui. Une introduction plus incarnée qu'approfondie aux questions qui agitent encore la société aujourd'hui.
ReMastered : who shot the sheriff ? (Kief Davidson, 2018, 0h57)
Ce premier épisode de la série de documentaires musicaux ReMastered revient sur la tentative d'assassinat dont a été victime Bob Marley sur scÚne en Jamaïque en 1976. L'occasion de s'attarder sur la carriÚre du chanteur reggae au succÚs international et dessiner le portrait d'une ßle au destin politique tourmenté sur fond de rivalités entre bande. AprÚs l'incident, l'attachement de Bob Marley à la Jamaïque fut bouleversé à tout jamais.
Reviens (Kabir Bhatia, 2018, 1h58)
Une vieille femme à l'aube de sa mort se confie auprÚs de son petit-fils sur un amour de jeunesse qui ne cesse de la hanter. Elle lui demande de partir sur les traces de cet homme qui des années plus tÎt a fait le choix de s'exiler. Un film malais touchant qui plonge dans les méandres de l'histoire et de la mémoire.
Opération finale (Chris Weitz, 2018, 2h03)
Oscar Isaac, Ben Kingsley, MĂ©lanie Laurent… Le casting de ce film historique vaut Ă lui seul le dĂ©tour. OpĂ©ration finale raconte comment le Mossad au dĂ©but des annĂ©es 1960 a enlevĂ© Adolf Eichmann en Argentine pour permettre qu'il soit jugĂ© en IsraĂ«l. Si le face Ă face entre le fonctionnaire nazi et le rescapĂ© de l'horreur est prenant, l'ensemble manque un peu de souffle et de mordant pour emporter totalement le morceau.
Le TroisiĂšme Ćil (Rocky Soraya, 2018, 1h47)
Une jeune fille comprend peu à peu qu'elle a le pouvoir de voir les fantÎmes de personnes décédées. Mais pourquoi ont-ils décidé de hanter la maison de son enfance ? Sur un scénario somme toute assez classique, ce film d'épouvante indonésien signé Rocky Soraya donne corps dans ces meilleures scÚnes à une imagerie prenante.
Deux Catalogne (Gerardo Olivares et Ălvaro Longoria, 2018, 1h56)
Ce documentaire se penche sur la crise politique qui oppose les partisans d'une Catalogne indépendante et le pouvoir central, avec un trÚs fort raidissement des positions depuis un peu plus d'un an. S'il donne parfaitement à entendre les arguments de chacun et le défi démocratique posé, le film perd de sa force à rendre compte en détail de chaque micro péripéties.
Lettres de Dunblane : retour sur une fusillade (Kim A. Snyder, 2018, 0h23)
En 2012, aux Ătats-Unis, une fusillade au cĆur de l'Ă©cole primaire de Sandy Hook fait 20 morts. Le prĂȘtre de la ville reçoit alors une lettre d'un autre prĂȘtre, Ă©cossais, qui partage avec lui cette expĂ©rience difficile d'un deuil impossible. Lui-mĂȘme a fait face aux mĂȘmes Ă©preuves en 1996 Ă Dunblane. Ce court mĂ©trage donne Ă entendre leur touchante correspondance et cette douloureuse quĂȘte d'un peu de lumiĂšre et d'apaisement face Ă l'adversitĂ©.
L'ange du Mossad (Ariel Vromen, 2018, 1h45)
Ce thriller historique est inspirĂ© de l'histoire vraie d'Ashraf Marwan. Gendre du prĂ©sident Ă©gyptien Nasser, il servait en parallĂšle au tourant des annĂ©es 1970 d'informateur pour IsraĂ«l tentant d'empĂȘcher par tous les moyens une escalade de la violence dans la rĂ©gion. Si L'Ange du Mossad ne brille pas par l'Ă©clat de sa mise en scĂšne, le scĂ©nario basĂ© autour des Ă©vĂ©nements de la guerre de Kippour se suit sans dĂ©plaisir.
Sierra Burgess is a loser (Ian Samuels, 2018, 1h45)
Le personnage de la jeune intello introvertie qui fait alliance avec la plus jolie fille du lycĂ©e pour dĂ©crocher chacune l'homme de leur rĂȘve Ă©tait prometteur sur le papier. Dans les faits ça donne une comĂ©die romantique attachante en plein d'endroits mais aussi dĂ©bordants de petites maladresses et autres mauvases ficĂšles scĂ©naristiques qui font de Sierra Burgess is a loser une entrĂ©e trĂšs moyen de gamme du genre.
La Femme la plus assassinée du monde (Franck RibiÚre, 2018, 1h45)
Ce film historique inspiré en partie de la vie de Paula Maxa, une actrice de grand guignol de l'Entre-deux-guerres à Paris mise à mort prÚs de 30 000 fois sur scÚne, respire l'amour des séries B d'épouvante. Mais plutÎt que d'aborder le genre frontalement, Franck RibiÚre sonde le trouble d'une comédienne (brillante Anna Mouglalis) confrontée soir aprÚs soir à la peur et l'angoisse et rend hommage au travail d'effets spéciaux de Paul Ratineau, dont on utilise toujours le sang artificiel au cinéma et au théùtre aujourd'hui. Dommage que l'intrigue principale et ses ramifications autour du journaliste sobrement interprété par Niels Schneider peine à pleinement emporter le spectateur malgré un travail convaincant pour restituer l'atmosphÚre de cette scÚne à part.
Nouvelle génération (Kevin R. Adams et Joe Ksander, 2018, 1h45)
La morale et l'intrigue de ce film d'animation américain inspiré d'un manga chinois ne brillent pas par leur originalité. Nouvelle génération suit l'histoire d'une jeune fille sans pÚre et solitaire qui trouvera à se réconcilier avec la vie grùce à l'amitié d'un robot pas comme les autres. La paire en profitera pour affronter un complot visant à envahir la planÚte de machines malveillantes. L'action est plutÎt bien menée et les robots ont un design attachant. On est toutefois encore bien loin du standard de qualité Pixar.
City of joy (Madeleine Gavin, 2018, 1h16)
D'un sujet grave – les (trop) nombreuses victimes de viols et de violences sexuelles en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo –, Madeleine Gavin tire un documentaire porteur d'espoir sur la nĂ©cessitĂ© de permettre Ă ces femmes de se rĂ©concilier avec leur corps et leur capacitĂ© Ă tourner cette page douloureuse dans la joie. Un exemple inspirant de rĂ©silience autant qu'un appel Ă la communautĂ© internationale Ă ne plus dĂ©tourner le regard sur cette situation dramatique.
Perdida (Alejandro Montiel, 2018, 1h43)
En Patagonie, une adolescente disparaĂźt un soir aprĂšs une virĂ©e dans un bar entre amies. Des annĂ©es aprĂšs, l'une d'entre elles, devenue policiĂšre, se dĂ©cide Ă relancer l'enquĂȘte visant Ă savoir ce qui s'est vraiment passĂ©e cette nuit-lĂ . MalgrĂ© une mise en scĂšne un peu plate, ce polar ibĂ©rico-argentin s'appuie sur de forts personnages fĂ©minins pour dessiner de maniĂšre rĂ©aliste un monde corrompu par la violence des hommes.
El Autor (Manuel MartĂn Cuenca, 2018, 1h54)
TrompĂ© par sa femme qui vient de publier un roman remarquĂ©, un notaire dĂ©cide de tout plaquer pour rĂ©aliser son rĂȘve d'Ă©crire lui-mĂȘme un livre. Il se lie alors avec ses nouveaux voisins et s'immisce peu Ă peu dans leur vie pour donner corps Ă ses personnages. Un petit jeu pervers et de plus en plus dangereux. S'il manque d'un poil de dĂ©mesure, ce film espagnol sur les affres de la crĂ©ation se regarde avec plaisir de bout en bout, dessinant en creux une galerie de personnages rĂ©ussies sur fond de crise.
Zion (Floyd Russ, 2018, 0h11)
Ce documentaire d'une dizaine de minutes seulement nous prĂ©sente Zion Clark, un lutteur amĂ©ricain nĂ© sans jambes qui a Ă©tĂ© abandonnĂ© par ses parents peu aprĂšs sa naissance avant de passer de famille d'accueil en famille d'accueil jusqu'Ă finalement ĂȘtre adoptĂ© Ă l'Ăąge de 16 ans et trouver Ă s'accomplir dans le sport. Une certaine idĂ©e touchante de la rĂ©silience.
Extinction (Ben Young, 2018, 1h35)
Avouons-le, tout l'intĂ©rĂȘt de ce film de science-fiction tient sur son twist qui donne soudain un peu d'intĂ©rĂȘt et de propos Ă une sĂ©rie B jusque-lĂ plutĂŽt terne. Soit l'histoire de Peter, un pĂšre de famille hantĂ© par des images d'invasion d'une force mystĂ©rieuse venant jusqu'Ă menacer sa famille. MalgrĂ© l'angoisse qu'elles font peser sur son foyer, lui veut voir dans ses visions le signe annonciateur d'une catastrophe Ă venir. Son pire cauchemar serait-il sur le point de devenir rĂ©alitĂ© ?
L'Avertissement (Daniel Calparsoro, 2018, 1h32)
Ce thriller confirme l'intĂ©rĂȘt grandissant de Netflix pour les productions espagnoles Ă la suite du succĂšs de La Casa del Papel. S'il est question d'un braquage ici, celui-ci tourne rapidement au drame laissant le meilleur ami de notre protagoniste principal aux portes de la mort. Essayant de comprendre les circonstances du drame, Jon dĂ©couvre une sĂ©rie de faits divers ayant lieu Ă intervalle irrĂ©gulier tous le mĂȘme jour au mĂȘme endroit. Son ami est-il victime d'une malĂ©diction ou lui-mĂȘme est-il en train de devenir fou ? L'Avertissement se suit de bout en bout avec plaisir grĂące Ă un scĂ©nario malin qui enchevĂȘtre les fils et les pistes narratives pour ne livrer son secret qu'Ă la fin.
Father of the Year (Tyler Spinde, 2018, 1h34)
Tout juste diplÎmé de l'université, Ben est destiné à un emploi prometteur à New York quand il retourne avec son meilleur dans la ville de leur enfance voir son pÚre. C'est alors que les ennuis commencent mettant en péril tout ce qu'il a construit. Cette comédie catastrophe à l'humour volontairement potache se démarque par un esprit bon enfant assez communicatif. Pour ne rien gùcher, la sous-intrigue romantique du film offre à Bridgit Mendler une rÎle plus que séduisant de girl next door particuliÚrement enjouée.
How It Ends (David M. Rosenthal, 2018, 1h53)
Cette nouvelle dĂ©clinaison post-apocalyptique ne va pas sans son lot de frustrations. TrĂšs vite, on peine Ă voir oĂč le film veut en venir, le rĂ©cit prisonnier d'une succession d'obstacles qui tire sur la rĂ©pĂ©tition. Sans compter une fin bĂąclĂ© qui cherche une sortie par le vide. Ce sous Walking Dead peut nĂ©anmoins compter sur une certaine atmosphĂšre et deux belles performances d'acteurs, Forest Whitaker apportant notamment une Ă©paisseur remarquable Ă ce personnage de pĂšre aimant jusqu'Ă en devenir vĂ©ritablement menaçant.
Godzilla, la ville Ă l'aube du combat (Hiroyuki Seshita et KĆbun Shizuno, 2018, 1h41)
Ce deuxiĂšme volet d'une trilogie d'anime japonais autour du monstre lĂ©gendaire a les qualitĂ©s et les dĂ©fauts du premier. Les aventures de nos hĂ©ros en mal d'une planĂšte hospitaliĂšre de retour sur Terre pour dĂ©faire la bĂȘte dĂ©peignent avec prĂ©cision les enjeux dramatiques liĂ©s Ă la rencontre d'une tribu de survivants qui vivent enfouis relĂ©guant l'action seulement Ă la toute fin du film. Le titre annonce la couleur, nous ne sommes bien lĂ qu'Ă l'aube du combat.
My Deer Hunter Dad (Jody Hill, 2018, 1h23)
Cette comĂ©die autour d'un pĂšre qui tente de se reconnecter Ă son fils adolescent en l'amenant Ă la chasse aux cerfs doit beaucoup Ă la complicitĂ© du duo d'acteurs Josh Brolin et Danny McBride. Le premier interprĂšte un paternel imbu de lui-mĂȘme terriblement humain, le second un fidĂšle camĂ©raman amoureux et dĂ©vouĂ©, mais qui ne maĂźtrise pas bien tous les codes. Par contre, l'alternance de scĂšnes comiques et d'autres un peu plus graves tend Ă dĂ©samorcer le rire comme la tension dramatique, l'ensemble n'en restant pas moins par instant touchant.
Recovery Boys (Elaine McMillion Sheldon, 2018, 1h29)
AprĂšs le moyen mĂ©trage Heroin(e), qui s'intĂ©ressait aux destinĂ©es de femmes engagĂ©es dans la guerre contre les opioĂŻdes, Elaine McMillion Sheldon prolonge son exploration de la thĂ©matique avec Recovery Boys. Cette fois-ci, son documentaire prend pour cadre un tout nouveau centre de dĂ©sintoxication qui vise Ă isoler les addicts dans une petite communautĂ© agricole. InĂ©gal dans l'intĂ©rĂȘt des diffĂ©rents personnages que le film suit, Recovery Boys touche Ă quelque chose de fort avec le destin de Jeff, tout premier toxico Ă Ă©trenner la structure. Ce jeune pĂšre de famille en souffrance de la sĂ©paration avec ses filles, toujours sur le fil de la rechute, pointe les limites d'un systĂšme rigide qui au final punit lourdement ceux qui ne savent plus marcher droit.
Brain on Fire (Gerard Barrett, 2018, 1h35)
Inspiré d'une histoire vraie, Brain on Fire est le récit d'une lente descente aux enfers. Celle d'une jeune journaliste new-yorkaise dont l'esprit craque peu à peu gagné par une forme de folie sans qu'un diagnostic soit clairement posé. Chloë Grace Moretz est convaincante en Susannah Cahalan, du nom de la véritable reporter qui travaillait pour le New York Post quand elle connut ses terribles ennuis de santé. Carrie-Anne Moss et Richard Armitage notamment complÚtent le casting.
La enfermedad del domingo (RamĂłn Salazar, 2018, 1h53)
Ce drame espagnol centrĂ© sur les retrouvailles entre une mĂšre, cĂ©lĂšbre actrice, et sa fille qu'elle avait abandonnĂ©e enfant dĂ©ploie une imagerie riche de mystĂšres, autour de l'univers de la forĂȘt notamment, qui fait pencher l'ensemble du cĂŽtĂ© du conte. RamĂłn Salazar a la bienveillance de ne jamais chercher Ă surexpliquer le rapport qui se noue entre les deux personnages, renforçant ainsi sa terrible ambiguĂŻtĂ© entre pulsion de vie et dĂ©sir de mort.
Le mariage d'Ali (Jeffrey Walker, 2018, 1h50)
Cette comĂ©die romantique australienne est inspirĂ©e de la vie de son scĂ©nariste et acteur principal Osamah Sami. Membre de la diaspora irakienne, voilĂ le jeune homme, fils d'un brillant imam respectĂ© de tous, promis Ă un mariage arrangĂ© et Ă une carriĂšre de docteur. Sauf qu'aprĂšs avoir Ă©chouĂ© Ă l'examen d'entrĂ©e Ă l'universitĂ©, il se dĂ©cide Ă mentir sur ses rĂ©sultats plutĂŽt qu'Ă dĂ©cevoir les espoirs placĂ©s en lui. Et se retrouve pris au piĂšge, tiraillĂ© entre sa culture d'origine et celle plus libĂ©rale de son pays hĂŽte. PortĂ©e par le charme charismatique de son interprĂšte et une attention bienveillante accordĂ©e Ă ses personnages, cette comĂ©die romantique feel good joue de maniĂšre plaisante avec les questionnements liĂ©s Ă l'identitĂ© et au tradition tout en portant un discours gentiment progressiste sur le droit Ă disposer de soi-mĂȘme, hommes et femmes compris.
