Les principes pour progresser et BOOSTER en beatmaking . 2021

10 principes pour progresser en beatmaking - Composer en home studio




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Vous ĂȘtes vous dĂ©jĂ  demandĂ© ce qui fait qu’un producteur soit bon ou pas ?
Pour ma part, je me suis souvent demandĂ© comment rĂ©ussir Ă  progresser en beatmaking.
Quand je me suis mis Ă  la production musicale je ne savais pas oĂč commencer. 
J’avais envie de crĂ©er ma propre musique mais je n’avais aucune idĂ©e de l’Ă©tape 1.
J’Ă©tais perdu.
J’avais beau regarder des tutoriels sur Youtube et pourtant j’avais toujours l’impression de stagner.
Et j’ai fini par abandonner… pendant plusieurs mois.
J’avais perdu motivation et j’avais l’impression de tourner en rond.
J’ai tentĂ© de m’y remettre Ă  plusieurs reprises mais je ne tenais pas plus de trois semaines.
Puis un jour, j’ai fini par comprendre une chose : il me fallait un chemin Ă  suivre si je voulais progresser en beatmaking et devenir meilleur.
Et c’est lĂ , ou je me suis rendu compte qu’il me manquait une mĂ©thode et un Ă©tat d’esprit.
Pour trouver ce chemin je me suis intĂ©ressĂ© aux mĂ©thodes de travail de beaucoup de producteurs et artistes, d’une part.
D’autre part, j’ai essayĂ© de mieux comprendre ce qui marchait dans d’autres domaines et qui Ă©tait applicable en beatmaking.

Ainsi, j’ai identifiĂ© 10 principes que j’ai appliquĂ©s pendant un an qui m’ont permis de progresser en beatmaking.

Avoir une routine

Bloquez-vous un moment dans votre agenda, par exemple

Avoir une routine de crĂ©ation est essentielle si on veut progresser en beatmaking.
Chaque matin, la 1ere chose que je fais en me levant (aprĂšs le cafĂ©) c’est de me poser devant mon PC et lancer Ableton.
Chacun doit trouver la routine qui lui convient le mieux (certains préfÚrent le soir).
Cette idĂ©e vient de Stephen King qui chaque matin s’asseyait Ă  sa table pour Ă©crire quoi qu’il arrive.
Quand j’ai commencĂ© le beatmaking, je n’avais aucune routine de crĂ©ation.
Je composais de temps en temps quand l’inspiration venait.
Le problĂšme, c’est que parfois l’inspiration ne vient pas comme on le souhaiterait.
Ce qu’il faut comprendre c’est que comme un sport ou un instrument, plus on pratique plus on progresse.
Il est important de voir ça non pas comme une performance qu’on essaie d’accomplir mais comme un apprentissage
Et plus on pratique rĂ©guliĂšrement plus on se donne une chance de s’amĂ©liorer.

Terminer ses compositions

Finir ce qu’on commence aide aussi Ă  garder la motivation

On a vu qu’il est important de se crĂ©er des habitudes de crĂ©ations pour progresser en beatmaking.
Mais pour s’amĂ©liorer rĂ©ellement, il faut aussi terminer ses compositions.
En effet, beaucoup de beatmakers dĂ©butants commencent des productions qu’ils ne terminent jamais.
Et j’en fais clairement partie !
Pendant longtemps, c’est ce que j’ai fait.
Pour moi, il y a plusieurs raisons Ă  cela :

  • Le manque de connaissances en MAO
  • Je n’Ă©tais jamais satisfait de ce que je faisais (ça ne sonnait pas comme ce que j’Ă©coutais…)

Pour pallier le manque de connaissances j’ai appris comment faire une prod de A Ă  Z. Il existe plein de tutoriels sur le sujet gratuit ou payant.
Et pour ne plus me sentir frustrĂ© par ce que je produisais, j’ai fini par adopter une mentalitĂ© de progression.
La mentalitĂ© de progression, c’est un Ă©tat d’esprit oĂč l’on se focalise d’abord sur le processus plutĂŽt que sur le rĂ©sultat.
On cherche Ă  s’amĂ©liorer chaque jour en Ă©valuant ce qu’on a fait et en rĂ©pĂ©tant le processus crĂ©atif.
Mes attentes ne sont plus “Je dois faire le hit de demain” mais plutĂŽt “je vais faire mieux que ce que j’ai fait avant”.
Le but c’est de finir ses compositions et non pas de faire la prod parfaite.

