E-commerce : Quel est le statut juridique le plus adapté pour son site ?
QUEL STATUT JURIDIQUE POUR UN E-COMMERCE OU UN SITE INTERNET ?
Aujourd’hui, le marchĂ© du e-commerce pĂšse plus de 100 milliards d’euros en France oĂč 82% des habitants font leurs achats en ligne. C’est pourquoi ce type de commerce sĂ©duit beaucoup de personnes. Cependant, pour lancer un site de e-commerce, il faut d’abord crĂ©er une entreprise et choisir un statut juridique. Ce choix ne se fait pas au hasard.
Trois possibilitĂ©s s’offrent Ă vous : sociĂ©tĂ©, entreprise individuelle ou autoentreprise. Quel est le meilleur statut juridique pour votre boutique en ligne ? Je vous propose de voir cela dans cet article.
CRĂER UNE STRUCTURE JURIDIQUE POUR SON E-COMMERCE
Le choix d’une structure juridique est une obligation, mais il n’est pas aisĂ© lorsqu’on ne s’y connaĂźt pas. Avant de choisir, vous devez d’abord vous poser quelques questions. S’agit-il d’une initiative individuelle ou d’un projet qui implique plusieurs personnes (associĂ©es) ? Si vous dĂ©cidez de vous lancer seul, vous pouvez crĂ©er soit une microentreprise (autoentreprise), soit une entreprise individuelle (EI ou EIRL). L’EURL est une forme juridique qui peut Ă©galement vous intĂ©resser si vous ĂȘtes seul. Par contre, si vous ĂȘtes Ă plusieurs, vous avez le choix entre deux types de sociĂ©tĂ©s commerciales : SARL et SAS.
Chaque type d’entreprise (sociĂ©tĂ©) a ses avantages et ses inconvĂ©nients. Vous devez donc prendre le temps de bien rĂ©flĂ©chir afin d’Ă©viter les mauvais choix et les situations inconfortables pour votre site internet ou votre business en ligne.
MICRO OU AUTOENTREPRISE, UN STATUT FINANCIER INTĂRESSANT
Ce statut juridique est trĂšs apprĂ©ciĂ© par les entrepreneurs en France. Selon l’INSEE, 45 % des entreprises recensĂ©es en 2018 dans l’Hexagone ont optĂ© pour le rĂ©gime de la microentreprise. Mais pourquoi l’autoentreprise sĂ©duit-elle autant ? Simplement parce qu’elle procure de nombreux avantages :
- Elle est facile Ă mettre en place ;
- Elle est flexible au niveau des charges sociales ;
- Elle est exonérée de la TVA ;
- Elle permet d’allĂ©ger les coĂ»ts de gestion administrative et comptable.
Les formalitĂ©s de crĂ©ation d’une microentreprise sont tellement allĂ©gĂ©es que tout le monde peut s’y mettre. On peut obtenir en quelques minutes son immatriculation en ligne. De plus, la procĂ©dure est gratuite. Si vous ne faites aucun chiffre d’affaires (CA), on ne vous prĂ©lĂšvera aucune charge sociale. Cela permet de limiter considĂ©rablement les risques en cas de problĂšmes financiers ou de faillite.
MĂȘme dans le cas oĂč vous touchez des revenus, les cotisations sociales sont assez faibles, soit 12,8 % de votre CA. Il n’y a pas de TVA Ă gĂ©rer si vous optez pour ce statut juridique. Vos produits seront donc moins chers que ceux des autres boutiques qui paient la TVA. Dans une microentreprise, le recours aux services d’un comptable n’est pas nĂ©cessaire. Au niveau administratif, vous devez simplement faire la dĂ©claration trimestrielle ou mensuelle de votre CA. La procĂ©dure se fait en ligne en quelques clics.
La facturation et la tenue d’un livre de recettes font Ă©galement partie de vos obligations.
Toutefois, l’autoentreprise a quelques limites. Vous ĂȘtes limitĂ© Ă un chiffre d’affaires annuel HT de 176 200 euros si vous voulez continuer Ă bĂ©nĂ©ficier des avantages susmentionnĂ©s. Au-delĂ de ce seuil, vous changez automatiquement de statut. Votre boutique en ligne devient alors une entreprise individuelle ou une sociĂ©tĂ© commerciale. Par ailleurs, la microentreprise est un projet que vous lancez et dĂ©veloppez seul. La loi n’autorise donc pas que vous intĂ©griez des associĂ©s plus tard.