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Le Carnet de Sara (Norberto LĂłpez Amado, 2018, 1h55)
Ce film espagnol nous immerge au Congo Ă travers la quĂȘte d'une avocate madrilĂšne qui recherche dans la jungle sa sĆur disparue quelques annĂ©es plus tĂŽt alors qu'elle travaillait pour une ONG. Cette histoire familiale prend Ă la fois les atours d'un drame et d'une aventure pĂ©rilleuse mettant en lumiĂšre les conflits d'un pays tiraillĂ© par la violence. Le tout traitĂ© avec sobriĂ©tĂ© et humanitĂ©.
Cargo (Ben Howling et Yolanda Ramke, 2018, 1h45)
Avec Le Rituel, Les AffamĂ©s et maintenant Cargo, les amateurs de survivalists sont gĂątĂ©s en ce dĂ©but d'annĂ©e. MĂȘme s'il faut bien avouer que le film signĂ© Ben Howling et Yolanda Ramke s'apparente au plus faible des trois, la faute Ă une caractĂ©risation trĂšs flottante des personnages et de l'environnement dans lequel ils Ă©voluent. Pour le reste, Martin Freeman, aperçu dans Sherlock et Fargo, s'en sort trĂšs bien pour incarner avec une forme de distance ce pĂšre de famille perdu dans un outback menaçant avec la charge de son bĂ©bĂ©. Et les deux rĂ©alisateurs savent tirer partie de l'originalitĂ© de leur dĂ©cor. Pour ne rien gĂącher, l'entame et la fin du film sont particuliĂšrement soignĂ©s.
Catching feelings (Kagiso Lediga, 2018, 2h04)
Cette production sud-africaine est comme construite en deux parties, malheureusement d'inégales valeurs. La premiÚre, trÚs enlevée, nous présente nos deux personnages principaux, un universitaire et sa femme journaliste, au travail, chez eux ou avec des amis. On y discute amour, bonheur, désir, racisme, appropriation culturelle dans une suite d'échanges stimulants et ouverts. Puis une figure d'écrivain blanc célÚbre exilé aprÚs la fin de l'apartheid vient perturber la vie du couple , diluant peu à peu le propos politique en une suite de beuveries et de jalousies. Un poil dommage.
The Kissing Booth (Vince Marcello, 2018, 1h45)
Netflix aime décidément les films d'ados, les comédies romantiques et les comédies romantiques mettant en scÚne des ados. Ici, Elle a noué une relation d'amitié trÚs forte avec Lee, pour laquelle ils ont inventé tout un tas de petites rÚgles. Sauf qu'au lycée, la voilà attirée par le grand frÚre de celui-ci. De quoi mettre en péril leur amitié. Ce drÎle de récit d'apprentissage se démarque par quelques effets clinquants de mise en scÚne, comme pour en surligner la modernité, mais surtout la légÚreté toujours bienveillante et jamais grossiÚre ou idiote de son personnage principal, heureuse de s'affirmer et de laisser peu à peu sa petite empreinte sur un monde plus large que les drÎles de jeux de son enfance.
Pardonnez-nous nos dettes (Antonio Morabito, 2018, 1h44)
Ce film italien suit la trajectoire morale d'un chÎmeur qui se retrouve soudain dans l'impossibilité de rembourser ses dettes. Il propose alors d'aider à recouvrir celles des autres gratuitement jusqu'à avoir remboursé ce qu'il doit. Accompagné d'un mentor diabolique, il apprend alors à utiliser tous les moyens possibles pour arriver à ses fins. Au risque de se perdre. Une fable politique grinçante qui perd peu à peu de sa force dans les atermoiements attendus de notre héros.
Fin de partie : repenser la vie et la mort (Rob Epstein et Jeffrey Friedman, 2018, 0h40)
Ce moyen métrage documentaire s'intéresse à une unité médicale qui accueille des patients souffrant de longues maladies. On y réfléchit à comment aborder l'approche de la mort. Les questions qui se posent alors aussi bien d'un point de vue trÚs concret que spirituel. Car comme le souligne un des médecins, on a beau se faire à l'idée que l'on va mourir, quand le moment approche pour de bon, c'est un puissant instinct de vie qui soudain nous étreint.
Candy Jar (Ben Shelton, 2018, 1h32)
Leurs mĂšres se dĂ©testent, ils ne s'entendent sur rien, mais le sort va les pousser Ă coopĂ©rer. Ils, ce sont Bennett et Lona, deux lycĂ©ens dĂ©batteurs hors pairs qui rĂȘvent d'intĂ©grer Yale et Harvard. Cette nouvelle comĂ©die romantique Netflix ne brille toujours pas par l'inventivitĂ© de son scĂ©nario, qui bouscule peu les conventions du genre. Le jeune duo d'acteurs, un chouette cast de seconds rĂŽles d'Helen Hunt Ă Christina Hendriks en passant par Uzo Aduba (Suzanne dans Orange is The New Black) et un traitement tendre de leur profonde inadaptation Ă la vie touchent toutefois une corde sensible.
Kodachrome (Mark Raso, 2018, 1h37)
Cette histoire d'un fils en pleine crise existentielle qui part dans un road trip avec son pĂšre mourant, photographe de renom s'Ă©tant trĂšs peu occupĂ© de lui, et l'assistante de vie de celui-ci est cousue de fil blanc. Chaque rebondissement est prĂ©visible, tout comme les trajectoires de ses personnages abĂźmĂ©s par la vie en quĂȘte d'un peu de paix. Pourtant, le charme opĂšre tout du long par la force d'une sensibilitĂ© dans l'approche du sujet, de trĂšs chouettes performances d'acteurs, notamment d'Ed Harris en patriarche retors, et d'une bande-son impeccable. Un film oĂč deux personnages Ă©coutent un vinyle de Galaxie 500 peut-il ĂȘtre fonciĂšrement mauvais?
Les Potes (Olivia Milch, 2018, 1h37)
Ce teenage movie est un drĂŽle d'objet. Un pied dans l'hĂ©donisme d'une jeunesse qui aime boire, fumer et faire la fĂȘte. Un autre dans un fond plus grave oĂč il est question de deuil, de viol, d'Ă©preuves qui pĂšsent sur les personnages sans jamais Ă chercher Ă les victimiser. Cette drĂŽle de collusion ajoute une petite touche rĂ©aliste en terme d'expĂ©riences et de sentiments Ă un film qui ressemble pour le reste aux productions typĂ©es du genre.
Je ne suis pas un homme facile (ĂlĂ©onore Pourriat, 2018, 1h38)
La nouvelle comĂ©die française de Netflix se prĂ©sente comme une joyeuse dystopie plongeant, Ă la suite d'un choc, un homme un peu coureur et macho (Vincent Elbaz) dans une sociĂ©tĂ© matriarcale. Le film d'ĂlĂ©onore Pourriat s'amuse alors Ă travers une foule de petits dĂ©tails Ă inverser les rĂŽles dans lesquels se trouvent les hommes et les femmes. Ces premiers s'Ă©pilent, s'apprĂȘtent, sont objectivĂ©s, restreints Ă des tĂąches infĂ©rieures, sont sensibles Ă une horloge biologique… Un jeu de dĂ©calage, qui, au final, prend pas mal de place dans le film (presque trop) et vient pervertir la rencontre de notre hĂ©ros avec Alexandra (touchante Marie-Sophie Ferdane), puissante femme de lettres et croqueuse d'hommes en mal d'inspiration. Si la suite de pĂ©ripĂ©ties rentre dans les canons d'une comĂ©die romantique trĂšs classique, on saura grĂ© Ă ĂlĂ©onore Pourriat de ne pas totalement effacer son questionnement politique face Ă la bonne conduite de son rĂ©cit.
La QuatriĂšme compagnie (Amir GalvĂĄn Cervera et Mitzi Vanessa Arreola, 2018, 1h56)
InspirĂ© d'une histoire vraie, ce film mexicain retrace la folle Ă©popĂ©e d'une Ă©quipe de football amĂ©ricain montĂ©e au sein mĂȘme d'une des prisons les plus dures du pays pour participer Ă une ligue amateur. En sous-main, ses membres aident l'administration Ă contrĂŽler l'Ă©tablissement, assumant toute une sĂ©rie de basses Ćuvres. Long mĂ©trage sans concession sur la violence du monde carcĂ©ral et ses dĂ©rives, La 4e Compagnie en interroge de maniĂšre intĂ©ressante les causes et les effets. L'ensemble un peu long malgrĂ© une mise en scĂšne soignĂ©e aurait gagnĂ© Ă davantage de tension.
Amateur (Ryan Koo, 2018, 1h36)
Cette histoire d'un jeune prodige du basket qui dĂ©couvre la cupiditĂ© d'Ă©tablissements prĂȘts Ă tout pour attirer les meilleurs joueurs bĂ©nĂ©ficie de la fraĂźcheur de son interprĂšte Michael Rainey Jr et de la performance impeccable d'ambivalence de Josh Charles, le Will Gardner de The Good Wife. Amateur dĂ©fend ainsi un plaisir du jeu qui rĂ©sonne bien au-dĂ©lĂ des terrains. Plus que la dĂ©rive business d'un sport qui fait miroiter Ă de nombreux adolescents une porte de sortie vers la sĂ©curitĂ© matĂ©rielle, c'est l'hypocrisie et le mensonge inhĂ©rent au systĂšme qui sont ici pris pour cible.
Mon premier combat (Olivia Newman, 2018, 1h41)
C'est l'archetype du film indépendant américain solide. L'histoire d'une lycéenne élevée par une famille d'accueil qui se retrouve du jour au lendemain à la rue et va tenter de se reconnecter avec son pÚre, un ancien lutteur tout juste sorti de prison. Olivia Newman saisit bien ici la précarité de ses vies, le combat pour la survie qui prend ici un sens trÚs littéral. La relation tendre et complexe entre l'adolescente et son pÚre est particuliÚrement réussie, grùce au jeu tout en nuance de ses interprÚtes. Le film a remporté un prix du public au festival South by Southwest.
Happy Anniversary (Jared Stern, 2018, 1h18)
Cette comédie romantique avec Noël Wells (Master of None) et Ben Schwartz (Parks and Recreation) se regarde comme vivent les couples. L'entame du film, toute en dialogues percutants, est pétillante. L'opération séduction marche à merveille. Mais ensuite, la routine s'installe. Et cette histoire d'un couple en plein doute le jour de l'anniversaire de ses trois ans revient sur tous les rails classiques du genre, à coups de quiproquos et renversements (attendus) de situation. On finit par accepter le confort d'un film servi par deux interprÚtes pleins de charme.
Layla M. (Mijke de Jong, 2018, 1h48)
PrĂ©sentĂ© au festival de Toronto en 2016, Layla M. arrive prĂšs de dix-huit mois plus tard sur nos contrĂ©es bardĂ©e de la banniĂšre Netflix Original. Portrait d'une jeune fondamentaliste nĂ©erlandaise en voie de radicalisation, le film fait Ă©cho Ă l'actualitĂ© brĂ»lante de ces derniĂšres annĂ©es en choisissant de faire corps avec son personnage. D'Amsterdam Ă Ammam, de la famille, Ă la religion, Ă l'amour, Layla cherche ce lieu oĂč elle se sentirait enfin elle-meme, en accord avec ses envies, ses convictions. Une quĂȘte moins absolue qu'intime qui pose un regard interrogateur et dĂ©contenancĂ© sur le monde qui nous entoure.
Paradox (Daryl Hannah, 2018, 1h13)
Paradox, le film de Daryl Hannah tourné avec Neil Young et les musiciens de Promise of the Real en marge de leur tournée, remplit une case qu'on se désespérait un jour de voir nourrie chez Netflix et son algorithme : l'objet filmique non identifié. Ce délire à l'aura étrange pùtit certes du manque évident de moyen et de préparation pour tout ce qui touche à l'intrigue. Toutefois, le plaisir évident des musiciens à jouer ainsi que la teneur politique en phase avec l'univers du musicien tienne un ensemble poétique fragile. Reste surtout la musique de Neil Young qui de ballades élégiaques en acoustique en déflagrations électriques sur scÚne garde ici intact son pouvoir de sidération.
Roxanne Roxanne (Michael Larnell, 2018, 1h40)
Pour qui ne connaßt pas Roxanne Shante, la premiÚre MC star du hip-hop, son biopic Roxanne Roxanne ne donnera qu'un aperçu assez lointain de l'impact qu'elle a pu avoir encore adolescente au milieu des années 1980. La New-Yorkaise ouvrira la voie à de nombreuses autres femmes qui n'ont pas la langue dans leur poche, à l'image de Nicki Minaj. Si le film de Michael Larnell passe un peu à cÎté du grand tableau, outre un gimmick répétitif avec le futr Nas, il touche à quelque chose de juste versant intime, avec ce portrait de femme ballottée d'un monde violent à un autre avec une verve hors du commun et un bel esprit de résilience. Les performances des différents interprÚtes de Chanté Adams à Mahershala Ali, oscarisé pour Moonlight, sont impeccables.
Take Your Pills (Alison Klayman, 2018, 1h27)
Ce documentaire américain met en exergue la culture compétitive qui a entraßné l'explosion de la prise de médicaments stimulants les facultés mentales du type Adderall. Fort de nombreux témoignages, le film d'Alison Klayman montre parfaitement le boost cognitif ou simplement de confiance en soi que permet leur prise ainsi que les nombreux dangers et dérives qu'elle entraßne. Essentiellement pour cette masse de personnes qui n'en a aucune nécessité médicale mais court inexorablement aprÚs cette obsession si contemporaine de la performance.
Steel Rain (Yang Woo-Seok, 2018, 2h19)
Victime d'un coup d'Ătat, le leader de la CorĂ©e du Nord s'enfuit en CorĂ©e du Sud accompagnĂ© d'un simple agent de sĂ©curitĂ© en charge de sa protection et de sa famille. Sur place, ce dernier a la lourde tache de le maintenir en vie et d'obtenir la coopĂ©ration des autoritĂ©s pour rĂ©tablir la situation et Ă©viter le dĂ©clenchement d'une guerre nuclĂ©aire. TrĂšs vite, il trouve le soutien du chef des affaires de sĂ©curitĂ© Ă©trangĂšre. En plus de nombreuses scĂšnes d'action rĂ©ussies, ce thriller politique plaidant pour un apaisement des relations entre les deux CorĂ©es bĂ©nĂ©ficie de l'alchimie entre ses deux personnages principaux – l'homme d'action mutique/le haut fonctionnaire dĂ©bonnaire – qui en fait un buddy movie un poil long mais parfaitement aimable.