Comprendre la théorie musicale

Comprendre les bases théoriques aide grandement

Un des principes essentiels Ă  suivre est de comprendre la thĂ©orie musicale.
Quand j’ai commencĂ© la MAO, pendant longtemps j’ai composĂ© sans avoir aucune notion thĂ©orique.
Et petit Ă  petit j’ai pu finir mes compositions. Alors pourquoi s’embĂȘter ?
C’est seulement lorsque je m’y suis intĂ©ressĂ© que j’ai compris Ă  quel point c’Ă©tait indispensable. (et je suis encore trĂšs loin d’avoir tout compris)
C’est comme apprendre une nouvelle langue. Il faut connaĂźtre des mots de vocabulaire et savoir faire des phrases.
Et comme l’a dit le producteur illMind : 

“La plupart des producteurs ne le font pas. Soyez au-dessus du reste. Prenez le temps d’apprendre la thĂ©orie musicale.”

Il n’est pas nĂ©cessaire d’y passer 5 ans.
Avoir de bonnes bases vous offrira dĂ©jĂ  beaucoup de possibilitĂ©s crĂ©atives.
Par exemple, comprendre les gammes, tonalitĂ©s et quelques suites d’accords sera utile notamment pour enrichir ses mĂ©lodies d’harmonies ou de contre mĂ©lodie.
Il existe des tonnes de vidĂ©os et livres sur le sujet. 

D’ailleurs dites-moi en commentaire, si vous souhaitez que je vous en fasse une sĂ©lection.

DĂ©velopper son oreille musicale

Notre capacitĂ© Ă  comprendre et apprĂ©cier ce qu’on entend est essentielle quand on est music producer.
PremiĂšrement, Ă©coutez beaucoup de musiques de genres diffĂ©rents et mĂȘme ceux qui ne vous attirent pas Ă  priori.
C’est un conseil que donne Dennis DeSantis dans son livre Making Music: 74 Creative Strategies for Electronic Music Producers (qui est d’ailleurs un livre que je recommande pour progresser en beatmaking).
Ça vous aidera Ă  comprendre ce qui marche aussi dans ces genres. 
Et qui c’est, peut-ĂȘtre que vous pourrez rĂ©cupĂ©rer des idĂ©es sur la façon dont les percussions ou les voix sont mixĂ©es par exemple.
DeuxiĂšmement, je vous conseille de faire des exercices de “Ear training” (entrainement de l’oreille en français ^^).
Grùce à cela vous reconnaitrez plus facilement des accords et mélodies.
J’utilise personnellement Ear Training qui est gratuit et trĂšs simple d’utilisation.
Par exemple, je pratique l’exercice des progressions d’accords et d’identification d’accords chaque jour.

Il existe d’autres sites comme par exemple, ToneGym qui a l’air plus complet (avec un systĂšme de points et de classement) mais qui est payant. 

MaĂźtriser l’Ă©quipement qu’on a

Maßtrisez ce que vous avez déjà

C’est vraiment top d’avoir du matĂ©riel de home studio de qualitĂ©.
Mais ça ne sert Ă  rien si on ne sait pas s’en servir.
Et pour savoir s’en servir il faut non seulement connaĂźtre son fonctionnement mais aussi pouvoir produire sa musique avec.
Le souci quand on dĂ©bute par exemple c’est qu’on doit apprendre Ă  crĂ©er :

  • Une mĂ©lodie
  • Un pattern de drums
  • Une ligne de basses
  • Faire un arrangement 
  • Et savoir mixer

On doit aussi apprendre à se servir de son séquenceur.
Si en plus, on se rajoute des Ă©quipements supplĂ©mentaires on peut vite s’y perdre.
Quand j’ai commencĂ© la MAO, j’ai fait cette erreur et j’ai perdu Ă©normĂ©ment de temps.
Je changeais de DAW et de contrĂŽleur MIDI tous les 4 matins.
J’avais l’impression d’avancer.
En rĂ©alitĂ©, je passais mon temps Ă  comparer des dĂ©tails entre des claviers maitres que je n’exploite pas rĂ©ellement.
Pendant ce temps, bien sûr je ne faisais pas beaucoup de musique.
Ça vaut aussi pour les plugins VST qui sont innombrables. 