De plus, vous ne pouvez pas rĂ©cupĂ©rer la TVA que vous payez TTC sur vos achats auprĂšs des fournisseurs. Cela peut ĂȘtre un handicap pour votre business en ligne. Enfin, vous n’avez pas la possibilitĂ© de dĂ©duire vos charges (achat de produits, conditionnement…) de votre CA afin de rĂ©duire vos impĂŽts. Or, le commerce en ligne peut gĂ©nĂ©rer d’Ă©normes dĂ©penses qui risquent de vous compliquer la vie. Ce statut peut donc ĂȘtre trĂšs intĂ©ressant dans certains cas, mais il ne le sera pas pour la majoritĂ© des e-commerces.
Pour information, la limite du CA passe de 176 200 euros Ă 72 600 euros si vous vendez des prestations de service en ligne.
ENTREPRISE INDIVIDUELLE : EI OU EIRL ?
Vous avez dĂ©cidĂ© d’opter pour une entreprise individuelle (EI) pour votre site e-commerce ? Sachez que ce statut juridique n’a pas de personnalitĂ© morale. C’est-Ă -dire que votre patrimoine personnel et votre patrimoine professionnel sont confondus.
Pour faire simple, si votre entreprise est endettĂ©e, votre patrimoine personnel peut ĂȘtre saisi par vos crĂ©anciers. Toutefois, la loi vous permet de protĂ©ger votre rĂ©sidence principale. Il suffit de faire une dĂ©claration d’insaisissabilitĂ© devant un notaire.
Il est Ă©galement possible de protĂ©ger les biens fonciers et non bĂątis avec la mĂȘme procĂ©dure administrative. Le document dresse une liste des biens fonciers que vous n’utilisez pas dans le cadre de votre business en ligne. Beaucoup de mes clients font l’erreur de ne pas se renseigner suffisamment avant de choisir ce statut juridique. Or, le manque d’informations dans ce genre de cas peut facilement vous mettre en difficultĂ©.
Quant Ă l’entreprise individuelle Ă responsabilitĂ© limitĂ©e (EIRL), elle est plus flexible que l’EI. Elle permet d’avoir deux patrimoines distincts. La loi vous autorise Ă sĂ©parer le patrimoine personnel du patrimoine professionnel. En cas de dettes de l’entreprise, votre patrimoine personnel ne peut en aucun cas ĂȘtre exposĂ© Ă d’Ă©ventuelles saisies. Il est donc protĂ©gĂ© sans que vous soyez obligĂ© d’Ă©tablir un document administratif.
Les formalitĂ©s de crĂ©ation d’une entreprise individuelle sont allĂ©gĂ©es, mais elles ne sont pas gratuites. Il faut payer environ 75 euros.
Dans ce statut juridique, l’entrepreneur :
- Est assujetti Ă la TVA ;
- Est assujetti Ă l’impĂŽt sur le revenu (IRPP) ;
- N’est pas limitĂ© par un seuil de chiffre d’affaires ;
- N’est pas tenu de s’offrir les services d’un comptable ;
- N’est pas obligĂ© de publier les comptes de l’entreprise ;
- N’est pas contraint d’apporter un capital de dĂ©part.
Il est donc nĂ©cessaire de facturer la TVA aux clients. En contrepartie, la loi vous autorise Ă dĂ©duire la TVA de vos achats professionnels. Vous devez comprendre que l’assujettissement Ă la TVA engendre des dĂ©penses supplĂ©mentaires qu’il ne faut en aucun cas nĂ©gliger. L’entrepreneur est assujetti Ă l’impĂŽt sur le revenu (IRPP). MĂȘme si vous ĂȘtes dĂ©ficitaire, vous devez donc rĂ©gler vos charges selon une assiette forfaitaire de base. En d’autres termes, les charges ne disparaissent pas mĂȘme si votre commerce en ligne ne gĂ©nĂšre pas encore de revenus.
Toutefois, dans ce statut juridique, vous n’avez pas la possibilitĂ© d’intĂ©grer des associĂ©s. Quant aux charges sociales, elles sont calculĂ©es Ă partir du bĂ©nĂ©fice rĂ©el gĂ©nĂ©rĂ© par votre activitĂ©, environ 46 % du chiffre d’affaires.