Mute (Duncan Jones, 2018, 2h06)
La rĂ©fĂ©rence est lĂ . Ăcrasante. Difficile de ne pas penser Ă Blade Runner face Ă ce Berlin futuriste et nocturne et ce scĂ©nario de film noir. Ce n'est pas l'aspect le plus problĂ©matique de Mute. Au contraire mĂȘme. Le long mĂ©trage de Duncan Jones baigne dans dĂ©cor de science fiction plutĂŽt riche et agrĂ©able Ă regarder tout en bĂ©nĂ©ficiant d'une atmosphĂšre joliment mutante et dĂ©cadente. Le souci ici a moins Ă voir avec la forme qu'avec le fond. Ă l'inverse du chef-d'Ćuvre de Ridley Scott, Mute ne semble dĂ©ployer que des enjeux purement scĂ©naristiques liĂ©s Ă la quĂȘte de son personnage principal, un gĂ©ant muet Ă la recherche de celle qu'il aime. Le film ne questionne ou ne dĂ©passe jamais son sujet pour vouloir lui faire dire quelque chose de nous, de notre condition humaine. Au point que la ligne d'horizon de ce nouvel ajout Netflix semble vraiment ses longs mĂ©trages de Luc Besson dont le panache visuel n'a d'Ă©quivalent que la minceur de la narration. Au final, Mute est comme prisonnier de son personnage muet. Reste le duo truculent Paul Rudd et Justin Theroux, amusant Ă regarder presque de bout en bout, qui lĂ encore malheureusement n'apporte pas grand chose au Schmilblick sinon jouir de son propre spectacle.
Mon Ăąme sĆur (StĂ©phanie Lang, 2018, 1h36)
Le mieux est parfois l'ennemi du bien. VoilĂ , la leçon (convenue) que tire l'hĂ©roĂŻne de Mon Ăąme sĆur. Et voilĂ la conclusion Ă laquelle on souscrit Ă©galement aprĂšs le visionnage de cette comĂ©die romantique qui dĂ©joue pourtant habilement quelques codes du genre. Soit l'histoire d'Abbie (Gugu Mbatha-Raw, dĂ©jĂ aperçue dans Black Mirror ou The Cloverfield Paradox sur Netflix) qui, atteinte d'un cancer, dĂ©cide de chercher sa future remplaçante auprĂšs du gentil Sam (Michiel Huisman, aperçu dans Game of Thrones, sur HBO donc). Sauf que voilĂ , la trame romantique n'est ici qu'un prĂ©texte Ă traiter la question du deuil autour d'un casting de seconds rĂŽles trois Ă©toiles (Christopher Walken, Steve Coogan, Kate McKinnon…) rĂ©duits chacun Ă quelques scĂšnes Ă©parses. PlongĂ© dans un New York de carte postale, ce couple pris dans la tourmente n'en est pas moins touchant grĂące notamment au charisme de son interprĂšte principale, dont le jeu trĂšs naturel tempĂšre l'artificialitĂ© de l'ensemble. On en laisserait mĂȘme couler quelques larmes sur le final.
L'Amour au mÚtre carré (Anand Tiwari, 2018, 2h13)
«C'est le sentiment le plus vieux au monde, mais il semble nouveau Ă chaque fois.» C'est ainsi que Sanjay, un des hĂ©ros du film, parle de l'amour. La formule pourrait Ă©galement s'appliquer aux meilleures comĂ©dies romantiques. Mis en ligne le jour de la Saint-Valentin, L'Amour au mĂštre carrĂ© n'est pas tout Ă fait de ce calibre-lĂ . La faute Ă un scĂ©nario souvent un peu trop prĂ©visible qui tire en longueur dans sa deuxiĂšme partie. Ce film indien prenant pour prĂ©texte l'histoire de deux collĂšgues pris dans des relations compliquĂ©s qui dĂ©cident de se lancer dans un mariage blanc afin d'accĂ©der Ă la propriĂ©tĂ© et Ă leur indĂ©pendance n'en manque pas moins de charme. La mise en scĂšne est soignĂ©e, offrant notamment de jolis plans de Bombay. Et le duo d'acteurs principaux fonctionne Ă la perfection, plus proche des canons de jeux occidentaux que de l'image que l'on se fait de Bollywood. Ils offrent en tout cas un fond d'humanitĂ© touchant Ă leurs personnages, qui se dĂ©battent au milieu d'une suite de quiproquos. Si le film bouscule joliment certaines normes, on regrettera qu'au final il finisse par rentrer tranquillement dans le rang.
Blockbuster (July Hygreck, 2018, 1h25)
En 2016, Netflix achetait les droits de diffusion de Divines, le film de Houda Benyamina, s'offrant ainsi son premier Original français. Celui-ci est disponible partout dans le monde sauf ici, la sortie cinĂ©ma empĂȘchant toute exploitation en ligne pour une durĂ©e de trois ans. Blockbuster de July Hygreck a donc la lourde tĂąche d'incarner le premier en France sous banniĂšre Netflix ce changement de paradigme dans la distribution. FinancĂ©e Ă l'origine en partie Ă l'aide d'une souscription participative, cette comĂ©die romantique a le mĂ©rite d'une certaine fraĂźcheur, dans un genre souvent trĂšs calibrĂ© qui a plusieurs fois sombrĂ© l'an passĂ© dans le malaise. On y suit les mĂ©saventures de Jeremy (Syrus Shahidi) et Lola (Charlotte Gabris), un couple en crise aprĂšs que la jeune femme, fan de super-hĂ©ros, dĂ©couvre que leur rencontre est basĂ©e en rĂ©alitĂ© sur un mensonge. Si le film n'est pas exempt de maladresses avec quelques blagues un peu lourdes et des personnages secondaires qui peinent Ă exister rĂ©ellement, il bĂ©nĂ©ficie nĂ©anmoins du charme de ses principaux intĂ©rprĂštes, d'une brochette de guests savoureuse et d'une maniĂšre assez fine de coller Ă l'air du temps. Avec son esthĂ©tique qui doit autant aux bricolages de Michel Gondry, mentor assumĂ© du film, qu'Ă YouTube et Instagram, Blockbuster questionne au passage le rapport Ă la vĂ©ritĂ© et Ă la mort de cette gĂ©nĂ©ration d'adulescents qui aime tant Ă s'arranger avec la rĂ©alitĂ©. IntĂ©grant jusque dans la mise en scĂšne cette relation hybride au monde induite par le pouvoir accordĂ© Ă nos imaginations. Pour le meilleur comme pour le pire.
Godzilla: la planĂšte des monstres (Kobun Shizuno et Hiroyuki Seshita, 2018, 1h28)
PrĂ©sentĂ© sur la plateforme comme une sĂ©rie, ce Godzilla Original est en rĂ©alitĂ© une nouvelle trilogie de films animĂ©s consacrĂ©e au cĂ©lĂšbre monstre japonais. Le premier volet, La PlanĂšte des monstres, est sorti en salle Ă l'automne dernier au Japon. Netflix en assure la distribution Ă l'international. Le film prend pour point de dĂ©part une sĂ©rie de cataclysmes ayant donnĂ© naissance Ă la fin du XXe siĂšcle Ă un Godzilla surpuissant qui par sa force de destruction a poussĂ© les humains Ă quitter la Terre. Aux cĂŽtĂ©s d'autres extraterrestres, ils errent dans l'espace Ă la recherche d'une nouvelle planĂšte habitable. En vain. Pour certains, il est temps de retourner sur la Terre et affronter la bĂȘte. PortĂ© par une belle animation fluide, ce PlanĂšte des monstres pose habilement ses personnages et ses enjeux avant de s'enfermer peu Ă peu dans un rĂ©cit prĂ©-Ă©crit. Si le monstre est rĂ©ussi, il tient ici une partition plutĂŽt discrĂšte laissant espĂ©rer une montĂ©e en puissance pour la suite.
Le Roi de la polka (Maya Forbes, 2018, 1h34)
InspirĂ©e d'une histoire vraie, cette comĂ©die avec Jack Black suit la figure attachante de Jan Lewan, un chanteur polonais naturalisĂ© amĂ©ricain installĂ© en Pennsylvannie. Pour financer ses activitĂ©s artistiques et commercialces, ce « roi de la polka » a un jour l'idĂ©e de demander Ă ses proches de financer directement en cash ses affaires contre d'importants retours en investissement. Pour les rembourser, il se trouve dans l'obligation d'emprunter toujours plus. Plus que la drĂŽle de dĂ©rive criminelle d'un homme bien sous tous rapports, le film arrive Ă capter quelque chose d'intĂ©ressant dans sa peinture d'un ĂȘtre obnubilĂ© par sa croyance dans le rĂȘve amĂ©ricain. Tout est possible, il suffit d'y croire, professe l'idĂ©aliste qui obtiendra en 1995 une nomination au Grammy Awards. Il touchera ensuite aux limites factices de sa quĂȘte effrenĂ©e du bonheur, sans en rompre totalement le charme.
Blade of the immortal (Takashi Miike, 2017, 2h21)
SĂ©lectionnĂ© hors compĂ©tition au Festival de Cannes en 2017, Blade of the Immortal dĂ©barque quelques mois plus tard sur Netflix. CentiĂšme film du trĂšs prolifique cinĂ©aste japonais Takashi Miike, cette adaptation d'un manga offre une variation moderne du film de samouraĂŻ. FrappĂ© d'une malĂ©diction, le hĂ©ros immortel accepte de devenir le garde du corps d'une jeune femme dont la famille a Ă©tĂ© terrassĂ©e par un puissant clan qui cherche Ă Ă©vincer tous les autres. MalgrĂ© une intrigue qui s'Ă©tire beaucoup trop en longueur, Miike offre ici quelques scĂšnes d'action rĂ©ussies qui insufflent une belle Ă©nergie, Ă commencer par l'impressionnante scĂšne d'ouverture, vĂ©ritable morceau de bravoure qui vaut Ă elle seule le coup d'Ćil.
Un caméraman à Cuba (Jon Alpert, 2017, 1h54)
Chauffeur de taxi devenu camĂ©raman sur le tard, l'AmĂ©ricain Jon Alpert s'est pris de passion pour Cuba Ă partir des annĂ©es 1970. Sur place, il fait la rencontre de quelques individus ou familles aussi bien Ă La Havane qu'un peu plus Ă la campagne et commence Ă les filmer. Ă chacun de ses voyages –espacĂ©s de quelques annĂ©es sur quatre dĂ©cennies–, il revient prendre des nouvelles autant de leur vie que de celle de l'Ăźle sous rĂ©gime castriste. Tout comme du Leader Maximo avec lequel il sympathise, notamment lors d'un Ă©tonnant voyage Ă New York en 1979 oĂč on le dĂ©couvre humble et amusĂ© dans l'intimitĂ©. Si le regard portĂ© sur Cuba est bienveillant, il n'en cache pas moins les difficultĂ©s Ă©conomiques dans lesquelles s'enfonce l'Ăźle Ă compter des annĂ©es 1980. Un vĂ©ritable marasme poussant une partie de la population Ă l'exode. Mais ce qui ressort par dessus tout, c'est la gĂ©nĂ©rositĂ© et la force des liens humains nouĂ©s ainsi que ce drĂŽle d'alĂ©atoire des trajectoires de vie de chacun. Socialisme ou pas.
Sauvons le capitalisme (Jacob Kornbluth, 2017, 1h13)
Ce court documentaire centrĂ© autour de la figure de Robert Reich, l'ancien secrĂ©taire au Travail de l'administration Clinton, traite avec beaucoup de pĂ©dagogie des dĂ©rives Ă©conomiques qui mettent Ă mal aujourd'hui les dĂ©mocraties occidentales. Ă commencer par la concentration d'une part toujours plus importante des richesses dans un nombre de mains, lui, de plus en plus rĂ©duit. Explosion des lobbys, essor d'un discours populiste critique des mĂ©canismes de rĂ©gulation et de l'action de l'Ătat, Ă©loge de la figure de l'entrepreneur individualiste qui rĂ©ussit par et pour lui mĂȘme, cupiditĂ© grandissante de la sphĂšre financiĂšre… Tous les facteurs sont rĂ©unis pour mettre Ă mal le pouvoir de chacun d'inflĂ©chir la politique vers plus de partage et de protection. Pourtant, le discours se veut avant tout optimiste, pointant une prise de conscience croissante des dĂ©rives Ă l'Ćuvre. DĂ©jĂ au tournant du XXe siĂšcle, une mĂȘme explosion des inĂ©galitĂ©s avait dĂ©bouchĂ© sur un sursaut dĂ©mocratique que Robert Reich appelle aujourd'hui de ses vĆux.
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6 Days (Toa Fraser, 2017, 1h34)
Il y a quatre ans, Argo remportait l'Oscar du meilleur film avec une histoire folle de prise d'otages en Iran au tournant des annĂ©es 1980. L'action de 6 Days, Ă©galement inspirĂ©e de faits rĂ©Ă©ls, se dĂ©roule pendant la mĂȘme pĂ©riode. Sauf que cette fois, c'est l'ambassade iranienne Ă Londres qui est le cadre de la prise d'otages. Charge aux autoritĂ©s britanniques de s'assurer de leur libĂ©ration. Si le film de Toa Fraser est trĂšs appliquĂ©, soucieux de rendre justice Ă l'opĂ©ration Nimrod qui fit face Ă cette attaque terroriste d'un nouveau genre, la comparaison avec le long mĂ©trage de Ben Affleck en montre bien les limites. Que ce soit au niveau du travail des personnages ou de la tension dramatique, jamais 6 Days ne semble transcender son matĂ©riau d'origine. Un manque de personnalitĂ© qui empĂȘche le film, plaisant au demeurant, de vraiment dĂ©coller malgrĂ© quelques performances d'acteurs convaincantes.
1922 (Zak Hilditch, 2017, 1h42)
Autre adaptation de Stephen King, 1922 ne rĂ©Ă©dite pas tout Ă fait la rĂ©ussite du Jessie de Mike Flanagan. Zak Hilditch dĂ©peint pourtant avec un certain savoir-faire cette ambiance Southern Gothic qui bascule peu Ă peu du cĂŽtĂ© d'un fantastique presque macabre. Cette histoire d'un pauvre cultivateur qui se retrouve au pied du mur le jour oĂč sa femme veut vendre les terres familiales dont elle a la propriĂ©tĂ© offre au passage une variation intĂ©ressante sur la violence de classe et la culpabilitĂ©.
All Eyez on Me (Benny Boom, 2017, 2h20)
Ce biopic de 2Pac ressemble à ses pires moments à une suite de scÚnes comme tirées de la page Wikipedia du célÚbre rappeur américain, suivant une lecture trÚs politique des divers incidents qui ont émaillé sa courte carriÚre. Puis, une fois, l'épisode de la prison terminé, le film de Benny Boom commence à prendre davantage son temps et à donner un peu d'épaisseur à son personnage principal le confrontant peu à peu ses contradictions. Dommage que la performance en demi-teinte de Demetrius Shipp Jr. peine à rendre compte de l'intensité que dégageait 2Pac comme le montrent cruellement pour le film les quelques images d'archives. All Eyez on Me n'en reste pas moins une bonne introduction à l'univers du rappeur pour ceux qui seraient passés totalement à cÎté du phénomÚne décédé tragiquement en septembre 1996.
Fe de Etarras (Borja Cobeaga, 2017, 1h29)
Peut-on rire du terrorisme? C'est l'option plutÎt réussie que prend cet Original Netflix espagnol autour d'une cellule de l'ETA en attente de mission, coincée dans un appartement le temps d'une Coupe du monde de foot ravivant la flamme nationaliste de la population. Ils ont pour ordre de rester les plus discrets possibles, mais là encore tout ne se passera pas comme prévu. Une vision trÚs pied nickelée d'une cellule terroriste, qui a valu à Netflix quelques réprobations de familles de victime en Espagne.