Avoir de l’Ă©go

Avoir l’audace d’aller lĂ  oĂč on ne vous attend pas

Selon moi, pour devenir un artiste accompli il faut avoir un certain Ă©go (ou le dĂ©velopper).
En effet, diffuser sa musique demande de l’audace
On prend le risque de se faire critiquer sur notre musique voire sur nous-mĂȘmes.
Et ce n’est pas simple surtout quand on est par nature assez introvertie.
Mais pourtant c’est une Ă©tape importante Ă  passer pour oser aller au bout de ses idĂ©es. (Et ne pas Ă©couter la petite voix dans sa tĂȘte qui a tendance Ă  s’auto-critiquer)
En sortant ses musiques, on aura des retours dont certaines constructives qui nous permettent de progresser.
Et de toute façon, on aura toujours des critiques de gens pour juger ce qu’on fait et ce qu’on est.
Alors, pour garder son intĂ©gritĂ© artistique on doit savoir faire avec.

Aimer le processus créatif

C’est ici que vous allez passer des heures et des heures

Pour progresser en beatmaking, il faut aimer le processus crĂ©atif.
Ça peut paraitre Ă©vident mais c’est fondamental. Et ce n’est pas toujours le cas.
Parfois, on ne s’en rend pas compte mais on fait les choses sans trop se poser de questions.
On peut commencer la production et aimer ça dĂ©but puis Ă  force de rester dans les mĂȘmes routines on finit par ne plus vraiment apprĂ©cier ce qu’on fait.
Peut-ĂȘtre qu’on s’y est mis pour d’autres raisons : vouloir gagner de l’argent, avoir une certaine notoriĂ©tĂ© ou pour refaire les mĂȘmes prods de nos artistes prĂ©fĂ©rĂ©s.
Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises raisons mais selon moi, en ne voulant que ça on se focalise d’abord sur le rĂ©sultat et au lieu du processus.
Le problĂšme ici, c’est que vous serez vite dĂ©couragĂ© au moindre Ă©chec.

DĂ©velopper une culture artistique

Allez visiter un musée si ça vous plait

DĂ©velopper une culture artistique permet d’enrichir son art.
Mais comment on fait concrĂštement ?
Comme je l’ai dit dans le 4e principe, il s’agit d’Ă©couter diffĂ©rents genres de musique mais pas que.
En effet, dĂ©velopper sa culture c’est aussi s’intĂ©resser Ă  d’autres formes d’art comme le cinĂ©ma ou la danse par exemple.
J’ai donnĂ© ces deux exemples car elles interagissent beaucoup avec le son mais ça peut ĂȘtre aussi la peinture. 
Personnellement, je trouve que ça nourrit mon imaginaire et stimule mes sens. 
D’une maniĂšre ou d’une autre, cela m’amĂšne Ă  avoir des idĂ©es dans ma pratique.

Créer ses propres sonorités

Une onde sonore dans son habitat naturelle

S’il y a un bien quelque chose qui me fait gagner du temps lorsque je compose, ce sont bien les presets.
C’est gĂ©nial de pouvoir en quelques minutes avoir des sons tout prĂȘt Ă  l’emploi. Malheureusement, ça ne correspond pas toujours au son qu’on aimerait.
De plus, ça condamne forcĂ©ment Ă  utiliser les mĂȘmes sons que d’autres producteurs (si on prend le preset tel quel).
Ce n’est pas un problĂšme en soi mais Ă  un moment donnĂ© si on veut avoir sa propre identitĂ© sonore on doit pouvoir crĂ©er ses propres sonoritĂ©s.
Et ça permet de pouvoir de crĂ©er les sons qu’on a en tĂȘte.

Expérimenter

Sortez des sentiers battus

Le fait d’expĂ©rimenter permet de sortir de sa zone de confort en tentant des choses qu’on ne ferait pas autrement.
En se mettant une contrainte par exemple, on s’oblige Ă  prendre certains chemins qu’on n’a pas l’habitude de prendre.
Et à force de le faire, ça nous fait progresser car on se dépasse à chaque fois.
En se limitant par exemple, Ă  un seul plugin pour toutes ses parties mĂ©lodiques on devra faire preuve de crĂ©ativitĂ© pour rĂ©ussir Ă  avoir un rĂ©sultat satisfaisant.

Pour conclure, expĂ©rimenter le plus souvent possible permet d’Ă©largir ses horizons.