SARL, SAS, EURL : QUELLE SOCIĂTĂ COMMERCIALE POUR VOTRE BUSINESS EN LIGNE ?
Pour vendre vos produits en ligne, qu’il s’agisse de formations ou Ă travers un site e-commerce, vous pouvez aussi crĂ©er une sociĂ©tĂ© commerciale. Comme je l’ai Ă©voquĂ© plus haut, la sociĂ©tĂ© est la forme obligatoire lorsque deux ou plusieurs personnes se mettent ensemble pour lancer et dĂ©velopper un business en ligne. De plus, la sociĂ©tĂ© possĂšde une personnalitĂ© morale. Ce statut juridique permet Ă tous les entrepreneurs associĂ©s de protĂ©ger leur patrimoine.
Il y a donc une sĂ©paration bien distincte entre les patrimoines personnels et le patrimoine de la sociĂ©tĂ©. Autrement dit, les associĂ©s dirigeants ne sont responsables des dettes qu’Ă hauteur de leurs apports en capital dans la sociĂ©tĂ©.
De plus, si vous dĂ©cidez de vous lancer Ă plusieurs, sachez qu’il est facile de cĂ©der vos parts au cas oĂč des divergences surgissent plus tard. Cependant, la crĂ©ation d’une sociĂ©tĂ© demande une rĂ©elle implication, car les associĂ©s doivent faire face Ă des formalitĂ©s administratives et comptables assez complexes. Il faut donc :
- Rédiger les statuts de la société ;
- Nommer un dirigeant (président ou gérant) ;
- Publier un avis de crĂ©ation dans un journal d’annonces lĂ©gal ;
- Faire appel aux services d’un comptable ou d’un expert-comptable…
Pour la rĂ©daction des statuts, je recommande souvent de faire appel Ă un professionnel (avocat, notaire) afin d’avoir un document de qualitĂ©. De plus certains cabinets offrent la rĂ©daction des statuts, la rĂ©daction de l’annonce lĂ©gale, la demande ACCRE etc. Je n’ai par exemple rien payĂ© Ă ce niveau lĂ lorsque j’ai montĂ© ma SASU. Prenez le temps de vous renseigner, de demander conseils…
Pour la crĂ©ation de la sociĂ©tĂ©, vous avez donc le choix entre ces 3 formes : SARL (sociĂ©tĂ© Ă responsabilitĂ© limitĂ©e), SAS (SociĂ©tĂ© par actions simplifiĂ©e) et EURL (entreprise unipersonnelle Ă responsabilitĂ© limitĂ©e). Dans le secteur du e-commerce, 48 % des entrepreneurs optent pour le statut de SARL, contre 12 % pour la SAS. 15 % prĂ©fĂšrent le statut d’autoentrepreneur. Ces chiffres proviennent d’une enquĂȘte de e-Komerco auprĂšs d’un Ă©chantillon de 5 000 entreprises.
LA SARL, EST-ELLE IDĂALE POUR VOS PROJETS ?
La SARL est une forme sociĂ©tale trĂšs populaire en raison de ses caractĂ©ristiques intĂ©ressantes. Elle est assujettie Ă la TVA. Les bĂ©nĂ©fices, eux, sont soumis Ă l’impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s (IS), soit un taux de 15 Ă 30% selon le montant du chiffre d’affaires. Les montants des cotisations sociales ne sont pas fixes. Elles varient en fonction de la rĂ©munĂ©ration des associĂ©s. Si la rĂ©munĂ©ration est nulle, on applique une assiette forfaitaire de base.
Dans ce statut juridique, le gĂ©rant est considĂ©rĂ© comme travailleur non-salariĂ© (TNS). Ses revenus sont donc taxĂ©s Ă hauteur de 40 % en moyenne. Les formalitĂ©s de crĂ©ation d’une SARL sont Ă©galement complexes. En plus des dĂ©marches mentionnĂ©es plus haut, vous devez verser 500 euros pour les dĂ©penses administratives. Vous devez Ă©galement dĂ©bourser au moins 500 euros si vous sollicitez les services d’un prestataire comme un comptable ou un expert-comptable.
Enfin, chaque dirigeant doit faire un apport en capital, le montant minimum est de 1 euro. En somme, il est conseillĂ© d’avoir un bon chiffre d’affaires prĂ©visionnel et une activitĂ© rentable avant de se lancer dans la crĂ©ation d’une SARL.