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Notre royaume (Lucy Cohen, 2017, 1h49)
Avec Notre royaume, nous voilĂ plongĂ© dans le quotidien d'une famille anglaise pas comme les autres. Comprenez pas moins de sept enfants –six filles, un garçon–, dont plusieurs souffrent de troubles autistiques; mais surtout un pĂšre qui en 2007 dĂ©cide se suicider laissant derriĂšre lui un champ de dĂ©solation. Le documentaire alterne de nombreux extraits des home movies que ce chanteur Ă la carriĂšre ratĂ©e tournait avec les siens et des scĂšnes filmĂ©es par Lucy Cohen, quelques annĂ©es aprĂšs le drame. Touchant, ce long mĂ©trage montre surtout les diverses stratĂ©gies adoptĂ©es par chacun pour tenter de faire le deuil et se construire dans un cocon Ă la fois chaleureux et potentiellement destructeur.
Long Shot (Jacob LaMendola, 2017, 0h40)
Ce moyen mĂ©trage retrace l'histoire incroyable qui est arrivĂ©e Ă Juan Catalan. En mai 2003, ce jeune pĂšre de famille est arrĂȘtĂ© un matin, accusĂ© du meurtre d'une temoin du procĂšs de son frĂšre. Sauf que lui explique qu'il Ă©tait en rĂ©alitĂ© Ă un match des Dodgers. Va-t-il rĂ©ussir Ă dĂ©montrer la rĂ©alitĂ© de son alibi? Un documentaire intĂ©ressant qui montre Ă quel point une vie prise dans le systĂšme judiciaire peut basculer pour un dĂ©tail. Le tout feat. Curb your Enthusiasm, rien que ça.
Gaga: Five Feet Two (Chris Moukarbel, 2017, 1h40)
Vendu comme un film Ă©vĂ©nement par Netflix, ce documentaire s'inscrit dans la lignĂ©e du dernier album de Lady Gaga, Joanne, dont il Ă©pouse le geste. Celui de sortir la star de la pop internationale des atours sophistiquĂ©s qui ont fait sa gloire pour coller davantage Ă la personnalitĂ© brute de Stefani Joanne Angelina Germanotta. Et effectivement, ceux qui ont pu prendre Lady Gaga pour une crĂ©ature froide et trop construite trouveront lĂ de nombreuses scĂšnes amusantes ou touchantes laissant entrevoir une artiste crĂ©ative et sincĂšre jusque dans la douleur –elle confesse ici souffrir de fibromyalgie, une maladie invalidante qui touche surtout les femmes. Toutefois, voilĂ , c'est bien devant la fenĂȘtre que nous laisse le film qui, en voulant toucher Ă tous les aspects de la vie la star n'en approfondit aucun. Il manque au final d'un enjeu, d'un vrai regard pour que Gaga: Five feet two puisse rĂ©ellement prĂ©tendre au rang des documentaires musicaux qui comptent. Il ne s'en regarde pas moins sans dĂ©plaisir.
D'abord, ils ont tué mon pÚre (Angelina Jolie, 2017, 2h16)
AprĂšs le siĂšge de Sarajevo dans Au pays du sang et du miel et la Seconde Guerre mondiale dans Invincible, Angelina Jolie s'intĂ©resse, pour sa quatriĂšme rĂ©alisation, Ă la prise de pouvoir au Cambodge par les Khmers rouges dans les annĂ©es 1970. TournĂ© en khmer, D'abord, ils ont tuĂ© mon pĂšre se passe de longs discours d'explication rĂ©servĂ©s au dĂ©but et Ă la fin du film pour nous immerger dans le sort tragique d'enfants ballottĂ©s jusqu'Ă perdre leur innocence. Si l'ensemble est par moments touchant, cet Original Netflix –un peu longuet– mise un peu trop sur le dĂ©calage du point de vue en gage d'originalitĂ©. C'est Ă la fois la force et la limite du film.
Vers la surface (Josh Izenberg et Wynn Padula, 2017, 0h27)
Netflix renoue avec les formats courts avec ce documentaire touchant sur un groupe de vĂ©tĂ©rans amĂ©ricains qui reprend goĂ»t Ă la vie grĂące au surf. En plus d'initier Ă la mystique de la vague, le film ouvre une fenĂȘtre poignante sur le quotidien difficile de ses soldats atteints de stress post traumatique. Pour certains dĂ©vorĂ©s par la rage et suicidaires, ils trouvent dans les remous de l'OcĂ©an une nouvelle source Ă la fois d'adrĂ©naline et de libertĂ©.
Litte Evil (Eli Craig, 2017, 1h34)
Cette déclinaison sur le motif de La Malediction en mode humoristique démarre de maniÚre trÚs plaisante. Le film joue habilement du contraste entre les doutes grandissants d'Adam Scott, parfait en beau-pÚre plein de bonnes intentions, la bonhomie d'Evangeline Lilly et les catastrophes en séries qui frappent la famille recomposée. Si Bridget Everett tient ici un deuxiÚme rÎle particuliÚrement savoureux, la suite de péripéties ne tient pas tout à fait ses promesses.
Bushwick (Cary Murnion et Jonathan Milott, 2017, 1h33)
PrĂ©sentĂ© Ă la Quinzaine des rĂ©alisateurs, Bushwick Ă©tait la troisiĂšme production Netflix Ă Cannes cette annĂ©e aux cĂŽtĂ©s d'Okja et The Meyerowitz Stories (mis en ligne le 13 octobre prochain). Le film nous plonge au cĆur d'une insurrection aussi subite que sanglante dans le quartier du mĂȘme nom, situĂ© Ă Brooklyn, Ă coups de longs plans sĂ©quences tournĂ©s camĂ©ra Ă l'Ă©paule. On suit la jeune Lucy, Ă©tudiante, et Stupe, ancien soldat reconverti en concierge, tentant de survivre au milieu d'un chaos dont on comprend au fur et Ă mesure les tenants et les aboutissants. La faute Ă un casting assez peu charismatique, Ă un scĂ©nario qui tourne vite court ou Ă une mise en scĂšne trop rĂ©pĂ©titive? En tout cas, Bushwick peine Ă emporter tout Ă fait l'adhĂ©sion. Le film n'en propose pas moins quelques sĂ©quences vraiment impressionnantes qui ne sont pas sans rappeler le plus rĂ©ussi Cloverfield.
The Incredible Jessica James (Jim Strouse, 2017, 1h23)
Comment remettre sa vie sur de bons rails quand on peine à se remettre d'une rupture amoureuse et que sa carriÚre artistique n'est qu'une suite sans fin de refus? Voilà la question à laquelle s'attelle avec beaucoup d'enthousiasme cette comédie remarquée à Sundance qui se détourne habilement de quelques poncifs pour dresser le portrait touchant et enlevé d'une jeune femme (Jessica Williams) résolument tournée vers la vie.
To the Bone (Marti Noxon, 2017, 1h47)
Cette comédie dramatique indé s'attachant au complexe problÚme de l'anorexie doit beaucoup à la performance trÚs sobre de Lily Collins, déjà présente au générique d'Okja. L'approche est directe et sans fard du sujet n'occultant rien de la douleur des victimes directes et de leurs proches sonne juste. Keanu Reeves fait lui aussi preuve de beaucoup de retenue dans le rÎle du psy chargée de les ramener du cÎté de la vie.
Chasing Coral. Climat en péril: la preuve par l'image (Jeff Orlowski, 2017, 1h29)
Dans la lignée de Mission Blue, un documentaire qui tente d'alerter sur les effets devastateurs du réchauffement climatique sur les océans, à savoir ici le corail. La hausse de la température des eaux est en train de profondément modifier l'écosystÚme marin. Tout l'enjeu du film est alors d'en apporter la preuve visuelle pour accélérer la prise de conscience. Mission réussie.
Le ProcĂšs d'une presse libre (Brian Knappenberger, 2017, 1h35)
Prenant pour appui le procĂšs intentĂ© par Hulk Hogan Ă Gawker avec le soutien de Peter Thiel ainsi que la rhĂ©torique anti-mĂ©dias de Donald Trump et le rachat secret par une puissante famille locale d'un quotidien de Las Vegas, le documentaire de Brian Knappenberger pointe les menaces de plus en plus fortes qui pĂšsent sur la libertĂ© de la presse aux Ătats-Unis. L'ensemble, comme Ă©crasĂ© par son enjeu, manque un peu de nuances.
You Get Me (Brent Bonacorso, 2017, 1h29)
Ils sont jeunes, beaux, vivent sur la cote californienne et se baignent (parfois) dans de somptueuses piscines. Mais bien sûr, il y a un loup, ou en l'occurence une louve qui vient perturber cette image idyllique. Entre teen drama et thriller, You Get Me maßtrise la mécanique qui entraßne ses personnages. Dommage que ces derniers peinent à dépasser l'archétype. Un possible plaisir coupable de ce début d'été.
Blame! (Hiroyuki Seshita, 2017, 1h46)
Pour son tout premier anime japonais, Netflix a misé sur un manga signé Tsutomu Nihei, un auteur dont la plateforme a déjà adapté Knights of Sidonia en série originale. Le point de départ de l'histoire? Les humains ont été dépassés par les machines, qui ont pris le pouvoir dans des villes en constante expansion et en chassent les derniÚres communautés rebelles esseulées. Une histoire de survie mùtinée de scÚnes d'action.
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Le Vieux qui ne voulait pas payer l'addition (Felix et Mans Herngren, 2017, 1h48)
Petite incursion suĂ©doise pour Netflix avec cette folle histoire d'un homme de 101 ans dĂ©tenteur de la recette secrĂšte d'un soda soviĂ©tique qui, dans le scĂ©nario, a Ă©tĂ© enterrĂ© Ă la demande des Ătats-Unis en l'Ă©change du retrait des missiles Pershing. Sauf que ce trĂ©sor cachĂ© fait des envieux. DerriĂšre des personnages un peu patauds, une narration implacable qui rend l'ensemble plaisant.
La Femme la plus détestée d'Amérique (Tommy O'Haver, 2017, 1h31)
Il y a de grande chance pour que vous ne connaissiez pas Madalyn Murray O'Hair. Ce biopic Ă la narration soignĂ©e, qui place en son cĆur une sombre affaire d'enlĂšvement, est l'occasion de dĂ©couvrir le destin de cette cheffe de file de l'athĂ©isme, qui a notamment obtenu de la justice l'arrĂȘt de la priĂšre du matin dans les Ă©coles publiques. Un portrait habitĂ© sans flagornerie inutile.
Girlfriend's Day (Michael Paul Stephenson, 2017, 1h10)
Les amateurs de la sĂ©rie Better Call Saul seront heureux de retrouver Bob Odenkirk dans ses Ćuvres. Soit l'histoire d'un touchant Ă©crivain de carte postale au charme anachronique et Ă l'humour pince-sans-rire qui traĂźne sa lose en attendant de rebondir. Une comĂ©die de personnage joyeusement dĂ©suĂšte.
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David Brent: Life on the road (Ricky Gervais, 2017, 1h40)
Le hĂ©ros de The Office revient le temps d'un nouveau long mĂ©trage dans lequel Ricky Gervais aiguise un peu plus son sens du malaise. Devenu simple employĂ©, gagnĂ© par la solitude et le vide, habitĂ© par une lose qui devient presque une deuxiĂšme peau, son David Brent nous ferait presque davantage pleurer que rire. C'est peut-ĂȘtre lĂ le gĂ©nie de Ricky Gervais.
IBoy (Adam Randall, 2017, 1h30)
Visuellement trÚs réussi, ce film de science-fiction vient chasser sur les terres des plus modestes des super-héros, dans la lignée de Chronicle. Adam Randall s'attache ici à un ado qui développe d'étranges pouvoirs aprÚs qu'un bout de son téléphone s'est logé dans son cerveau à la suite d'une rixe. La narration ne tient pas tout à fait le niveau de l'esthétique, mais l'ensemble se regarde avec plaisir, là encore comme une trÚs belle promesse.
L'Autoroute (Chester Tam, 2017, 1h20)
Cette comĂ©die aux tonalitĂ©s presque stoner autour d'un duo de jeunes adultes vaguement losers dĂ©terminĂ©s pour l'un Ă quitter les Ătats-Unis pour l'AmĂ©rique du Sud, pour l'autre Ă se rendre Ă un festival de musique, se dĂ©marque par une narration travaillĂ©e, dĂ©coupĂ©e en saynĂštes qui bousculent la chronologie mais n'en n'emmĂšnent pas moins nos personnages de catastrophe en catastrophe.
Clinical (Alistair Legrand, 2017, 1h44)
Les films produits par Netflix ne sont soumis à aucune classification équivalente à ceux produits pour le cinéma. Pourtant, quasiment aucun des cinéastes ne s'est pour l'heure réellement emparé de cette libérté. Ce thriller psychologique qui n'hésite pas ponctuellement à se jouer d'une esthétique horrifique permet d'une part de retrouver Vinessa Show loin de l'univers du Two Lovers de James Gray, d'autre part de frissonner devant les aventures de cette psy traumatisée confrontée à un drÎle de patient.
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Justin Timberlake + Tennesse Kids (Jonathan Demme, 2016, 1h30)
Ultime film de Jonathan Demme, grand cinéaste de la musique, cette captation de la derniÚre tournée de Justin Timberlake s'ouvre modestement avec la présentation de chacun des participants au spectacle avant de coller au plus prÚs, grùce à un savant montage, au show sophistiqué de l'acteur-chanteur-performer.
Amanda Knox (Rod Blackhurst & Brian McGinn, 2016, 1h32)
S'il y a un domaine de la fiction que Netflix maĂźtrise, c'est bien le rĂ©cit de faits divers. Toutefois, si on ne s'ennuie pas devant l'histoire de cette Ă©tudiante amĂ©ricaine prise dans une drĂŽle d'affaire de meurtre de sa colocataire lors d'une annĂ©e passĂ©e en Italie, Amanda Knox n'a pas la force magnĂ©tique d'autres fictions de la plateforme. La jeune femme au cĆur du documentaire se joue pourtant trĂšs bien de l'ambiguĂŻtĂ© de son image.
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Extremis (Dan Krauss, 2016, 24 minutes)
En fin de vie, quels choix adapter face à la mort? Ce court documentaire suit les débats qui animent deux familles de proches hospitalisés. Un questionnement touchant et difficile traité avec sensibilité.
The Fundamentals of Caring (Rob Burnett, 2016, 1h37)
Un adolescent atteint d'une myopathie de Duchenne se lie d'amitié avec son aide soignant qui se remet tout juste de la mort de son fils. Un film plein de bons sentiments mais pas gnangnan, qui trouve une juste distance pour parler de la maladie et emmÚne sur sa route une poignée de personnages secondaires attachants.
Tigre et Dragon 2 (Yuen Woo-Ping, 2016, 1h40)
Moins poétique qu'Ang Lee, Yuen Woo-Ping, chorégraphe de Kill Bill ou Matrix, apporte ici toute sa science du découpage pour de nombreuses scÚnes de combat trÚs réussies dans des décors flamboyants. Le prétexte d'une lutte de pouvoir entre deux clans autour d'un sabre légendaire fascine moins.
What happened, Miss Simone? (Liz Garbus, 2015, 1h42)
Au-delĂ d'ouvrir une fenĂȘtre sur l'Ćuvre Ă la portĂ©e universelle de la cĂ©lĂšbre chanteuse, ce documentaire s'attarde sur l'enfer intime qui l'a peu Ă peu broyĂ©, aidĂ© du tĂ©moignage de certains de ses proches et d'images d'archives. Nina Simone, icĂŽne tragique.