En bref

Pour finir, je dirais que tous ces principes sont importants mais que leur application dĂ©pendra du contexte et du niveau de chacun.
Personnellement, je ne les ai tous pas encore suivis mais je m’efforce de le faire pas Ă  pas.
A vous de trouver lesquels vous conviennent et dans quel ordre.






 panne d'inspiration ? 8 exemples pour booster sa crĂ©ativitĂ©

S'enfermer dans une cabane, enregistrer le bruit de ses fourchettes ou freestyler en livrant des pizzas : le confinement n'a jamais Ă©tĂ© un problĂšme pour les rappeurs.
Écrit par Genono
Temps de lecture estimĂ© : 9 minutesPubliĂ© le 
Face au confinement et aux difficultĂ©s Ă  rester productif en jogging Ă  la maison entre deux sĂ©ances de binge-watching, nombreux sont ceux qui perdent en motivation au fil des semaines. C’est le cas pour les travailleurs mais aussi pour les artistes, qui doivent se rĂ©adapter : plus de clips Ă  DubaĂŻ, de showcases Ă  Tourcoing, ou de nuits passĂ©es en studio. Loin de se laisser abattre, le monde du rap fourmille d’exemples qui nous prouvent que face Ă  l’adversitĂ© de l’enfermement, les moyens de booster sa crĂ©ativitĂ© existent. Et qu'il est mĂȘme possible de tourner les contraintes Ă  son avantage et de faire de la situation une pĂ©riode prolifique. Alors si vous vous sentez en panne d'inspiration, suivez ces exemples.

Faire participer son public

En 2016, Jul s’offrait sans trop de calcul un beau petit coup de comm’ en invitant ses fans Ă  rĂ©aliser un morceau avec lui en live sur Periscope. Du choix des Ă©lĂ©ments composant la prod Ă  l’Ă©criture du texte, le titre « En live du Periscope » lui avait permis de renforcer outre-mesure le lien avec sa fan-base. Quatre ans plus tard, YL a repris le mĂȘme type de concept en l’Ă©largissant Ă  une mixtape entiĂšre. DĂ©sireux d’offrir Ă  son public un disque qui rĂ©pondrait en tous points Ă  ses attentes, il a profitĂ© du confinement pour communiquer directement avec ses fans via ses rĂ©seaux sociaux.
Les « vaillants », surnom des supporters d’YL, ont ainsi choisi les morceaux qui allaient composer le tracklisting de la mixtape. Les extraits proposĂ©s par le rappeur ont Ă©tĂ© soumis Ă  un vote, pour ne conserver que les meilleurs, et les abonnĂ©s ont ensuite choisi le nom Ă  donner Ă  ces morceaux (piste 1 : Beretta ; piste 2 : Vaillante, etc). Une belle maniĂšre d’occuper le temps tout en rendant ludique la sortie de ce projet, d’autant que les fans ont aussi pu dĂ©signer le titre de la mixtape. Pas de surprise, celle-ci s’intitule donc « Vaillants ».

En prison ? En profiter pour Ă©crire ou enregistrer

Certains observateurs un brin impatients ont comparĂ© le confinement Ă  une peine de prison, oubliant sans doute que les conditions d’hygiĂšne et de sĂ©curitĂ©, le degrĂ© de libertĂ©, ou encore le confort, Ă©taient incomparables. Reste que certaines occupations sont idĂ©ales pour passer le temps quelles que soient les conditions d’enfermement, comme l’Ă©criture voire l’enregistrement d’un album. En France, l’enregistrement directement depuis la prison reste le fait d’initiatives exceptionnelles (comme la compilation « Shtar Academy » enregistrĂ©e par des dĂ©tenus en 2013), contrairement aux États-Unis, oĂč un rappeur comme Gucci Mane a publiĂ© plus d’une vingtaine de projets alors qu’il Ă©tait derriĂšre les barreaux.
L’Ă©criture reste en revanche l’une des activitĂ©s prĂ©fĂ©rĂ©es des rappeurs enfermĂ©s, on se souvient par exemple que Booba a Ă©crit une partie des textes de l’album « Mauvais Oeil » pendant sa peine, tout comme, plus rĂ©cemment, Kaaris et « Or Noir Part.3 ». Alibi Montana racontait le mois dernier Ă  l’Abcdr du Son les mĂ©thodes particuliĂšres d’Ă©criture en prison : « Je cantine des feuilles, des stylos et je me mets vraiment Ă  Ă©crire Ă  ce moment. Par pĂ©riode en prison, spĂ©cialement quand je vais au mitard, je suis obligĂ© d’Ă©crire de tĂȘte, et c’est quelque chose que je ne rĂ©ussirai jamais Ă  refaire dehors. »