LA SAS, DE PLUS EN PLUS Ă LA MODE
De rĂ©centes mesures de simplification ont entraĂźnĂ© un engouement autour de la SAS. Les dirigeants ne sont plus obligĂ©s de dĂ©signer un commissaire aux comptes. L’obligation d’un capital social minimum a Ă©galement Ă©tĂ© supprimĂ©e. Dans ce rĂ©gime juridique, le prĂ©sident est assimilĂ© salariĂ©. Il cotise donc comme un salariĂ© au rĂ©gime gĂ©nĂ©ral de la SĂ©curitĂ© sociale. Cela veut dire qu’il a droit au chĂŽmage, si nĂ©cessaire. Ses rĂ©munĂ©rations sont imposĂ©es au titre de l’IRPP.
Dans une SAS, la marge de libertĂ© est plus grande en ce qui concerne la rĂ©daction des statuts. Le prĂ©sident peut donc choisir de dĂ©finir comme il l’entend les relations entre les associĂ©s et les actionnaires. C’est lui qui dĂ©cide Ă©galement des conditions d’ouverture du capital dans le document. Enfin, les frais de crĂ©ation d’une SAS sont Ă©galement de 500 euros environ. Si vous souhaitez faire appel Ă des prestataires comme un comptable, vous devez Ă©galement prĂ©voir le budget qu’il faut.
QUID DE L’EURL ?
L’EURL est en rĂ©alitĂ© une SARL Ă un seul associĂ©. Ce statut juridique vous permet donc de crĂ©er une sociĂ©tĂ© seul(e). Je trouve que cette forme juridique reste trĂšs pratique en raison de sa souplesse. Par exemple, vous avez la possibilitĂ© de passer du statut d’EURL Ă celui de SARL. Il suffit de cĂ©der des parts sociales. Vous pouvez donc commencer seul et intĂ©grer plus tard des associĂ©s. Enfin, du fait de son statut de sociĂ©tĂ©, l’EURL jouit d’une meilleure rĂ©putation auprĂšs des banques qu’une entreprise individuelle (EI, EIRL).
AU FINAL, QUEL EST LE MEILLEUR STATUT POUR MON BUSINESS EN LIGNE ?
Souhaitez-vous entreprendre seul, sans prendre de risques ? Si vous ne prĂ©voyez pas un chiffre d’affaires important (moins de 170 000 euros), l’autoentreprise est la meilleure option. Cette forme juridique est simplifiĂ©e et moins coĂ»teuse. De plus, elle est idĂ©ale si votre business n’est qu’une activitĂ© secondaire. La microentreprise vous permettra de tester votre projet sans vous ruiner.
Quant Ă l’entreprise individuelle (EI ou EIRL), elle permet de se lancer seul, mais sans limitation de chiffre d’affaires. Vous avez Ă©galement une libertĂ© assez importante, puisque vous n’ĂȘtes pas tenu d’apporter un capital de dĂ©part. Toutefois, les charges sociales et fiscales ne sont pas nĂ©gligeables. Et vous ne pourrez pas intĂ©grer plus tard des associĂ©s.
La sociĂ©tĂ© est la forme juridique idĂ©ale si vous entreprenez Ă plusieurs. La SAS est plus flexible que la SARL. Il est Ă©galement possible de crĂ©er une sociĂ©tĂ© tout seul avec le statut EURL. Si, plus tard, votre business commence Ă gĂ©nĂ©rer des revenus importants, vous pouvez facilement passer au statut SARL. Par ailleurs, je suggĂšre toujours Ă mes clients de rĂ©diger un business plan e-commerce avant de se lancer dans l’aventure. Si vous avez besoin d’assistance dans ce sens, vous pouvez compter sur notre Ă©quipe pour vous accompagner. Nous aidons les entreprises Ă crĂ©er des business rentables sur internet, que ce soit pour la vente de formation en ligne ou des sites e-commerce.
Que retenir ? Avant de vendre en ligne, vous devez d’abord avoir un statut juridique. Il n’y a pas de statut juridique unique pour lancer son projet, il dĂ©pend toujours du contexte et de votre projet. Pour choisir la forme juridique qui vous convient, vous devez considĂ©rer plusieurs facteurs, dont le nombre d’entrepreneurs et les objectifs de croissance.
Josselin Leydier
Consultant SEO & Coach en performance digitale
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