E-Team (Katy Chevigny & Ross Kauffman, 2014, 1h29)
Une plongĂ©e fascinante dans le quotidien des enquĂȘteurs de Human Rights Watch, en Syrie notamment pour documenter les crimes d'Assad, mais aussi en Libye. Un travail d'alerte essentiel dont on mesure la complexitĂ© au regard de l'importance des enjeux politiques. Ă travers trois figures touchantes, le documentaire sert de vibrant plaidoyer pour dĂ©fendre un peu plus cette exigence de vĂ©ritĂ© et de justice.
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Print The Legend (Luis Lopez & Clay Tweel, 2014, 1h39)
Ce documentaire sur le marché émergent de l'imprimante 3D juxtapose les visions concurrentes de plusieurs entrepreneurs pour mieux saisir les enjeux à la fois économiques et idéologiques qui ont cours dans la Silicon Valley. Un éclairage incarné et passionnant.
Mission Blue (Robert Nixon & Fisher Stevens, 2014, 1h34)
Bel hommage au combat de l'exploratrice sous-marine Sylvia Earle pour la sauvegarde de notre environnement. Un documentaire alternant images d'archive et beaux plans de la nature aussi irréprochable que son modÚle.
ALLEZ, SOYONS FOUS! (79 films)
Shaft (Tim Story, 2019, 1h51)
Ce nouveau volet des aventures du justicier afro-amĂ©ricain met en scĂšne Ă la fois un rapprochement et une transition entre les diffĂ©rentes gĂ©nĂ©rations de Shaft. Un regard vers le passĂ©, un pas vers l'avenir que masque malheureusement une intrigue convenue entre action et comĂ©die autour d'une enquĂȘte autour de la pĂšgre. La dimension politique des annĂ©es 1970 a quand mĂȘme pris du sacrĂ© plomb dans l'aile.
Murder Mystery (Kyle Newacheck, 2019, 1h37)
Des années aprÚs leur mariage, un policier américain (Adam Sandler) tient enfin sa promesse d'emmÚner sa femme (Jennifer Aniston) en voyage de noce en Europe. Pendant le vol, elle fait la rencontre d'un homme riche qui invite le couple sur son yacht. Là , un mystérieux assassinat les plonge dans la tourmente. Une comédie policiÚre enjouée qui se laisse aller à trop de facilités.
Mon cĆur sauvage (Hanno Olderdissen, 2019, 1h45)
Une adolescente cardiopathe renonce à prendre le risque de nouvelles opérations. Malgré les menaces qui pÚsent sur sa vie, elle se rapproche d'un cheval que personne n'avait réussi à amadouer et se prépare à disputer une course avec lui. Un récit d'apprentissage quelque peu attendu.
Furie (LĂȘ VÄn Kiá»t, 2019, 1h38)
Nouvelle dĂ©clinaison d'une trame classique du film d'action – une ancienne gangster est rattrapĂ©e par son passĂ© quand ses ennemis kidnappent sa fille –, Furie se dĂ©marque par une exĂ©cution soignĂ©e et incarnĂ©e qui le place au-dessus d'un tas d'autres Ćuvres du genre.
Chopsticks (Sachin Yardi, 2019, 1h40)
Nirma est une jeune femme brillante en manque d'assurance. InterprĂšte professionnelle spĂ©cialisĂ©e dans le mandarin, elle voit sa vie rangĂ©e prendre un drĂŽle de dĂ©tour le jour oĂč elle donne sa voiture neuve Ă garer Ă un faux voiturier. AidĂ©e d'un chef plein de sagesse surnommĂ© « The Artist », elle tente de retrouver le vĂ©hicule. Une comĂ©die loufoque indienne sous forme d'Ă©trange rĂ©cit d'apprentissage.
Maria (Pedring Lopez, 2019, 1h29)
Ce film d'action philippin qui met en scÚne une assassin professionnelle retirée des affaires rattrapée par les membres d'un cartel a des airs de déjà vu. L'ensemble, qui manque un peu d'énergie pour convaincre, est à réserver aux amateurs du genre.
Good Sam (Kate Miles Melville, 2019, 1h30)
Une brillante journaliste de terrain, fille de sĂ©nateur, courtisĂ©e par un riche investisseur et un pompier enquĂȘte sur un mystĂ©rieux samaritain qui offre gĂ©nĂ©reusement 100 000 dollars Ă plusieurs inconnus. Une comĂ©die cousue de fil blanc qui dĂ©borde de bons sentiments.
Munafik 2 (Syamsul Yusof, 2019, 1h44)
Un guérisseur musulman voit sa vie ainsi que celle de sa famille menacées quand il tente de défier un gourou maléfique qui se sert de l'islam et de la magie noire pour asseoir son emprise sur les fidÚles. Ce film d'horreur malaisien comporte son lot de scÚnes de meurtres retorses.
Malgré tout (Gabriela Tagliavini, 2019, 1h18)
Ă la mort de leur mĂšre, quatre sĆurs ont pour mission de partir Ă la recherche chacune de leur vĂ©ritable pĂšre pour pouvoir toucher leur hĂ©ritage. Une quĂȘte identitaire traitĂ©e avec beaucoup (trop ?) de lĂ©gĂšretĂ© dans cette comĂ©die espagnole loufoque servie par un casting de seconds rĂŽles impeccables (Marisa Paredes, Rossy de Palma...). N'est pas Almodovar qui veut.
Les Affaires organisĂ©es 2 (Yılmaz ErdoÄan, 2019, 2h01)
Un jeune fiancé sur le point d'épouser la fille d'un malfrat d'Istanbul est victime d'une arnaque idiote. Pour pouvoir intégrer sa nouvelle famille, il va devoir se racheter de cette mauvaise combine et lui aussi faire preuve d'un certain savoir-faire en la matiÚre. Une comédie turque à la mise en scÚne soignée dont le scénario manque de finesse pour réellement faire rire malgré sa savoureuse galerie de personnages bas du front.
Aurora (Yam Laranas, 2019, 1h50)
Deux jeunes femmes se voient chargĂ©es de rester sur une Ăźle Ă la suite d'un naufrage pour recupĂ©rer le corps des morts Ă©chouĂ©s quand reviennent des fantĂŽmes. Se voulant plus atmosphĂ©rique que proprement horrifique, ce film philippin peine Ă Ă©veiller un vĂ©ritable intĂ©rĂȘt.
Suzzanna : Buried Alive (Anggy Umbara et Rocky Soraya, 2019, 2h05)
Une femme enceinte de retour de maniÚre impromptue chez elle fait face à des cambrioleurs qui s'en prennent à elle et l'enterrent vivante. Le lendemain, elle est pourtant bien là dans la maison alors que son fantÎme hante ceux qui s'en sont pris à elle et réclament vengeance. Une série B indonésienne qui, malgré une bonne idée de départ, tire en longueur.
The Silence (John R. Leonetti, 2019, 1h30)
Ce décalque de Sans un bruit, dont on peut soupçonner Netflix d'avoir racheté les droits aprÚs le succÚs du film de John Krasinski n'en approche jamais la tension dramatique. Malgré une performance solide de Kiernan Shipka (la fille de Don Draper dans Mad Men) en jeune ado sourde faisant face à l'assaut d'étranges créatures attirées par le bruit, le film ne décolle jamais vraiment faute d'une mise en scÚne soignée ou de véritables enjeux scénaristiques.
15 August (Swapnaneel Jayakar, 2019, 2h04)
Le jour de la fĂȘte nationale, un amour naissant se voit perturber par un drĂŽle d'incident. Un jeune garçon se retrouve la main coincĂ©e dans un trou. Pendant que tout le voisinage s'active, notre amoureux malchanceux tente d'allumer la flamme de son histoire. Cette comĂ©die indienne traĂźne malheureusement en longueur.
Courage et rodéo (Conor Allyn, 2019, 1h39)
Ce biopic de l'Américaine Amberley Snyder tient tout entier dans son pitch soit l'histoire d'une jeune espoir du rodéo qui a 19 ans, victime d'un accident de voiture, se retrouve à moitié paralysée mais bien déterminée à poursuivre sa passion. Elle en fait aujourd'hui des conférences et a assuré ici toutes les cascades.
Serenity (Steven Knight, 2019, 1h46)
Beau gĂąchis que ce casting trois Ă©toiles (Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Diane Lane...) perdu autour d'une sombre histoire de femme battue qui demande Ă son ex rĂ©ticent de tuer son Ă©poux violent lors d'une partie de pĂȘche. Reposant sur un univers plus original que ce que ce pitch pourrait laisser Ă penser, Serenity bĂącle totalement sa narration et l'Ă©criture de ses personnages jusqu'Ă peu Ă peu vider de sa substance le film de ses enjeux.
Yucatan (Daniel MonzĂłn, 2019, 2h10)
Un vieil homme ayant gagné une fortune au loto emmÚne ses filles et ses gendres en croisiÚre sur un paquebot de l'Espagne à l'Amérique du Sud. Il est pris pour cible par plusieurs arnaqueurs qui se battent pour pouvoir récupérer son argent. Une comédie espagnole qui plutÎt que travailler ses personnages en profondeur s'enferme peu à peu dans une série de gags et de rebondissements lourds ou attendus.
Goyo, l'enfant-général (Jerrold Tarog, 2019, 2h30)
Cette grande (et trĂšs longue) fresque revient sur un Ă©pisode de la guerre qui opposa les Ătats-Unis aux Philippines au tournant du XXe siĂšcle. AprĂšs la mort d'un influent gĂ©nĂ©ral, un gĂ©nĂ©ral plus jeune prend la relĂšve tentant d'organiser la rĂ©sistance Ă l'armĂ©e de l'envahisseur. Une leçon patriotique de courage qui tourne Ă l'ennui.
Revenger, l'Ăźle de la mort (Lee Seung-won, 2019, 1h41)
Un homme s'arrange pour ĂȘtre envoyĂ© sur une Ăźle oĂč vivent reclus de dangereux criminels afin de venger sa famille. Ce film d'action corĂ©en vaut surtout pour les nombreux combats musclĂ©s et trĂšs chorĂ©graphiĂ©s qui Ă©maillent la narration. Mais la mise en scĂšne ou le scĂ©nario peinent Ă donner un vrai souffle Ă cette histoire de vengeance un peu terne qui tourne vite Ă l'abattage.
Polar (Jonas Ă kerlund, 2019, 1h58)
à l'approche de sa retraite, un assassin (Mads Mikkelsen) est pris pour cible par son employeur qui envoie une bande de jeunes tueurs à ses trousses. Solitaire, hanté par son passé, il fait la connaissance d'une jeune femme toute aussi isolée (Vanessa Hudgens) qui semble se prendre d'affection pour lui. Adapté d'un comics, Polar tente de rester fidÚle à ses origines par un traitement visuel trÚs pulp. Dommage que l'ensemble, de l'écriture à la mise en scÚne, soit si grossier.
Solo (Hugo Stuven, 2019, 1h30)
InspirĂ© de l'histoire vraie d'un surfeur qui aprĂšs une douloureuse chute d'une falaise s'est retrouvĂ© blessĂ© et isolĂ© sur une plage dans les Canaries, ce film espagnol mĂȘle au cĆur d'une structure dĂ©construite un suspense sur l'Ă©tat mental et la capacitĂ© Ă survivre de son protagoniste ainsi qu'une mĂ©ditation sur sa vie, notamment amoureuse. Un entre-deux qui a plutĂŽt tendance Ă affadir le propos plutĂŽt que de le galvaniser.
Lionheart (Genevieve Nnaji, 2019, 1h35)
Ce premier film de fiction Original africain a Ă©tĂ© produit au NigĂ©ria. Il y est question de Lionheart, une entreprise de transport qui connaĂźt d'importantes turbulences financiĂšres au moment oĂč son patron pense Ă laisser la main Ă son frĂšre et Ă sa propre fille. Vont-ils redresser la barre avant de perdre le contrĂŽle ? Si l'ensemble est parfaitement regardable, on peine Ă pleinement se passionner pour une histoire aux rebondissements attendus.
E pluribus unum : le rĂȘve amĂ©ricain (Nanfu Wang et John Hoffman, 2018, 0h34)
Ce court documentaire suit une promotion qui s'apprĂȘte Ă passer l'examen donnant droit Ă la nationalitĂ© amĂ©ricaine. Certains de ces immigrants de diverses origines Ă©voquent leur parcours et le pourquoi de leur dĂ©marche. L'occasion de louer les Ătats-Unis comme terre d'accueil et de libertĂ© en contrepoint Ă la politique dĂ©fendue par Donald Trump, implicitement visĂ© ici mais jamais explicitement attaquĂ©.
Le mÚme américain (Bert Marcus, 2018, 1h35)
DerriĂšre cet intitulĂ© sybillin pour quiconque n'est pas familier de la culture internet se cache un documentaire qui s'intĂ©resse Ă la maniĂšre dont le web a changĂ© notre rapport Ă la cĂ©lĂ©britĂ© et Ă la vie privĂ©e. Depuis Paris Hilton, plus besoin d'avoir un talent pour devenir une star, un certain don pour l'exhibition suffit. Ouvrant un grand mĂ©lange des genres. Si le propos n'est pas inintĂ©ressant, le film enfonce tout de mĂȘme beaucoup de portes ouvertes.
Le Noël d'Angela (Damien O'Connor, 2018, 0h30)
Ce court film d'animation destinĂ© Ă un jeune public tient du joli conte de NoĂ«l. L'histoire d'une petite fille qui inquiĂšte pour un bĂ©bĂ© mis en scĂšne lors d'une messe de NoĂ«l l'emmĂšne avec elle pour tenter de le rĂ©chauffer. Au grand dam des parents. Mais peut-ĂȘtre n'est-il pas encore trop tard pour rĂ©parer cette malencontreuse bĂ©vue.
A Christmas Prince : The Royal Wedding (John Schultz, 2018, 1h32)
Pas de miracle de Noël. La premiÚre suite donnée à un Netflix original ne parvient pas à retrouver tout à fait le charme du précédent volet qui empilait déjà les clichés. AprÚs avoir gagné le coeur du prince d'une mystérieuse contrée, voilà que notre reporter américaine devenue blogueuse doit l'épouser. Un moment critique de la vie du royaume qui questionne les rÎles qui leur sont assignés et pourrait faire vaciller leur amour. Ou pas.
Sabrina (Rocky Soraya, 2018, 1h53)
Variation sur le genre de la poupée tueuse, Sabrina n'a rien à envier à Chucky en potentiel traumatisant pour les enfants. Cette série B indonésienne signée Rocky Soraya joue la carte de l'horreur autour de l'histoire d'une jeune fille adoptée peinant à se remettre de la mort de sa mÚre biologique. Sans jamais convaincre totalement.
May the Devil Take You (Timo Tjahjanto, 2018, 1h50)
Cet autre film d'Ă©pouvante indonĂ©sien s'inscrit dans une veine horrifique reliant la famille Ă une forme d'exploration du mal. Au sous-sol sont tapis les fantĂŽmes d'un passĂ© liĂ© Ă un pĂšre longtemps disparu, prĂȘts Ă dĂ©vorer les vivants. Une Ćuvre qui joue volontiers sur quelques effets gore mais peine Ă crĂ©er une rĂ©elle empathie avec ses personnages.