Couper son bracelet Ă©lectronique pour aller enregistrer un album

En 2011, le rappeur quĂ©bĂ©cois Flawless Gretzky a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  6 ans de dĂ©tention pour vol, possession et usage d’arme Ă  feu. Sorti en conditionnelle cinq ans plus tard, il doit porter un bracelet Ă©lectronique mais viole rapidement les conditions de sa probation. Il ne peut par exemple pas entrer en contact avec des individus dĂ©jĂ  condamnĂ©s, ce qui ne l’empĂȘche pas d’enregistrer un featuring avec Maino, rappeur new-yorkais qui a notamment passĂ© dix ans en prison pour avoir enlevĂ© et dĂ©pouillĂ© un dealer. Retour derriĂšre les barreaux pour Flawless.
De nouveau libĂ©rĂ© en conditionnelle, Flawless Gretzky craque le soir de son anniversaire : ne sachant quoi rĂ©pondre aux autoritĂ©s carcĂ©rales qui lui demandent pourquoi son couvre-feu n’Ă©tait pas respectĂ©, il coupe son bracelet Ă©lectronique et part en cavale. EnfermĂ© en studio pendant deux mois (avant de retomber), il enregistre trois mixtapes, clippe six morceaux, et une bonne quantitĂ© de featurings. Comment justifier ça auprĂšs de la justice ? Le rappeur a rĂ©pondu : « Je voulais simplement terminer mes mixtapes et mes EP pour ĂȘtre certain que, lorsque je retourne en dedans, ma musique continue Ă  faire du bruit. »

Se confiner volontairement pour rester focus

Contrairement Ă  la majoritĂ© de la population, les rappeurs se confinent parfois volontairement pour se concentrer sur leur activitĂ© artistique. L’exemple le plus connu est celui de Jul et sa fameuse cabane de jardin, des conditions d’enregistrement Ă  l’opposĂ© de ce que l’on peut imaginer pour le plus gros vendeur de disques de l’histoire du rap français : « Avec des planches en bois, j’avais fait une table et j’avais installĂ© un ordinateur, a ainsi confiĂ© le rappeur Ă  Trax Magazine. Pour enregistrer j’appuyais sur REC et je devais courir jusqu’au micro ».
D’autres comme Alkpote ou 13 Block ont connu le mĂȘme type d’isolement lors de pĂ©riodes d’enregistrement. Stavo racontait ainsi celui de « BLO » l’an dernier chez Clique : « Tu peux pas bouger, tu peux pas voir quelqu’un. Tu te rĂ©veilles, y’a le studio, tu dors, y’a le studio ». Pas vraiment moyen de se changer les idĂ©es, donc, mĂȘme s’il est possible de combiner travail et plaisir : en 2015, Alkpote et le groupe Butter Bullets se sont confinĂ© en Franche-ComtĂ© pour l’enregistrement de l’album « TĂ©nĂ©breuse Musique », l’occasion pour eux d’enchainer raclettes et fondues entre deux sĂ©ances.

Panne d'ordi ? Enregistrer un album entier dans un Apple Store

Lorsque le sort s’acharne, il existe deux façons de rĂ©agir : se rĂ©signer et accepter son destin, ou repenser les choses comme personne n’avait osĂ© le faire avant, pour parvenir Ă  son but. Prince Harvey, rappeur new-yorkais, a optĂ© pour la deuxiĂšme solution quand, en 2015, son ordinateur puis son disque dur lĂąchent tour Ă  tour, le privant des sauvegardes de l’album qu’il est en train d’enregistrer. N’ayant pas les moyens de racheter le matĂ©riel nĂ©cessaire, il doit improviser, selon lui pour « ne pas mourir avant que le monde sache Ă  quel point je suis chaud ».
AidĂ© par deux employĂ©s de l’Apple Store de Soho Ă  New-York, il va alors rĂ©-enregistrer progressivement chacun de ses titres en plein magasin pendant seize longues semaines. Évidemment, il doit faire preuve d’une grande inventivitĂ© pour sauvegarder son travail : le contenu des ordinateurs Ă©tant effacĂ© automatiquement chaque jour Ă  minuit, il doit placer ses enregistrements dans la corbeille, seul emplacement sĂ»r. Prince Harvey perd tout de mĂȘme des donnĂ©es de temps Ă  autre, comme lors d’une alarme incendie dans la boutique : il est alors Ă©vacuĂ© par la maniĂšre forte alors qu’il tente de sauvegarder. L’album est finalement publiĂ© Ă  l’Ă©tĂ© 2015 sous le titre de « PHATASS », acronyme de « Prince Harvey At The Apple Store Soho ».

Utiliser les bruits du quotidien pour enrichir sa production

Le confinement est aussi l’occasion de revenir aux choses les plus simples et de se rendre compte que le moindre dĂ©tail du quotidien peut rĂ©vĂ©ler sa beautĂ©. Dans le monde du rap, cela se traduit par l’utilisation d’objets d’une grande banalitĂ©. On pense par exemple Ă  RilĂšs, qui a rĂ©cemment vu l’enregistrement-maison d’un titre perturbĂ© par un voisin un peu trop gĂ©nĂ©reux en coups de klaxon. PlutĂŽt que de s’en plaindre, le rappeur a suivi les suggestions de ses fans, qui l'invitaient Ă  transformer ce son plutĂŽt dĂ©sagrĂ©able en Ă©lĂ©ment instrumental. Le processus de crĂ©ation, visible dans le clip, nous prouve qu’un son trĂšs basique peut aboutir Ă  quelque chose de trĂšs diffĂ©rent.
MĂȘme type de cheminement pour Zek sur le premier Ă©pisode de « Capartenluxxxe » : alors que sa fille lui rappelle qu’il doit faire la vaisselle, il se saisit de trois fourchettes et les tape entre elles. Quelques heures plus tard, la prod est prĂȘte, et le rappeur essonnien dispose du support idĂ©al pour son retour aux affaires. La fin de la vidĂ©o le voit saisir un rasoir Ă©lectrique et remarquer le bruit de celui-ci, nous laissant peut-ĂȘtre un indice sur la suite de la sĂ©rie. L’inspiration tient parfois en peu de choses.

Obligé d'aller taffer, et alors ?

La belle fable de Moha la Squale, passĂ© par la case prison avant de devenir la premiĂšre Ă©gĂ©rie Lacoste issue du monde du rap, n’aurait peut-ĂȘtre jamais vu le jour sans un dĂ©tail assez inattendu. DĂ©cidĂ© Ă  se tenir Ă  carreau aprĂšs sa libĂ©ration, il se lance dans les dĂ©marches pour devenir auto-entrepreneur, et prend un job de livreur de pizzas. À l’origine, le boulot doit lui servir Ă  aider sa mĂšre et payer son inscription au Cours Florent, pour poursuivre son objectif de rĂ©ussir en tant que comĂ©dien.
Seulement, Moha passe la moitiĂ© de son temps Ă  parcourir les rues parisiennes en scooter pour accomplir des livraisons. Le temps est parfois long, et cachĂ© derriĂšre son casque, Ă©couteurs sur les oreilles, il se met Ă  freestyler entre deux feux rouges. S’il est un amateur occasionnel de rap, c’est pourtant loin d’ĂȘtre sa premiĂšre passion, d’autant qu’Ă  la maison il a plus entendu de la musique kabyle ou de la chanson française. Quoi qu’il en soit, ce petit passe-temps va rapidement changer le cours de sa vie, puisque moins d’un an s’Ă©coulera entre son premier freestyle postĂ© sur Facebook et son premier disque d’or.

Impossible de bouger ? Utiliser ses yeux

Face au confinement, certains parviennent Ă  maintenir une belle productivitĂ© et Ă  tirer profit de la situation, tandis que d’autres s’enfoncent dans la procrastination, le binge-watching et la dĂ©prime. Pour tous, l’espoir de sortir le plus vite possible de cet crise agit cependant comme un moteur, et un moyen de ne pas sombrer. D’autres n’ont pas eu autant de chance, et n’ont pas pour perspective la sortie du tunnel. C’est le cas de Pone, producteur du groupe marseillais la Fonky Family, atteint de la maladie de Charcot depuis 2015, et donc victime de paralysie progressive de l’ensemble de ses muscles.
EnfermĂ© dans son propre corps, Pone n’a cependant pas abandonnĂ© la production. Aujourd’hui, il se sert de ses yeux, l’une des seules parties qu’il arrive encore Ă  contrĂŽler parfaitement, pour composer au moyen d’un ordinateur. Non seulement il arrive Ă  ĂȘtre particuliĂšrement productif, mais en plus, il livre des productions d’une richesse assez exceptionnelle et d’un niveau gĂ©nĂ©ral impressionnant. Alors on relativise, on arrĂȘte de se plaindre et on se met au boulot !

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