La princesse de Chicago (Mike Rohl, 2018, 1h41)
En 2018, A Christmas Prince, succÚs noël estampillé Netflix de 2017, comptera donc une suite mais aussi un faux remake. La Princesse de Chicago raconte l'histoire d'une pùtissiÚre américaine qui se retrouve inscrite à un grand concours culinaire en Belgravia et rencontre sur place son double, une comtesse promise au prince du royaume. Toutes deux insatisfaites de leur vie, elles décident d'échanger leur identité le temps d'un week-end. Mélange de gentils quiproquos attendus et de bons sentiments, la suite est à réserver aux inconditionnels de l'esprit de Noël ou aux fans de Vanessa Hudgens, la seule ici à tirer un peu son épingle du jeu.
Kuntilanak (Rizal Mantovani, 2018, 1h45)
Ce film d'épouvante indonésien ne se démarque pas des productions moyennes du genre. Soit l'histoire de cinq enfants confrontés à un esprit maléfique qui hante un orphelinat. La dimension de conte est parfaitement assumée dans un entre-deux pas toujours heureux entre effets de distanciation presque métas et ficelles trÚs premier degré.
Les Mauvais esprits (Olaf de Fleur Johannesson, 2018, 1h28)
Surfant sur un sentiment de peur, ils ont montĂ© une entreprise qui prĂ©tend dĂ©barrasser les mauvais esprits qui hantent les maisons. Une vaste escroquerie jusqu'au jour oĂč les voilĂ confrontĂ©s Ă une rĂ©elle apparition. Cette jolie idĂ©e de scĂ©nario donne lieu Ă un film d'horreur somme toute trĂšs classique jouant sur les habituelles ficelles du genre.
Gare aux gnomes (Peter Lepeniotis, 2018, 1h25)
Ce film d'animation autour d'une jeune fille qui emménage une éniÚme fois avec sa mÚre dans une nouvelle maison, cette fois hantée par des gnomes se partage entre scÚnes d'action gentillettes et bons sentiments sur l'amitié et l'appartenance. à reserver aux plus jeunes et aux inconditionnels des nains de jardin, ici solides alliés de notre jeune héroïne.
Bleach (Shinsuke Sato, 2018, 1h48)
Adaptation live des premiers tomes d'un manga de autour de l'histoire d'un adolescent qui reçoit des supers pouvoirs d'un ĂȘtre fantastique pour terrasser les mauvais esprits. Outre ce jeu outrancier du live qui perd du charme du dessin, une certaine idĂ©e de l'ennui.
Le Banquier de la rĂ©sistance (Joram LĂŒrsen, 2018, 2h03)
Le film de Joram LĂŒrsen dĂ©peint une page mĂ©connue de l'histoire de la rĂ©sistance nĂ©Ă©rlandaise. Soit la crĂ©ation d'une banque souterraine destinĂ©e Ă financer les actions contre les nazis grĂące Ă un ingĂ©nieux systĂšme de dĂ©tournement de fonds lĂ©gaux. Un rĂ©cit inspirĂ© de faits rĂ©els donc tenu de maniĂšre trĂšs classique.
The After Party (Ian Edelman, 2018, 1h40)
The After Party contient deux films en un. L'histoire d'un apprenti rappeur, sur le point de s'engager pour l'armĂ©e, qui a une derniĂšre nuit pour tenter de rĂ©aliser les rĂȘves auxquels il s'apprĂȘte Ă renoncer. Et celle de son meilleur ami, fortunĂ© mais loser, dĂ©terminĂ© Ă lui offrir l'opportunitĂ© qui s'acharne Ă lui Ă©chapper. Si le premier fil est joliment tenu, le second rĂ©sulte en une suite de situations attendues et peu drĂŽles qui entachent l'ensemble.
Brij Mohan Amar Rahe ! (Nikhil Bhat, 2018, 1h40)
Cette nouvelle comédie indienne s'attache aux déboires d'un homme qui fuit l'échec de son mariage et de son commerce dans les bras d'une amante libérée. Mis sous pression par une accumulation de dettes, il décide de mettre en scÚne une fausse mort et de fuir. Mais les ennuis ne font que commencer. Jouant dans un premier temps sur un humour plutÎt grossier, Brij Mohan Amar Rahe ! affine peu à peu le trait en changer de ton jusqu'à basculer vers une noirceur absurde.
Dans la peau du loup (Samu Fuentes, 2018, 1h50)
Ce film espagnol sur un trappeur qui, fatiguĂ© de sa solitude, se trouve une femme dans un village en contrebas de lĂ oĂč il vit tente de se dĂ©marquer par un travail d'Ă©pure : une narration rĂ©duite quasiment Ă deux personnages, des dialogues plus que minimalistes… Dommage qu'outre un intĂ©ressant glissement des points de vue entre les deux personnages, l'ensemble manque un peu d'enjeux ou de scĂšnes fortes pour nous intĂ©resser rĂ©ellement Ă leur sort.
Tau (Federico D'Alessandro, 2018, 1h37)
Une jeune femme kidnappĂ©e se retrouve au cĆur d'une expĂ©rience durant laquelle elle est prisonniĂšre d'une intelligence artificielle. L'idĂ©e de ce thriller moderne Ă©tait attirante sur le papier. On s'imaginait dĂ©jĂ dans un escape game façon Cube. L'exĂ©cution en est trĂšs loin. MalgrĂ© une mise en scĂšne trĂšs soignĂ©e et la prĂ©sence de Maika Monroe, l'actrice principale d'It Follows, on peine Ă s'intĂ©resser aux mĂ©saventures de notre hĂ©roĂŻne et Ă ses Ă©changes avec la machine qui manquent cruellement d'un vĂ©ritable enjeu.
Les Goûts et les couleurs (Myriam Aziza, 2018, 1h35)
Ce troisiĂšme film français Ă intĂ©grer le pavillon Original en France est sans doute le plus inĂ©gal des trois. La faute Ă des dialogues pas toujours Ă la hauteur, une interprĂ©tation sur certaines scĂšnes fragiles, un mĂ©lange des genres par moments infructueux. AprĂšs Je ne suis pas un homme facile, Les GoĂ»ts et les couleurs confirme toutefois la volontĂ© de Netflix d'engager la comĂ©die française sur un terrain plus politique et inclusif aussi bien devant que derriĂšre la camĂ©ra. Ici, la rĂ©alisatrice Myriam Aziza s'attaque aux conservatismes en tous genres Ă travers l'histoire de Simone (convaincante Sarah Stern), une jeune femme issue d'une famille juive traditionnelle, en couple avec une autre femme depuis plusieurs annĂ©es, qui cherche Ă faire son coming out auprĂšs de ses parents. C'est Ă ce moment lĂ qu'elle rencontre Wali, un chef sĂ©nĂ©galais qui ne la laisse pas indiffĂ©rente. La voilĂ ballottĂ©e entre des sentiments contradictoires, prĂȘte Ă assumer enfin ce qu'elle ressent au risque de la confusion. Cette quĂȘte d'une vĂ©ritĂ© et d'une libertĂ© filmĂ©e au plus prĂšs des corps et des visages est la partie la plus convaincante du film. Les GoĂ»ts et les couleurs pointe bien la difficultĂ© de lutter contre ses propres prĂ©jugĂ©s, d'expĂ©rimenter le monde en Ă©vitant de poser trop d'Ă©tiquettes sur les choses, de s'affranchir des attentes de ses origines. Simone et Wali y sont dĂ©peints avec nuance, dĂ©fiant les reprĂ©sentations stĂ©rĂ©otypĂ©es qu'offre en gĂ©nĂ©ral ce type de protagonistes, via notamment leur rapport Ă la nourriture. Dommage qu'Ă cette fine ligne s'en superpose une seconde, propre Ă tous les personnages secondaires, oĂč les clichĂ©s grossiers sont assumĂ©s pour servir de ressorts comiques au risque de saper la premiĂšre.
Histoires sensuelles (Zoya Akhtar, Dibakar Banerjee, Karan Johar et Anurag Kashyap, 2018, 2h00)
Le problÚme des films à sketch, c'est que le résultat est en général inégal tirant la perception de l'ensemble plutÎt vers le bas. Ces quatre Histoires sensuelles (attention le titre est trompeur) venues d'Inde et tournées par des réalisateurs prestigieux n'échappent pas à la rÚgle les deux éléments les plus grossiers étant pour en rien arranger mis au début et à la fin. Si l'ensemble se positionne de maniÚre intéressante du coté des femmes pour explorer le rapport des Indiens au désir et à la sexualité, certaines intuitions sur nos sociétés modernes ont presque déjà pour nous des airs de poncifs. Restent deux segments dramatiques plus réussis sur le sort d'une domestique et d'une femme adultÚre.
Maktub (Oded Raz, 2018, 1h40)
Cette comédie dramatique israélienne signée Oded Raz cherche à tirer un peu de légÚreté d'un sujet grave, soit la crise existentielle que traversent deux petits délinquants qui survivent à une attaque terroriste en plein Jérusalem. Soudain, voilà qu'ils changent de vie, déterminés à venir en aide à ceux qui délaissent leurs problÚmes sur papier au Mur des lamentations. Si le mélange des genres est intéressant, le cÎté farce de l'ensemble et la volonté de s'aventurer sur un terrain plus humain et social ont plutot tendance ici à s'annihiler l'un l'autre malgré le bel abattage des deux acteurs principaux.
Ibiza (Alex Richanbach, 2018, 1h34)
Cette nouvelle dĂ©clinaison façon Very Bad Trip –mĂȘlĂ©e d'une touche de comĂ©die romantique – d'un voyage de trois jeunes AmĂ©ricaines quelques jours en Espagne brille par sa lĂ©gĂšretĂ© proche de l'inconsĂ©quence. Si on passera donc sur le scĂ©nario cĂ©lĂ©brant l'hĂ©donisme de la culture club, reste les performances attachantes des trois fĂȘtardes (Gillian Jacobs, Vanessa Bayer et Phoebe Robinson) et en filigrane tout un jeu sur l'introversion ou la maladresse dont on aurait rĂȘvĂ© qu'il soit traitĂ© avec davantage d'attention.
Mariage Ă Long Island (Robert Smigel, 2018, 1h56)
AprĂšs la parenthĂšse The Meyerowitz Stories (new and selected) de Noah Baumbach qui avait vu le comĂ©dien briller dans un registre un peu plus dramatique et avant son incursion dans l'univers des frĂšres Safdie, Adam Sandler revient ici Ă son registre comique habituel. Soit l'histoire d'un pĂšre dont la gĂ©nĂ©rositĂ© Ă organiser le mariage de sa fille dĂ©passe les moyens. L'exact inverse du pĂšre du mariĂ© (Chris Rock). Le film dĂ©peint ainsi une semaine de prĂ©paratifs menant Ă la cĂ©rĂ©monie oĂč s'accumulent les contretemps auxquels fait infailliblement face notre hĂ©ros au prix de quelques arrangements pas toujours conventionnels. Si la bizarrerie traitĂ©e avec tendresse de ces freaks au grand cĆur rappelle de loin l'univers des frĂšres Farrelly, Mariage Ă Long Island pĂątit d'un rythme longuet et de gags trĂšs inĂ©galement drĂŽles.
Sila Samayangalil (Priyadarshan, 2018, 1h32)
Ce nouveau film indien traite d'un sujet sensible. Sept personnes passent un test de dĂ©pistage du sida. On les suit pendant cette journĂ©e particuliĂšre Ă attendre les rĂ©sultats. Ils sont de milieux et d'Ăąge diffĂ©rents. Dans un premier temps, Ă©crasĂ©s par la gĂȘne, il s'ouvrent peu Ă peu et commencent Ă Ă©changer sur leur vie. Outre cette mise en place un peu lente, le film souffre d'un didactisme pas toujours trĂšs fin qui s'il est parfaitement louable sur le fond pĂšse autant sur les dialogues que les personnages pour un rĂ©sultat convenu.
Pickpockets (Peter Webber, 2018, 1h34)
Une production française, un rĂ©alisateur britannique et une histoire qui se dĂ©roule en Colombie dans le cercle des pickpockets de Bogota. La gĂ©nĂšse de ce nouvel original sud-amĂ©ricain est trĂšs internationale pour un rĂ©sultat malheureusement inĂ©gal. AprĂšs une entame allĂ©chante prĂ©sentant une bande de jeunes voyous essayant de faire leur trou abordĂ©e par un mystĂ©rieux mentor, le film retombe ensuite sur des ficelles un peu grossiĂšres oĂč sera mise en danger leur loyautĂ©. Pickpockets a toutefois le grand intĂ©rĂȘt de donner envie de revoir La Vierge des tueurs de Barbet Schroeder sur une thĂ©matique trĂšs proche.
Orbita 9 (Hatem Khraiche Ruiz-Zorrilla, 2018, 1h34)
Elle se croyait depuis toujours en orbite autour de la Terre. Un ingénieur lui révÚle un jour la supercherie, elle fait en réalité partie d'une simulation dans un laboratoire de notre planÚte. Hatem Khraiche Ruiz-Zorrilla tire de ce pitch prometteur un film qui à force de vouloir gagner sur les tableaux du drame à la romance en passant par l'action ou la science-fiction finit par diluer la force de ses prémices dans une suite de péripéties accompagnant la cavale de nos héros. Cet Orbita 9, s'il se regarde sans déplaisir, méritait mieux.
Ram Dass, le pouvoir de l'instant présent (Derek Peck, 2018, 0h31)
Ce court métrage recueille la parole intime de Richard Alpert, plus connu sous le nom de Ram Dass aprÚs qu'un voyage en Inde à la fin des années 1960 a changé sa vie. Le guide spirituel y parle de l'importance de l'ùme, de notre rapport à la mort, exhortant à choisir pleinement le camp de la vie. L'imagerie, elle, fait la part belle à la communion de l'homme et la nature. L'ensemble, lui, reste un poil convenu.
Game Over, man! (Kyle Newacheck, 2018, 1h41)
«Die Hard with dick jokes». C'est ainsi que le Guardian a titrĂ© sa chronique de cette comĂ©die Netflix et il faut dire que la formule est parfaitement bien trouvĂ©e. Game Over, man!, c'est l'histoire de trois geeks dĂ©terminĂ©s Ă financer leur jeu vidĂ©o pris dans une suite d'imbroglios liĂ©s Ă une prise d'otage dans un hĂŽtel. Si la suite de pĂ©ripĂ©ties amusent un peu, les gags arrachent difficilement un sourire, tapant lourdement en-dessous de la ceinture. Nos trois interprĂštent masculins n'aident pas beaucoup plus.
The Outsider (Martin Zandvliet, 2018, 2h)
EsthĂ©tiquement, il n'y a pas grand chose Ă reprocher Ă cet Outsider Ă l'Ă©lĂ©gance un peu froide plutĂŽt maĂźtrisĂ©e. MĂȘme la performance toute en sobriĂ©tĂ© de Jared Leto, impassible façon Kitano ou avant lui Alain Delon, est estimable au milieu de jolies performances du cast japonais. Sauf que cette histoire d'un AmĂ©ricain se liant Ă un gang de yakuza dans le Japon de l'aprĂšs-guerre ne dĂ©passe jamais l'hommage Ă ce genre, Ă la limite du pastiche. Le film ne dit rien d'autres que les codes Ă©culĂ©s qui le rĂ©gissent sans jamais sembler vouloir les interroger ou les dĂ©tourner. Ă rĂ©server aux amateurs donc.
When We First Met (Ari Sandel, 2018, 1h37)
Saint-Valentin oblige, Netflix fait la part belle ce mois-ci aux comĂ©dies romantiques, Ă commencer par ce When We First Met au charme un peu Ă©teint. Soit l'histoire de Noah qui, par l'intermĂ©diaire d'un photomaton, se voit donner l'opportunitĂ© de revivre la soirĂ©e oĂč il rencontre la femme dont il est amoureux jusqu'Ă ce que celle-ci le devienne aussi. Sauf que chacun de ces choix auront des consĂ©quences inattendues. Si le pitch rappelle Un jour sans fin, sachez tout de mĂȘme qu'Adam Devine est loin d'avoir le charme de Bill Murray et que l'humour ici n'approche jamais la finesse de celui d'Harold Ramis. Reste qu'Ari Sandel a le bon goĂ»t de ne pas se positionner sur le terrain de la morale pleine de bons sentiments pour finir par tenir un propos lĂ©gĂšrement dĂ©calĂ© aux canons sur l'amour. Trop peu, trop tard, malheureusement.
Le Marchand (Tamta Gabrichidze, 2018, 0h23)
Ce documentaire multiprimĂ© qui suit la tournĂ©e d'un marchand ambulant au cĆur de la campagne gĂ©orgienne est l'occasion de rendre un peu d'humanitĂ© Ă une population frappĂ©e par la pauvretĂ© au point de devoir se rĂ©soudre au troc pour survivre. Malheureusement, la courte durĂ©e du film n'offre qu'une petite fenĂȘtre –Ă l'esthĂ©tique trĂšs soignĂ©e– sur un monde dont on aurait aimĂ© savoir bien davantage.
Step Sisters (Charles Stone III, 2018, 1h48)
Ce teen movie qui prend pour cadre l'univers des sororitĂ©s amĂ©ricaines met Ă l'honneur la discipline du stepping, une forme de danse athlĂ©tique aux racines africaines et cubaines. On suit ainsi les aventures de la sĂ©rieuse Jamilah qui afin d'obtenir une lettre de recommandation pour Harvard doit coacher une bande de filles, blanches Ă une exception, plus connues pour leur goĂ»t de la fĂȘte que leurs performances sportives. Si le rĂ©cit initiatique comme la mise en scĂšne sont plutĂŽt convenues, le film va de maniĂšre intĂ©ressante Ă l'encontre du dogme actuel de l'appropriation culturelle.
Bright (David Ayer, 2017, 1h57)
Blockbuster dotĂ© d'un budget de 90 millions de dollars, Bright est Ă la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour Netflix. Le film de David Ayer (Fury, Suicide Squad) montre que le gĂ©ant de la SVOD peut venir concurrencer les gĂ©ants d'Hollywood sur leur propre terrain sans avoir trop Ă rougir. Et en mĂȘme temps, ses deux heures de visionnage terminĂ©es, on ne peut que regretter que l'entreprise connue pour laisser une marge de libertĂ© aux artistes n'arrive pas Ă faire mieux ou du moins diffĂ©remment. Tout semble ici calibrĂ© au point que l'univers original du fim posĂ© dans les premiĂšres minutes entre orques, fĂ©es, elfes, gangsters, policiers, baguette magique et drĂŽles de prophĂ©ties (rep Ă sa Harry Potter et Le Seigneur des anneaux), plus aucune surprise ne vient ensuite dĂ©vier le train lancĂ© Ă toute vitesse. Bright rejoue les dĂ©fauts que l'on a maintes fois soulevĂ© dĂ©jĂ concernant les productions maison: une attention si poussĂ©e sur l'enchaĂźnement des pĂ©ripĂ©ties que les personnages peinent rĂ©ellement Ă exister. L'effet d'attente crĂ©Ă© par la prĂ©sentation d'une mythologie riche finit par se dĂ©gonfler mĂȘme si la suite de scĂšne d'actions se regarde sans dĂ©plaisir. Le film ne dĂ©ploie au final qu'une version trĂšs superficielle de ses possibilitĂ©s. Reste Will Smith, attachant de sobriĂ©tĂ©.
Noël à Snow Falls (Ernie Barbarash, 2017, 1h45)
Une pelletĂ©e de neige et une grosse louche de bons sentiments. Ce nouveau (et dĂ©cevant) volet de la trilogie de NoĂ«l de Netflix colle parfaitement au canon, soit l'histoire d'Ellen, jeune new-yorkaise frivole destinĂ©e Ă reprendre les rĂȘnes de l'entreprise familiale envoyĂ©e remettre une missive Ă son oncle dans la petite ville oĂč tout a commencĂ©. Une tempĂȘte de neige aidant (et la prĂ©sence bienveillante d'Andie McDowell, rare satisfaction du film), l'hĂ©ritiĂšre retrouvera le droit chemin des bonnes valeurs. Malheureusement, n'est pas Un jour sans fin ou Gilmore Girls qui veut.
Un noël à El Camino (David E. Albert, 2017, 1h29)
AprĂšs A Christmas Prince, Netflix poursuit sa livraison saisonniĂšre de films marketĂ©s pour la fin de l'annĂ©e. Et si ce Un noĂ«l Ă El Camino s'Ă©loigne des clichĂ©s qui collaient tant au premier, le rĂ©sultat est peut-ĂȘtre ici encore moins rĂ©jouissant. Sur le papier, le casting pouvait donner un peu envie –Jessica Alba, Vincent d'Onofrio, Tim Allen–, mais trĂšs vite la faiblesse des dialogues comme de la mise en scĂšne plombent les quelques bonnes idĂ©es d'un scĂ©nario au potentiel rĂ©jouissant –par une suite de circonstances malheureuses, l'arrivĂ©e d'un homme inconnu tourne Ă la prise d'otage la veille de NoĂ«l. Die Hard a encore de beaux jours devant lui comme rĂ©fĂ©rence du genre.
A Christmas Prince (Alex Zamm, 2017, 1h32)
Quand Netflix se lance dans le genre du film de NoĂ«l, il ne fait pas les choses Ă moitiĂ©. Dans A Christmas Prince, on retrouve donc un univers de prince et de princesses, chĂąteau compris, le tout dans un Ă©trange pays Ă©tranger fantasmĂ© et immaculĂ©. Bien sĂ»r, il y a aussi des batailles de boule de neige et des courses en luge, des secrets de famille, des gentils qui n'en ont pas l'air et des mĂ©chants qui trompent leur monde, des amours contrariĂ©s, des rebondissements (presque) inattendus, des balades Ă chevaux en forĂȘt… et, NoĂ«l oblige, une rĂ©solution heureuse au pied du sapin. DerriĂšre cette trame vue et revue, le charme d'A Christmas Prince tient sans doute Ă l'application trĂšs premier degrĂ© de son programme de rĂ©jouissances. Le film d'Alex Zamm a l'humilitĂ© de ne jamais se prendre pour autre chose que ce qu'il ait: un plaisir coupable Ă regarder au chaud sous la couette en attendant l'hiver.
O Matador (Marcelo Galvao, 2017, 1h39)
Ce western brĂ©silien sur fond de fresque historique raconte l'histoire d'un tueur retirĂ© dans une province lointaine, territoire maudit sur lequel il va connaĂźtre la richesse puis la perte. C'est aussi l'histoire d'une filiation le film mĂȘlant sur une autre temporalitĂ© la quĂȘte d'un fils. DerriĂšre une belle photo et l'apparition surprise d'Ătienne Chicot, une Ćuvre Ăąpre traversĂ©e par quelques Ă©clats de violence pour laquelle on a grand peine Ă se passionner.
The Babysitter (McG, 2017, 1h25)
Un jeune adolescent mal dans sa peau et brimĂ© par ses camarades trouve rĂ©confort auprĂšs de sa babysitter dont il est secrĂštement amoureux. Malheureusement pour lui, le temps d'une folle nuit, celle-ci se rĂ©vĂ©lera ne pas ĂȘtre celle qu'il croit. Si l'exposition de l'amitiĂ© presque improbable touchant nos deux hĂ©ros est soignĂ©e et si McG (Charlie's Angels) ne manque pas d'idĂ©es pour une mise en scĂšne Ă l'esprit pulp, le film bascule trĂšs vite dans une suite de scĂšnes sanglantes comme un vulgaire slasher faisant fi de l'intĂ©rĂȘt que l'on pouvait jusque-lĂ porter pour les personnages.
The Bad Batch (Ana Lily Amirpour, 2017, 1h59)
DĂšs les premiers plans, on Ă©tait accrochĂ©. Par le travail de mise en scĂšne d'Ana Lily Amirpour, son sens du cadrage, de la durĂ©e des plans. Par le magnĂ©tisme Ă l'Ă©cran de Suki Waterhouse. Par ce cĂŽtĂ© un peu traumatisant de nous jouer «All That She Wants» de Ace of Base sur une dure scĂšne de torture. Puis lĂ , c'est le drame. MalgrĂ© un univers prometteur, ce survival autour d'une jeune femme lancĂ©e Ă sa sortie de prison dans un monde dĂ©sertique sans foi ni loi oĂč sont regroupĂ©s tous les membres non productifs de la sociĂ©tĂ© tourne trĂšs vite Ă vide. Les personnages sont Ă peine dessinĂ©s, l'intrigue patine. Reste quelques scĂšnes trĂšs rĂ©ussies esthĂ©tiquement et un camĂ©o trĂšs amusant de Keanu Reeves (avec la moustache). Sur deux heures, ça fait peu.
#Realityhigh (Fernando Lebrija, 2017, 1h39)
Un teen movie de plus Ă l'actif de Netflix cette fois autour de l'histoire d'une Ă©lĂšve brillante, dont l'amour pour la star de l'Ă©quipe de natation va provoquer la colĂšre de l'ex de celui-ci, YouTubeuse star du lycĂ©e. Si le cast est particuliĂšrement attachant, les personnages peinent Ă dĂ©passer les clichĂ©s et l'intĂ©rĂȘt de cette comĂ©die se dilue peu Ă peu dans une forme trĂšs premier degrĂ© de bonne morale.
Death Note (Adam Wingard, 2017, 1h41)
Cette adaptation Ă l'amĂ©ricaine d'un manga et d'un animĂ© japonais est malheureusement symptomatique des ravages de cette approche popisante du monde des super-hĂ©ros. LĂ oĂč le matĂ©riau d'origine semblait propice aux questionnements moraux sur la nature de la justice et notre rapport au mal, le film d'Adam Wingard balaye tout ça rapidement au profit d'une psychologisation un peu facile et d'une approche donnant la primautĂ© aux rebondissements. Reste une esthĂ©tique sombre estompĂ©e Ă coups de morceaux pop.
Lucid Dream (Jun-seong Kim, 2017, 1h41)
Ce film corĂ©en sur un pĂšre obsĂ©dĂ© par la perte de son fils au point de revisiter ses rĂȘves Ă la recherche du moindre indice permettant de le retrouver rappelle trop Inception sans l'inventivitĂ© formelle pour qu'on s'y attache durablement.
Laerte-se (Lygia Barbosa Da Silva & Eliane Brum, 2017, 1h40)
PlongĂ©e dans la vie et l'Ćuvre du dessinateur brĂ©silien Laerte Coutinho, dont l'imaginaire devançait dĂ©jĂ la transformation en femme. Portrait touchant d'une femme trans qui laisse la part belle Ă la fantaisie.
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Mindhorn (Sean Foley, 2017, 1h29)
MĂȘme dans leurs comĂ©dies Ă moitiĂ© rĂ©ussies, les Britanniques ont un sens de l'absurde et de la lose inĂ©galĂ©. Un ancien acteur tĂ©lĂ© connu pour un rĂŽle d'inspecteur reprend ici du service Ă la demande d'un assassin. Steve Coogan a le droit Ă sa petite apparition, ce qui fait toujours plaisir.
Tramps (Adam Leon, 2017, 1h22)
AprĂšs le succĂšs de Gimme The Loot, Adam Leon revient avec la dĂ©ambulation attachante de deux jeunes acteurs unis par les circonstances dans une drĂŽle de combine sans savoir Ă quel point ils peuvent se faire confiance. Plaisant et l'occasion de voir Grace Van Patten dans ses Ćuvres en attendant de la retrouver dans The Meyerowitz Stories, signĂ© Noah Baumbach.
Slam (Andrea Moliaoli, 2017, 1h39)
Cette romance à l'italienne met en scÚne un jeune homme effrayé par sa paternité à venir qui va chercher des conseils en s'intéressant de plus prÚs à la vie de son idole, le skateur Tony Hawk. Une narration riche en imagination.
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Sandy Wexler (Steven Brill, 2017, 2h11)
Pour son troisiĂšme film Netflix, son plus rĂ©ussi, Adam Sandler fait son Broadway Danny Rose en incarnant un agent au grand cĆur qui met toute sa passion Ă reprĂ©senter toutes sortes d'artistes plus loufoques les uns que les autres jusqu'au jour oĂč il dĂ©couvre une chanteuse pleine de promesses. DiffĂ©rence majeure: lĂ oĂč le film de Woody Allen durait 1h24, celui-ci dure 2h11.
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Pandora (Park Jeong-woo, 2017, 2h16)
Ce film catastrophe sud-coréen commence comme une virulente charge politique contre le nucléaire dans un climat post-Fukushima. Il s'embourbe malheureusement peu à peu dans un héroïsme sacrificiel grandiloquent. Tellement dommage.
Burning Sands (Gerard McMurray, 2017, 1h42)
Prenant pour prĂ©texte une histoire de bizutage scolaire au sein d'une fraternitĂ©, Burning Sands explore la question suivante: jusqu'oĂč est-on prĂȘt Ă mettre un voile sur sa morale pour s'intĂ©grer?
Mercy (Chris Sparling, 2016, 1h27)
Cette histoire de mĂšre mourante soutenue par une mystĂšrieuse communautĂ© au moment oĂč sa famille recomposĂ©e se dĂ©chire dĂ©jĂ pour des questions d'hĂ©ritage vaut surtout pour son ambiance presque macabre, quelque part entre le drame et le film fantastique.
Spectral (Nic Mathieu, 2016, 1h48)
Visuellement trÚs réussi, ce petit film de science-fiction dans lequel l'armée américaine se retrouve confrontée à une mystérieuse force dotée de super-pouvoirs manque de souffle, de profondeur et d'incarnation. La promesse reste inaboutie.
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7 años (Roger Gual, 2016, 1h17)
Cette histoire de mĂ©diation autour d'un casse-tĂȘte juridique visant Ă dĂ©terminer lequel des quatre associĂ©s d'une entreprise menacĂ©e par la justice doit se sacrifier pour les autres a des petits airs de film d'arnaque. Qui bluffe?
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L'Ă©chelle celeste: l'art de Cai Guo-Qiang (Kevin MacDonald, 2016, 1h19)
Quatre ans aprĂšs Marley, Kevin MacDonald s'aventure sur un terrain un peu plus pointu avec ce portrait d'un artiste chinois qui a choisi pour terrain d'expression la pyrotechnie Ă grande Ă©chelle. Une Ćuvre Ă©phĂ©mĂšre Ă la beautĂ© fascinante.
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ARQ (Tony Elliott, 2016, 1h28)
Une relecture d'Un jour sans fin version apocalyptique oĂč un groupe d'ingĂ©nieurs doit revivre la mĂȘme journĂ©e jusqu'Ă rĂ©soudre l'Ă©nigme qui les maintient prisonniers. Malin Ă dĂ©faut d'ĂȘtre complĂštement brillant.
Je dormirai quand je serai mort (Justin Krook, 2016, 1h19)
Ce documentaire consacré au DJ Steve touche une corde sensible quand il évoque ses difficiles relations avec un pÚre froid et ambitieux.
Special Correspondents (Ricky Gervais, 2016, 1h41)
Ce remake de notre EnvoyĂ©s trĂšs spĂ©ciaux relocalisĂ© entre les Ătats-Unis et le Venezuela vaut surtout pour la performance de Ricky Gervais, toujours parfait pour incarner des personnages totalement Ă cĂŽtĂ© de la plaque et donc terriblement humains.
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My Beautiful Broken Brain (Sophie Robinson & Lotje Sodderland, 2016, 1h24)
Ce documentaire sous haut patronage lynchien offre une forte leçon de vie Ă travers la longue convalescence d'une jeune femme dont le cerveau se remet difficilement d'un AVC. Une invitation Ă ĂȘtre davantage Ă l'Ă©coute de ses rĂȘves pour regarder le monde autrement.
Winter on Fire: Ukraine's Fight for Freedom (Evgeny Afineevsky, 2015, 1h38)
Ce récit des troubles politiques qui ont secoué l'Ukraine entre 2013 et 2014 autour de la question du rapprochement avec l'Union européenne se regarde comme un feuilleton.
Keith Richards: Under the influence (Morgan Neville, 2015, 1h22)
Invité à interviewer le guitariste des Rolling Stones à l'occasion de la sortie d'un de ses albums solo, Morgan Neville débarque chez Keith Richards avec un tas de vinyles sous le bras. S'ensuivent trois heures d'interviews sur ceux qui ont inspiré le musicien, qui en appelleront d'autres les jours suivants. Une belle porte d'entrée dans la musique des Rolling Stones.
The Other One: The Long Strange Trip of Bob Weir (Mike Fleiss, 2015, 1h24)
En s'attachant à la figure de Bob Weir, Mike Fleiss retrace non seulement l'épopée musicale du Grateful Dead, mais raconte aussi une belle aventure riche en amour et en amitiés.
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BON, SI VOUS Y TENEZ VRAIMENT (30)
Le Bout du monde (McG, 2019, 1h39)
L'ennui gagne souvent devant ce nouveau film de science-fiction adolescent signé McG, soit l'histoire de quatre jeunes qui passent l'été dans un camp et se retrouvent confrontés à d'étranges phénomÚnes paranormaux liés à une invasion extraterrestre. Le charme nostalgique de Stranger Things semble bien loin.
Oh, Ramona ! (Cristina Jacob, 2019, 1h49)
Triste ratage emprunt de vulgarité que ce Oh, Ramona ! roumain centré autour d'un adolescent partagé entre une camarade de lycée qui refuse ses avances amoureuses et la réceptionniste d'un hÎtel rencontrée pendant les vacances. Un portrait emprunt de lourdeur sur une certaine jeunesse pleinement tournée vers l'Occident.
Malibu Rescue (Savage Steve Holland, 2019, 1h09)
MĂ©contents de son comportement, les parents de Tyler le punissent en l'envoyant en camp d'entraĂźnement pour devenir sauveteur sur la plage de Malibu. Ă son arrivĂ©e, il fait tout pour ĂȘtre exclu du programme avant d'apprendre que lui et les autres adolescents originaires de la vallĂ©e ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s pour montrer au maire qu'ils n'avaient pas leur place ici. Une comĂ©die adolescente convenue Ă rĂ©server Ă un jeune public.
Un noël cinq étoiles (Marco Risi, 2018, 1h35)
Mis Ă part quelques clins d'Ćil amusants Ă la scĂšne politique italienne voire europĂ©enne actuelle (coucou Emmanuel Macron), il n'y a pas grand chose Ă sauver de cette comĂ©die bien lourde autour d'une histoire scabreuse d'adultĂšre entre le prĂ©sident du conseil italien et sa principale rivale Ă l'occasion d'un dĂ©placement Ă Budapest. On dirait du mauvais thĂ©Ăątre de boulevard filmĂ©.
Le Paquet (Jake Szymanski, 2018, 1h34)
Cinq amis partent camper quelques jours dans la forĂȘt quand l'un d'entre eux coupe accidentellement son pĂ©nis. Il est rapatriĂ© d'urgence par hĂ©licoptĂšre, mais le malheureux organe, lui, reste derriĂšre. Les autres n'ont alors que quelques heures pour le ramener Ă bon port. Le dĂ©but d'une balade tout sauf tranquille. Le pitch donne une assez bonne idĂ©e d'Ă quoi s'attendre, blagues lourdes et graveleuses comprises. Le scĂ©nario est tellement poussif que quand on croit ĂȘtre arrivĂ© Ă la fin, on est en rĂ©alitĂ© seulement Ă la moitiĂ© du film.
Benji (Brandon Camp, 2018, 1h27)
Netflix redonne vie au héros canin d'une franchise populaire dans les années 1970. Et le résultat ressemble exactement à ce que vous pouvez imaginer. Le gentil chien errant accueilli par deux enfants issus d'une famille brisée vient ensuite à leur secours quand ceux-ci sont en danger.
Fullmetal Alchemist (Fumihiko Sori, 2018, 2h14)
Pour qui n'est pas familier avec l'univers de ce manga japonais dont diffĂ©rentes adaptations sont dĂ©jĂ disponibles en version anime sur Netflix, l'entame de ce Fullmetal Alchemist version live action laisse lĂ©gĂšrement pantois. Une longue sĂ©quence d'action aux effets spĂ©ciaux rĂ©ussis s'ils ne s'intĂ©graient pas si mal avec les acteurs lance rapidement ce film dont on met beaucoup de temps Ă comprendre les enjeux. TrĂšs vite, les ruptures de rythme et de ton amĂšnent Ă dĂ©crocher un peu plus d'une Ćuvre dont on retiendra nĂ©anmoins le chouette personnage touchant du frĂšre rĂ©duit Ă n'ĂȘtre plus qu'une Ăąme habillĂ©e dans une armure de mĂ©tal.
The Cloverfield Paradox (Julius Onah, 2018, 1h42)
Si Netflix a rĂ©ussi un sacrĂ© coup en sortant par surprise sur sa plateforme The Cloverfield Paradox quelques heures seulement aprĂšs la diffusion de sa bande-annonce lors du Super-Bowl 2018, c'est avant tout marketing. Au risque d'un triste retour de bĂąton tant le troisiĂšme volet de la franchise Ă succĂšs tient du naufrage scĂ©naristique. Le long mĂ©trage signĂ© Julius Onah accumule un grand nombre des clichĂ©s vus dans les films de science-fiction de ces derniĂšres annĂ©es, Ă commencer par la celui de la quĂȘte spatiale comme rĂ©ponse au deuil. Drame intime, film de monstre, prequel de la saga, space opera sur fond de thĂ©orie scientifique Ă coups de choc multi-dimensionnel… The Cloverfield Paradox tire de nombreuses ficelles sans jamais rĂ©ussir Ă les connecter vraiment dans un mĂȘme Ă©lan, chaque piste annihilant la prĂ©cĂ©dente jusqu'Ă sombrer, le temps de quelques plans ou scĂšnes maladroites (le baby-foot, le bras...), dans le ridicule. Reste un casting international attachant qui, de Chris O'Dowd Ă Gugu Mbatha-Raw en passant par Roger Davies, maintient l'illusion le temps d'une longue exposition avant de laisser le film crouler sous ses paradoxes.
The Open House (Matt Angel et Suzanne Coote, 2018, 1h34)
Netflix assure le service aprĂšs-vente. Quelques mois aprĂšs le succĂšs fulgurant de la sĂ©rie Thirteen Reasons Why, revoilĂ l'acteur Dylan Minnette dans un film d'horreur cette fois. Le comĂ©dien joue un jeune homme traumatisĂ© par la mort de son pĂšre qui part quelques jours au vert avec sa mĂšre dans la maison isolĂ©e de sa tante. Pas forcĂ©ment la meilleure idĂ©e. Si la mise en scĂšne est soignĂ©e pour faire monter doucement l'angoisse, la maniĂšre dont le scĂ©nario travaille de maniĂšre abrupte sur de simples archĂ©types du genre plonge le spectateur dans un dĂ©sintĂ©rĂȘt croissant jusqu'Ă la chute. ThĂ©oriquement, le parti pris Ă©tait intĂ©ressant. ThĂ©oriquement seulement.
Naked (Michael Tiddes, 2017, 1h36)
Avec Marlon Wayans (Scary Movie) dans le rĂŽle principal, une comĂ©die qui lorgne sans vergogne vers Un jour sans fin autour de l'histoire d'un fiancĂ© qui revit en boucle la mĂȘme journĂ©e jusqu'Ă ĂȘtre fin prĂȘt pour son mariage. PassĂ©es quelques saillies amusantes dans le premier quart d'heure, ce dĂ©calquĂ© manque autant de la finesse que du charme de son modĂšle.
Le Dernier Jour de ma vie (Ry Russo-Yooung, 2017, 1h38)
Beaux hĂ©ros teenage, ancrage trĂšs contemporain (on y Ă©coute du Shamir et on mate les snaps des copines), boucle temporelle… Le Dernier Jour de ma vie, autour d'une adolescente forcĂ©e de revivre une drĂŽle de Saint-Valentin, vire presque Ă la caricature du film Original Netflix. La gentille leçon de morale sous-jacente n'aide pas non plus.
Joshua: Teenager vs. Superpower (Joe Piscatella, 2017, 1h19)
à Hong Kong, le combat d'un jeune activiste politique adolescent pas loin de faire trembler le pouvoir pro-chinois. La démocratie, c'est pour aujourd'hui ou pour demain?
Voir la bande-annonce
The Mars Generation (Michael Barnett, 2017, 1h37)
Ce plaidoyer geek pour une poursuite de la conquĂȘte spatiale est portĂ© par une telle bande de premiers de la classe qu'il en deviendrait presque contreproductif. La Nasa approuve.
Le Phare aux orques (Gerardo Olivares, 2017, 1h50)
Une comédie familiale pleine de bons sentiments, tournée dans un beau décor de Patagonie dans laquelle un orque vient aider un enfant autiste. Un hymne à la vie. Cute.
Handsome, une comédie policiÚre Netflix (Jeff Garlin, 2017, 1h21)
MalgrĂ© un lead assez peu charismatique –Jeff Garlin se met lui-mĂȘme en scĂšne ici–, cette comĂ©die policiĂšre Netflix peut se prĂ©valoir de quelques personnages secondaires et gags rigolos. C'est Ă la fois peu et dĂ©jĂ beaucoup.
Deidra & Laney Rob a Train (Sydney Freeland, 2017, 1h40)
Alors que leur mÚre est en prison, deux adolescentes se mettent à voler la marchandise de trains. La platitude du titre saisit assez bien la valeur de l'ensemble, qui se regarde sans réel plaisir.
Coin Heist (Emily Higgins, 2017, 1h37)
Cette comédie légÚre qui suit quatre lycéens bien décidés à sauver leur établissement de la faillite se joue de ressorts trÚs attendus. Les protagonistes n'en restent pas moins trÚs attachants.
La Filature (Renny Harlin, 2016, 1h30)
Gags et scÚnes d'action se disputent la vedette de cette comédie portée par le duo Jackie Chan-Johnny Knoxville quelque part entre la Russie et Macao autour d'une histoire à multiples rebondissements qui verra nos héros devenir alliés puis amis. Le vainqueur? Pas forcément le spectateur, non. Disons plutÎt l'action, mais vraiment à l'usure.
Les MĂ©moires d'un assassin international (Jeff Wadlow, 2016, 1h38)
Ăa commence avec espiĂšglerie façon Le Magnifique avec Belmondo, puis la grosse comĂ©die d'action vient doucement reprendre le dessus sur le dĂ©calage entre ce que l'on souhaiterait ĂȘtre et ce que l'on est. Dommage.
The Ivory Game (Kief Davidson & Richard Ladkani, 2016, 1h52)
L'Afrique, ses Ă©lĂ©phants sauvages, son douloureux trafic d'ivoire. Construit comme une enquĂȘte, ce documentaire culmine dans une scĂšne de camĂ©ra cachĂ©e en Chine oĂč l'appareil enregistreur est repĂ©rĂ© par ceux qui Ă©taient espionnĂ©s. Le reste devrait peu vous surprendre.
Mascots (Christopher Guest, 2016, 1h29)
Ce faux documentaire sur des mascottes sportives amenées à s'affronter dans un concours est à réserver aux amateurs d'humour absurde et pince-sans-rire. On est loin toutefois de l'hilarant niveau de malaise de The Office.
XOXO (Christopher Louie, 2016, 1h32)
Ce petit film hĂ©doniste sur de jeunes adultes se rendant Ă un festival de techno aux Ătats-Unis a l'ambition de faire vivre l'Ă©vĂ©nement de l'intĂ©rieur. RĂ©alisĂ© par un passionnĂ© Ă la vision trĂšs romancĂ©e, l'objet a la qualitĂ© de ses dĂ©fauts: un goĂ»t trĂšs prononcĂ© pour la lĂ©gĂšretĂ©.
Rebirth (Karl Mueller, 2016, 1h40)
Sorti sur Netflix le mĂȘme jour que le documentaire Tony Robbins, sur un sujet proche mais avec un point de vue beaucoup plus mordant, Rebirth tente de venir marcher sur les plates-bandes de David Fincher pĂ©riode The Game/Fight Club. Autant dire que la comparaison est peu flatteuse pour Karl Mueller.
The Do-Over (Steven Brill, 2016, 1h48)
Cette histoire de losers tentant de se faire passer pour morts, entre rebondissements poussifs et ersatz de scÚnes d'action, s'appuie sur un humour légÚrement grinçant et bas du front. Adam Sandler, cet ami qui vous veut beaucoup trop de bien.
Naman le brahmane (Qaushiq Mukherjee, 2016, 1h35)
Est-ce la barriĂšre culturelle? Cette comĂ©die indienne loufoque mĂȘlant quiz show et dĂ©bordements de testostĂ©rone m'a laissĂ© totalement pantois. Netflix tient-il lĂ son premier nanar? Ă rĂ©server aux plus curieux.
Pee-wee's Big Holiday (John Lee, 2016, 1h29)
Trente-et-un ans aprÚs le premier film de Tim Burton, revoilà le personnage loufoque toujours coincé quelque part entre son corps d'adulte et l'imaginaire de l'enfance. Est-ce moi qui ai vieilli? Le road trip vire ici à la farce un peu grotesque.
The Ridiculous 6 (Frank Coraci, 2015, 2h)
Honni comme une sorte d'incarnation du diable –il n'y a qu'Ă voir la violence des critiques sur Rotten Tomatoes–, le premier film Netflix d'Adam Sandler, un drĂŽle de western autour d'une histoire poussĂ©e de filiation, n'est pas la catastrophe annoncĂ©e. Il suscitera nĂ©anmoins difficilement plus que quelques sourires.
My Own Man (David Sampliner, 2015, 1h22)
Ce documentaire à la premiÚre personne s'attaque à la question de la filiation et de la virilité. Sur le point de devenir pÚre à 40 ans, David Sampliner s'interroge sur l'image de la masculinité qu'il renvoie et qu'il veut transmettre. Le face-à -face avec son pÚre reste assez touchant.
Virunga (Orlando von Einsiedel, 2014, 1h30)
Produit par Leonardo DiCaprio, ce documentaire engagé dénonce la corruption internationale qui pille les ressources de l'Afrique. L'ensemble est assez bavard. Les gorilles sont néanmoins trÚs mignons.
The Short Game (Josh Greenbaum, 2013, 1h40)
Ce documentaire sur un prestigieux tournoi de golf pour enfants suit plusieurs compétiteurs en herbe venus de différents pays, de leur préparation à l'annonce des résultats. Une réflexion sur les bienfaits et les limites de cette obsession pour la gagne.
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